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affiche Geronimo

Geronimo

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Un film de Tony Gatlif ,
Avec Céline Sallette, Rachid Yous, David Murgia ,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h44
France

En Bref

Geronimo c’est Gemma, l’éducatrice d’un quartier perdu dans le Sud. Elle tente, en trimbalant ses fantômes et ses blessures, de ramener les mômes sur la bonne route. Ils s’égarent sur les chemins de traverse, filent vers une liberté éphémère. Ils se perdent dans l’horizon d’une mariée courant vers l’oubli. Entre petits larcins et survie, ils tentent de se construire une identité brouillonne, à l’image de leurs ainés.

Geronimo c’est un Roméo et Juliette mâtiné de West Side Story. Nil, une jeune Turque de seize ans promise à un homme plus âgé, s’échappe pour rejoindre Lucky le beau Tzigane de la cité. Tous les deux s’enfuient dans une course folle à moto pour s’échouer dans un vieux hangar délabré. La tension monte. L’honneur, la parole, les vieilles traditions possèdent la peau aussi dure que le béton qui les emprisonne. Dans ce chaos, ce maelström où deux communautés rejetées s’affrontent Geronimo tente de faire entendre la voix de l’amour et de la raison. Le drame est peut-être trop grand, sa parole peut-être trop petite pour couvrir le feu qui gronde et enfle !


Le cinéma de Tony Gatlif ressemble à la danseuse tzigane pleine de fougue emportée par les pas qui résonnent sur le cercueil (voir le film). Les vêtements flottent dans la couleur du levant ou celle de la nuit où brillent les flammèches des âmes perdues. C’est à la fois une envolée vers l’horizon qui finit par se clouer au sol mise à terre par ses limites. L’ouverture ressemble à du Kusturica, une mariée court le long des murs gris de la cité ! Elle achève le vol de sa liberté, reprise dans les bras d’un gitan où la séquence perd sa force onirique pour rejoindre la réalité. C’est la force et la faiblesse du film, ces moments où il semble se dépasser pour trouver un souffle baroque, surréaliste échappant au monde des vivants. C’est la même chose quand le réalisateur se lance dans les combats de danse. Le refus de rentrer dans la danse leur enlève toute leur originalité et leur force…

Hélas la caméra oublie de suivre la vague folle, de se saouler du mouvement, de s’y noyer. Il utilise peu l’insert et le gros plan mais plus souvent des plans larges ou rapprochés. Nous n’entrons pas dans le cercle, nous restons spectateurs du drame et c’est dommage. Le film hésite, épouse plusieurs formes, documentaire, fiction, âme tzigane ou turque, il finit par s’oublier dans ses multiples chemins narratifs. Nous atteignons le summum dans la fin qui nous laisse un goût amer.  Il nous reste une impression de retenue, pas forcément de moyens, mais comme si nous suivions une piste pour l’abandonner, butiner, nous égarer dans les bas-côtés. C’est déroutant, mais cela donne une forme spécifique au cinéma de Gatlif. Il marque aussi les limites, nous passons de l’affrontement de ces deux communautés qui ont plus à partager qu’à se haïr.

Puis vient le tour de Geronimo, un personnage avec ses blessures, ses fractures, ses rêves, son désespoir que nous survolons. Pour finir sur les jeunes des cités face à ce carnage, ils ne comprennent plus rien au sens de la vie. De la même façon, le réalisateur gagnerait à suivre une trame plus proche de Roméo et Juliette version tzigane ou West Side Story. Nous aimons le traitement de la violence, il passe par les combats de danse ou les confrontations de Geronimoavec les adultes. Le thème du poids de la tradition et de son émancipation aurait mérité plus de développements. Il pèse sur les épaules des jeunes Turcs. Ils se raccrochent à ses branches, derniers souvenirs des anciens, du père mort, de la patrie lointaine.

Ils lancent l’honneur comme un dernier rempart avant d’oublier ce qu’ils étaient, d’où ils venaient. Il maque le regard des adultes, étrangement absent. Le temps se focalise sur le présent. Le passé et surtout l’avenir sont absents. Comme Romain Duris en son temps, Céline Sallette trouve un rôle à sa mesure, tremplin pour d’autres films à venir. Le réalisateur possède le don pour éveiller de jeunes talents. Geronimo n’est pas déplaisant si nous acceptons ses défauts et ses qualités.     

 Patrick Van Langhenhoven

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            •            Titre français : Geronimo

            •            Réalisation et scénario : Tony Gatlif

            •            Photographie : Patrick Ghiringhelli

            •            Pays d'origine : France

            •            Genre : Fiction, Drame

            •            Durée : 1h45

            •            Date de sortie : 2014

Distribution

            •            Céline Sallette: Geronimo

            •            Rachid Youcef : Fazil

            •            David Murgia : Lucky

            •            Sergi López

            •            Vincent Heneine