En Equilibre

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Un film de Denis Dercourt ,
Avec Albert Dupontel, Cécile de France, Marie Bäumer,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h30
France

En Bref

Marc, brillant cascadeur amoureux des chevaux, vient de tout perdre en quelques instants. Une cascade qui finit mal et le voilà handicapé à vie, cloué à son fauteuil roulant, sans espoir de remonter un jour sur un cheval. Florence croyait qu’elle ne pourrait jamais être une concertiste de piano suite à cet examen raté. Aujourd’hui, elle s’occupe d’assurances, de finaliser des contrats dans des cas graves. C’est en venant vérifier les travaux d’aménagement de la maison de Marc que leurs chemins se croisent.

Ils n’ont rien pour se rejoindre, tout pour s’éloigner, notamment cette affaire d’assurances qui traine. Marc prend son temps, lit entre les lignes. Elle, poussée par son patron, souhaite clore au plus vite le contrat et passer au client suivant. Elle ne croit plus en rien, n’aspire qu’à une petite vie tranquille où elle s’enferme chaque jour. Un mari, des enfants dont une fille qui s’essaye au piano. Il s’agit peut-être, à travers elle, de reprendre son rêve. Lui n’abandonnera pas son rêve de remonter à cheval malgré l’avis négatif de tous, et l’impossibilité physique dans son cas. Peu à peu les tensions entre l’assureur et Marc s’apaisent. Ils apprennent à mieux se connaître. La volonté de cet homme meurtri ravivera peut-être les rêves perdus de cette jeune femme ?

Le nouveau film de Denis Dercourt où la musique tient une place particulière ne s’inscrit pas dans la veine d’Intouchables, ni dans une romance amoureuse. C’est un récit sur la volonté, la force, pour reprendre en main une vie qui s’effrite entre vos doigts. L’intérêt se trouve dans le parcours que les personnages effectuent en commun pour finir par rattraper leur quête. Comment ne pas se noyer dans le flot de la vie, accepter les compromis, pour finir par ne plus être qu’une ombre. C’est sans doute ce que devient Florence, à force de refus, d’abandon. Elle ferme la porte à son rêve, le cadenasse pour une existence qui finit par lui peser.

C’est Marc qui lui sert de catalyseur, la pousse à se dépasser, à se reprendre en main. Forcément il existe un moment d’égarement, mais Denis Dercourt évite l’écueil et ne tombe pas dans le pathos et la romance à deux sous. Nous allons suivre le long chemin pour remonter la pente, sortir du trou où tout le monde enterre le cascadeur. Le film joue de l’antagonisme entre cette femme froide au départ, chignon et pantalon serré, l’ordre contre le chaos. La vie bien propre comme la société nous la souhaite, sans tache, sans faille. A l’inverse, le monde de Marc se découvre chaotique, en désordre. Le film tient sur la ligne d’équilibre, sur le fil de son histoire et sur le jeu entre les deux acteurs, excellents. Dupontel joue un personnage sobre, accroché à sa volonté de réussir là où tout le monde le donne mort.

C’est bien la vie contre la mort, s’enterrer dans un tombeau ou courir le long de la plage avec l’horizon infini. C’est la représentation d’un espace défini, carré, limité contre l’ouverture vers l’espace, les champs de blé, la plage et l’océan, le cheval galopant ! La musique donne le tempo sans alourdir le sujet en le surlignant juste ce qu’il faut pour lui apporter du relief. En équilibre parle à notre conscience, il nous rappelle combien la vie est un équilibre constant et que nos rêves, nos choix nous appartiennent. C’est à nous de les défendre, de les porter, de ne pas les abandonner sur le bord de la route. Ils ont un prix, celui de la liberté.

Patrick Van Langhenhoven