La caméra les suit dans leur quotidien, constamment à leurs côtés, nerveuse comme le sont  les hommes qui risquent leurs vies à l'intérieur des réacteurs. C'est dans ce milieu que débarque Gary (Tahar Rahim) sans attache, déterminé à gagner sa vie.  Il intègre ce  groupe  de travailleurs, formé par Gilles (Olivier Gourmet).

La mise en scène et les dialogues rejoignent eux aussi l'aspect documentaire du film, les plans sont serrés sur les visages, les dialogues sont beaux et simples à la fois, se focalisant sur  le ressenti.

L'action se  déroule presque en huit clos : la caméra se baladant entre la centrale et ses alentours extérieurs où mangent, dorment et sortent les travailleurs. Contrastes permanents entre le béton des réacteurs et la nature avoisinante à la fois belle et dangereuse. Dangereuse, comme le personnage de Karole (Léa Seydoux) qui séduit le jeune Gary jusqu'à la rendre fou amoureux alors qu'elle se refuse à quitter son compagnon. Le parallèle est rapidement fait entre cette histoire d'amour empoisonnée par les doutes de Karole et les dangers de la centrale. Rebecca Zlotowski nous le signifie, peut-être même de façon trop appuyée par moment, mais cela fonctionne. Si le début du film prend son temps, la tension monte au fur et à mesure pour nous faire suivre les déboires de Gary et de ce groupe d'amis, marqués par leurs dures années de travail.

Deux choses encombrent néanmoins ce film intimiste et social : la bande sonore dont certains choix étonnent et nous font sortir de cette ambiance feutrée de la centrale et le mixage du son, fait au couteau et empêchant même parfois de rendre les dialogues intelligibles.

Sarah Lehu