L'Empire est un cinéma en bord de mer à Margate, petite ville balnéaire de l'Angleterre à l'ère Thatcher. Hilary s'occupe de la gérance, dans une vie proche de la rupture. Elle se tient en marge des autres employés qui s'agitent avant l'ouverture. Son patron l'utilise comme un objet sexuel sans âme, sans jamais rien lui promettre. Elle tient la barre d'une existence qui, comme l'Empire, a connu des jours meilleurs. L'arrivée de Steven, un jeune Noir, bouleverse ce fragile équilibre. C'est la rencontre de deux vies blessées, fragiles, qui se reconnaissent. Hilary souffre de troubles bipolaires et s'enferme dans une solitude qui la protège. Steven est en butte à un groupe de skins racistes à l'heure Thatcher. Ensemble, Hilary et Steven trouveront le chemin de la guérison, de l'appartenance à un groupe et de l'espérance d'une autre vie. Il faudra que passe l'orage pour que, de nouveau, le ciel devienne bleu à l'horizon.
Tout se trouve dans la scène d'ouverture, un vieux bâtiment qui s'éclaire peu à peu et devient un lieu magique. Les employés semblent heureux de vivre mais à la marge, au bord du cercle, se tient une silhouette silencieuse. Hilary subit la vie. Pour son patron, elle n'est qu'un objet, à son médecin, elle se dit éteinte. Nous pensons forcément à American Beauty, Away We Go, Noces Rebelles, Les sentiers de la perdition. Toute la filmographie de Mendes et même, dans un certain sens, sa vision de James Bond, tous ses films possèdent le même lien, des âmes perdues au cœur de l'existence qui tentent d'en trouver le sens. Le cinéma devient un autre personnage, comme certains lieux magnifiés par le chef-opérateur Roger Deakins. C'est l'ambre doré à l'intérieur, la couleur de l'océan froid à l'extérieur, et le gris prenant des couleurs dans des pièces perdues du cinéma.
L'Empire devient un lieu à part avec ses films ouvrant des portes vers l'imaginaire, de multiples vies bien meilleures. Hilary n'a jamais vu un film, n'osant pénétrer dans le saint des saints, la salle. C'est un premier scénario avant American Beauty que lui proposera Steven Spielberg. Comme ce dernier à sa façon, pour cet homme de théâtre, c'est une déclaration d'amour au cinéma et un hommage à sa mère. C'est un monde à part qui sera rattrapé à la fin par la violence d'un monde qui change. Dans cet espace, à travers un pigeon blessé, métaphore des blessures plus profondes d'Hilary et Steven, ils finiront par trouver l'un dans l'autre le pouvoir de leur envol. C'est toute la route qui mène Hilary et Steven à s'affranchir de leurs blessures et accepter que le monde ne soit pas parfait.
C'est dans la douceur de ces salles à l'ambiance dorée que s'ébauche leur histoire. Une escapade à la mer marque le point central qui bascule dans cette époque violente. La dernière image est celle du départ, une fois que les personnages se sont affranchis au monde. Ils comprennent qu'il existe des espaces où on construit autre chose. C'est une allée d'arbres, peut-être le symbole de l'enracinement au monde. Le cinéma devient un baume, le dernier endroit pour ceux qui veulent s'évader, comme le dit le projectionniste. Pour incarner ces âmes particulières, Sam Mendes s'appuie sur une pléiade d'acteurs et d'actrices, avec en premier lieu Olivia Colman et Michael Ward, remarquables. La mise en scène est un petit bijou où chaque cadre éclaire le suivant dans une composition aérienne, portée par les embruns marins.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : Empire of Light
Réalisation et scénario : Sam Mendes
Musique : Trent Reznor et Atticus Ross
Décors : Mark Tildesley
Costumes : Alexandra Byrne
Photographie : Roger Deakins
Montage : Lee Smith
Production : Pippa Harris et Sam Mendes
Coproduction : Celia Duval et Lola Oliyide
Production déléguée : Michael Lerman et Julie Pastor
Sociétés de production : Neal Street Productions et Searchlight Pictures
Société de distribution : Searchlight Pictures
Pays de production : États-Unis, Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : drame, romance
Durée : 113 minutes
Dates de sortie : 1er mars 2023
Distribution Olivia Colman (VF : Brigitte Aubry) : Hilary Small
Micheal Ward : Stephen
Colin Firth : M. Ellis
Toby Jones : Norman
Tom Brooke : Neil
Tanya Moodie : Delia
Hannah Onslow : Janine
Crystal Clarke : Ruby
Monica Dolan : Rosemary Bates
Sara Stewart : Brenda
Ron Cook :M. Cooper