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affiche Gare du Nord

Gare du Nord

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Un film de Claire Simon,
Avec Nicole Garcia, Reda Kateb, François Damien, Monia Chokri ,

Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h 59
France

En Bref

A Paris, dans la gare du Nord, tout peut arriver, même des trains. On aimerait y rester, mais il faut se dépêcher... Comme des milliers de vies qui s’y croisent, Ismaël, Mathilde, Sacha et Joan vont s’y rencontrer, se retrouver au gré du hasard... Chaque jour, Ismaël est ébloui, fasciné, épuisé par ce lieu qu’il compare à un village et où il y mène des enquêtes de satisfactions auprès des usagers pour le compte de la RATP.

C’est sur le quai du RER qu’il voit Mathilde pour la première fois. Mathilde, elle, la traverse cette Gare du Nord tout d’abord par besoin, pour aller se faire soigner, ailleurs. Rapidement, ils tombent amoureux. Ils croisent également Sacha et Joan. Sacha est à la recherche de sa fille disparue, Joan de par son travail, passe sa vie dans cette gare entre Lille, Londres et Paris... Et puis toute une foule bigarrée, babélienne. La gare est comme une bulle que tous traversent, Français, immigrés, émigrés, voyageurs, fantômes...

C’est un carrefour où chaque vie passe vite et disparaît. Quelles sont ces vies qui y déambulent ou s’y pressent ? La réalisatrice Claire Simon s’attaque à une tâche audacieuse et semble vouloir relever un pari téméraire. Gare du Nord voudrait à la fois être un reflet sociologique, sociétal, en filmant comme un documentaire l’une des plus grandes gares d’Europe et dans un même temps le film essaie de raconter des morceaux choisis de vies, des personnages qui se voudraient comme emblématiques du lieu et de l’époque.


Le parti pris de la réalisatrice d’inscrire son long (trop long !) métrage dans le réalisme, voire l’hyper réalisme, alors qu’elle avait déjà réalisé un documentaire sur ce même sujet, Géographie humaine et présenté hors compétition en même temps que Gare du Nord au festival de Locarno, n’est pas des plus heureux ! … On se perd, à l’instar de la caméra, dans ce dédale grouillant et vide de sens… Claire Simon entremêle plusieurs destins, plusieurs vies et drames plus ou moins grands, sur une toile de fond ultra-réaliste.

Ce choix de multiplier les genres peut déconcerter les spectateurs, voire les agacer ou les décourager. Les petites histoires des différents protagonistes (qui soit dit en passant n’ont guère de valeur intrinsèque prises séparément et n’offrent que peu d’intérêt scénaristiques) laissent sans voix tant elles sont creuses. Il y a pourtant un joli clin d’œil offert à François Damien qui interprète ici Sacha, un auteur à succès de caméras cachées, mais qui pour l’heure se consacre à la recherche de sa fille disparue. Ces vies ne nous emballent pas, elles sont pétries de clichés : ainsi l’histoire de Joan (Monia Chokri), Bac plus huit, ancienne élève de Mathilde (Nicole Garcia), devenue agent immobilier écartelée entre son travail à Paris et Londres et sa vie de famille qui pour sa part vit à Lille. Bourrées de poncifs éculés sur la violence et les inégalités, qu’elles soient entre les sexes, les ethnies ou les origines sociales, et les chances de réussite inhérentes à celles-ci.

Pire encore est cette histoire d’amour que Claire Simon nous livre entre Mathilde et Ismaël (Reda Kateb). Grotesque d’invraisemblance, cette bluette : Ismaël d’un côté, thésard en sociologie de vingt-huit ans qui voit la Gare du Nord comme une place de village et en est une sorte de guide, et Mathilde (Nicole Garcia, cela n’enlève rien à son talent, a malgré tout près de soixante-dix ans…). Elle en tombe amoureuse, dit-elle, comme si elle avait quinze ans, et lui de qualifier cette femme (dixit) de « princesse ». Cela dés la première rencontre…On n’adhère pas du tout. Enfin, la dernière partie du film se noie dans un vague ésotérisme non assumé et parfaitement déroutant. Gare du Nord s’avère être un film ennuyeux au possible, brouillon, qui n’en finit pas et s’étale interminablement et inutilement jusqu’à nous amener à nous poser cette terrible, tragique question : « Mais quand va-t-il enfin se terminer ? »

Gregory Germanais

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