Richard et Kate avaient tout misé sur l’entreprise de ce dernier qui devait malgré leur séparation garantir à chacun une retraite dorée. Il suffit d’un mauvais coup du sort en revendant à un petit escroc français, jouant sur la cessation d’activité et gros bénéfice. Plus rien, envolés les rêves de tour du monde dans un voilier fendant l’océan, envolée la retraite dorée. De plus, les employés fidèles connaissent le même sort ainsi que leurs économies placées dans les actions de la boite. Kate et Richard reforment leur couple le temps de se rendre à Paris pour récupérer leur bien. Vincent, le nouveau proprio, ne semble pas vouloir leur rendre leur bien et les envoie sur les roses ou pleurnicher ailleurs. Ils ignorent que les deux petits vieux sont furax et bien décidés à regagner le pactole de toute une vie pour assurer les derniers beaux jours. Nous retrouvons donc notre couple fomentant un mauvais coup dans le sud où le beau gosse doit épouser une jolie damoiselle. Aidé d’un couple d’amis venus à la rescousse, notre quatuor de ténors devrait mettre un rien d’ambiance dans la noce. Sur des débuts prometteurs dans ses cinq premières minutes, le film finit par s’embourber dans son récit et devenir une comédie banale loin de ses sources d’inspiration.
Nous pensons au talentueux Blake Edwards et particulièrement à The Party avec Peter Sellers, maitre de la comédie absurde dans les années 60, 70 dont le style, mélange sentiments et burlesque, dans la lignée des grands comiques du muet ayant pris la parole. Nous pouvons voir aussi l’influence de Tati, de la comédie italienne. Peter Sellers en inspecteur Clouseau de La Panthère Rose demeure le meilleur exemple de cette légèreté non dénuée de mélancolie et d’autodérision. Le tout est souvent accompagné des violons et des cuivres d'Henri Mancini. Lui succèdera Mel Brooks, annonçant déjà les frères Zucker et la comédie un peu plus trash des Farelly et compagnie. C’est donc dans l’esprit du maitre de la farce moderne que souhaite s’inscrire Duo d’escrocs. Hélas, très vite les répliques et situations trouvent leurs limites et aboutissent à un film sans saveur où poignent des idées sabotées. Par exemple, la fin à la James Bond se rapproche plus de la comédie franchouillarde ratée. Jouée au premier degré, elle s’avère d'aucun effet et même passablement énervante, voir farfelue. Il fallait pousser le trait, jouer la parodie jusqu’au bout. La figure de Jerry, censé être un vieux baroudeur, méritait un meilleur traitement, tout comme le couple Pierce Brosnan et Emma Thompson. Au final, le tout manque de saveur et de répondant, jamais elle ne décolle dans celle du maitre, chaque mot, chaque situation vous amène au fou rire ! Laurent Lafitte dans un petit rôle n’apporte rien et ne donne pas d’étoffe à celui-ci. Louise Bourgoin est bien la seule qui se rapproche dans le lointain des personnages des comédies des années 60,70. Le film se veut sans doute une suite au succès de son second long-métrage Last chance for love (2009) où Emma Thompson et Dustin Hoffman trouvent enfin le grand amour en pleine crise du troisième âge. Le Britannique Joel Hopkins exploite à nouveau le filon. Hélas si le rythme est présent dans son fond, Duo d’escrocs se montre dépassé et regardable, mais sans intérêt.
Patrick Van Langhenhoven
Titre : Duo d’escrocs
Titre original : Love Punch
Réalisation : Joel Hopkins
Scénario : Joel Hopkins
Pays d'origine : Royaume-Uni
Musique : Jean-Michel Bernard
Supervision musicale : My Melody
Langue : anglais
Durée : 95 minutes
Pierce Brosnan (V. F. : Emmanuel Jacomy) : Richard
Emma Thompson (V. F. : Frédérique Tirmont) : Kate
Timothy Spall (V. F. : Vincent Grass) : Jerry
Tuppence Middleton : Sophie, la fille
Jack Wilkinson : Matt, le fils
Celia Imrie (V. F. : Marie-Martine) : Penelope
Marisa Berenson : Catherine, la gérante de l'hôtel
Louise Bourgoin (V. F. : elle-même) : Manon
Laurent Lafitte (V. F. : lui-même) : Vincent
Eleanor Matsuura : Michaela
Jordan Jones : l'amant de Michaela
Sabine Crossen : la femme Texane
Jean-Louis Barcelona : le garde saoul
Adam Byron (V. F. : Nathanel Alimi) : Tyler, le coloc