L’inspecteur Ko Gun-su ignorait en renversant ce quidam perdu sur la route que la longue liste des emmerdes commençait son swing. Son service est sous le coup de la police des polices pour quelques petits détournements de fonds et extorsion dans la bonne vieille tradition mafieuse. Alors qu’il trimbale le cadavre de l’inconnu tout en se demandant comment s’en débarrasser, une suite d’actions qui s’enchainent comme des malfaisants le pousse à l’ignominie. Ce fils indigne planque le corps dans le cercueil de sa maman, commettant ainsi le crime parfait. Pas de cadavre, pas de témoin, reste son équipe qui doit faire profil bas.
A croire que la poisse lui colle aux basques comme une seconde peau, c’est son meilleur ami qui hérite de l’enquête sur un gangster à la petite semaine. Le morfalou n’est autre que le nouveau compagnon de sa mère ! Et ce n’est pas tout, voilà qu’un chef d’un autre service le prend pour punching-ball et lui réclame le macchabée. Cette fois ça ne sent pas bon du tout et la scoumoune s’acharne sur notre homme. D’autant que le nouveau venu ne ressemble plus à un méchant clébard ne lâchant pas sa proie. Le temps file à la vitesse d’un TGV et notre homme voit sa ligne de vie se rétrécir comme une peau de chagrin. S’il souhaite voir le nouveau lever de soleil, il devra inverser la malchance en un bon paquet de trèfles à quatre feuilles !
Deuxième film de Kim Seong-hun, il nous montre que le cinéma sud-coréen est encore maitre du polar et plein d’invention. La séquence de la morgue trouvera facilement sa place dans l’anthologie du genre. Au milieu, le film perd un peu de son originalité pour rejoindre les codes banals du genre. La fin vient rattraper cette baisse de tension par une surenchère dans une débauche finale. Nous rejoignons le cinéma d’arts martiaux de la grande époque avec son dernier duel qui n’en finit plus. Sur le même principe, le réalisateur confronte ses deux personnages à un dernier combat qui s’amuse du retour des morts, des méchants qui ne veulent pas lâcher la rampe. La fin est une bonne trouvaille, mais chut ! À vous de la découvrir. Sur le principe du film d’enchainement comme la chanson en dent de scie, Ko Gun-su (Lee Seon-gyoon) n’en finit plus de voir la valse des petites misères s’accumuler.
Une fois l’accident survenu, le film entraine ce dernier de rebondissement en rebondissement en multipliant, comme dans le bon temps du roman-feuilleton du siècle dernier, un coup de théâtre à chaque page. La mise en scène ne prend pas le temps de souffler et nous offre même quelques belles surprises, comme cette course poursuite filmée en plongée. Des plans surprenants et des mouvements énergiques accompagnent la partie technique maitrisée de l’ensemble. Park Chang-min (Jo Jin-woong), dans la seconde partie, entraine le film dans une allée plus sombre où l’humour est plus grinçant. Le film s’inscrit clairement dans un cinéma proche de l’univers du manga, de la BD avec ses moments granguignolesques, sa bouffonnerie au cordeau et quelques scènes échappées de cet univers comme le bloc de béton sur une voiture.
C’est ce qui lui permet d’emporter le spectateur dans sa folle journée sans le lâcher, tout en lui proposant de l’improbable qu’il achève de faire sien. Il nous prouve que le genre a encore des choses à nous dévoiler, peut nous surprendre sur un scénario assez mince. C’est bien le traitement de l’histoire qui fait la différence. À la manière du loup des dessins animés, notre héros n’en finit pas de courir et de démontrer que, dans la jungle des ripoux, il existe des prédateurs plus gros, à savourer comme une bonne farce ubuesque.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : 끝까지 간다
Titre international : A Hard Day
Titre français : Hard Day
Réalisation : Kim Seong-hoon
Scénario : Kim Seong-hoon ; Jang Hang-joon, Lee Hae-joon, Kwak Jeong-deok et Choi Kwan-yeong (adaptation)
Décors : Lee Mi-gyeong
Costumes : Go Hui-jeong
Photographie : Kim Tae-seong
Son : Lee In-gyoo
Montage : Kim Chang-joo
Musique : Mok Yeong-jin
Production : Cha Ji-hyeon et Jang Won-seok
Sociétés de production : AD406 et Dasepo Club
Sociétés de distribution : Showbox/Mediaplex (Corée du Sud) ; Bodega Films (France)
Pays d'origine : Corée du Sud
Langue originale : coréen
Format : couleur
Genre : drame policier
Durée : 111 minutes
Distribution
Lee Seon-gyoon : Go Geon-soo
Jo Jin-woong : Park Chang-min
Sin Jeong-geun : le commissaire
Jeong Man-sik : l'inspecteur Choi
Shin Dong-mi : la plus jeune sœur de Go Geon-soo
Kim Dong-yeong : l'inspecteur Do
Joo Seok-tae : l'inspecteur Nam
Park Bo-geom : Lee Jin-ho