Florent-Emilio Siri s'est fait remarquer avec un film d’action efficace sortant des clous, Nid de guêpes. Il navigue entre les genres, de la comédie au film d’action en passant par le film de guerre. Il s’empare souvent des codes d’un genre pour les contourner comme dans Elyas. Il s’inspire de films aussi différents que Le château de l’araignée de Kurosawa (1957), Man on Fire Tony Scott (2004), Taxi Driver Scorsese (1976), Sergio Leone Il était une fois dans l’Ouest (1968) pour la scène d’ouverture, du cinéma Kung-fu des années 70 et du cinéma asiatique en général, John Woo, Park Chang-Wook, etc. C’est un mélange plutôt étonnant et détonnant, offrant à Roschdy Zem un rôle sur mesure, en relief. D’habitude, le héros entre rapidement dans l’action pour entamer une course folle qui s’achève au mot « Fin ». Elyas joue avec ces codes mais prend le temps de présenter son personnage, de lui donner des fractures profondes qui apportent un suspense supplémentaire au film.
Elyas est né de l’envie de Florent-Emilio Siri de travailler avec Roschdy Zem. C’est un acteur qui, de rôle en rôle, continue de nous surprendre par sa passion pour jouer, incarner et s’enrichir. C’est une silhouette sombre, hantée par des fantômes, un passé comme pour Elyas qui influence le présent. C’est sans doute ce qu’aiment les réalisateurs en lui. Il est aussi capable d'une certaine fantaisie, d’humour, ce qui lui donne une palette large pour endosser des personnages. Grâce à tout cela et le soin de la mise en scène de Florent-Emilio Siri, le film, dès la première image s’émancipe d'un genre suranné pour ouvrir d'autres portes. Les séquences d’action, incontournables, comme le palais building du prince, rappellent d'autres séquences mémorables, telle celle de John Wick dans Opération Dragon.
C’est toujours un parcours initiatique qui transforme les personnages, les amène à se dépasser pour abandonner leur noirceur, leurs démons. Ils passent souvent de l’ombre, la noirceur de l’âme à la lumière. Le passage se fait par Nour, une petite fille en rébellion, qui refuse le destin d’un mariage forcé à un puissant. Elle rejette au début cet homme silencieux mais qui voit bien, derrière les visages, la trahison. Le film évoque le jeu des nations prêtes à sacrifier les femmes, les hommes, par peur, par raison d’Etat, par profit. Elyas ne fait pas que sauver une mère et sa fille en danger, il refuse un monde auquel il a participé et qui l’a peut-être trahi, abandonné. Elyas, c’est d’abord le plaisir de ces films d’action de l’âge d’or, ballet de combats millimétrés et une seconde lecture, plus fine, sur le monde d’aujourd’hui.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre français : Elyas
Titre de travail : Fatum
Réalisation : Florent-Emilio Siri
Scénario : Nicolas Laquerriere et Florent-Emilio Siri
Musique : Jean-Pascal Beintus et Alexandre Desplat
Décors : Maamar Ech-Cheikh
Costumes : Mimi Lempicka
Photographie : Giovanni Fiore Coltellacci
Montage : Olivier Gajan
Production : Mathias Rubin, Thomas Berthon
Société de production : Récifilms
Distribution : Studiocanal (France)
Pays de production : France
Budget : 12,46 millions d'euros1
Format : couleurs
Genre : action
Date de sortie : 3 juillet 2024
Distribution Roschdy Zem : Elyas
Laëtitia Eïdo : Amina
Jeanne Michel : Nour
Dimitri Storoge : Yann
Frédéric Maranber : Brabus
Aguibou Ba : Noah
Leonid Glushchenko : Francis
Sherwan Haji : Jamal
Nabil Elouahabi : El Saïd