« Quand nos ressources sont limitées, la peur est tout ce qu’il nous reste »
Nous ne reviendrons pas sur l'histoire de Dune, sa naissance après la découverte des plus grandes dunes de sable côtières en Oregon. Il faudra attendre cinq ans avant que ne sorte de terre Dune de Frank Herbert, premier volume en 1965 aux Etats-Unis et 1970 en France. La saga compte six volumes, Dune 1965, Le Messie de Dune 1969, Les Enfants de Dune 1976, L'Empereur-Dieu de Dune 1981, Les Hérétiques de Dune 1984, La maison des mères 1985. Son fils, Brian Herbert, aidé par Kevin J. Anderson, publiera 16 autres volumes à partir de ses notes. Nous avons développé ces éléments dans notre article sur la première partie. Nous passerons aussi rapidement la thématique des jeux de pouvoir qui prend une ampleur particulière avec l'Empereur et les grandes maisons. N'oublions pas que l'impérium est issu du Jihad butlérien. Il y a plus de dix mille ans, les humains se libèrent du joug des machines pensantes et des robots intelligents. Depuis, toute forme d'intelligence artificielle est proscrite. C'est un univers qui s'invente de nouvelles technologies liées aux pouvoirs humains comme les Bene Gesserit. C'est un combat des ténèbres contre la lumière, de la dictature contre la liberté. L'univers Harkonnen est un monde noir de métal et de glace, sans âme. Les personnages errent dans des citadelles de nuit, portés par la violence et la cruauté gratuite, à l'image du plus sombre Feyd-Rautha. Dehors, le soleil brûlant éclaire les dunes de sable et les cités aux couleurs du soleil, quand l'aube pointe.
C'est dans ce jeu d'ombres et lumière que la caméra se faufile, rappelant les heures les plus sombres du vingtième siècle. Frank Herbert s'inspire des sept piliers de la sagesse et de la lutte dans le désert de Lawrence d'Arabie. Le destin de Paul Atréides n'est pas écrit dans le sable. Comme Lawrence d'Arabie, c'est à lui de l'écrire. La thématique de la destinée et des choix que nous faisons revient souvent comme un chœur antique avec l'autre thématique qui lui est liée, accepter son chemin de vie. Paul finit par accepter d'être le messie, au début pour porter sa vengeance. Il comprend qu'il ne peut échapper à quelque chose de plus grand, de cosmique, même s'il décide de la route. Un vent se lève. Il souffle sur le sable et porte l'espérance au cœur du tumulte des batailles. Le premier volet était un jeu de pouvoir à l'image des rois de la vieille Europe. Le second s'inspire de la tragédie antique avec ses familles chaotiques, ses héros glorieux et ses jeux de pouvoir, bien plus sombre, ancré dans la mythologie des éléments. Le métal répond à la pierre et au sable, les tempêtes de sable au ciel clair parsemé d'étoiles, l'eau à l'alchimie des corps meurtris du baron Vladimir Harkonnen. Denis Villeneuve construit un univers plus proche du vingtième siècle, moins baroque que celui de Lynch ou Jodorowsky.
La folie se dissimule en toile de fond pour exploser sous la lame de Feyd-Rautha. Les vieilles traditions se meurent et les trônes changent de main. Les femmes de l'ombre se diluent dans l'air chaud pendant qu'une révérende mère, Dame Jessica et son fœtus, œuvrent pour un renouveau. Tout est en place pour l'ultime affrontement qui vise à porter le djihad dans toutes les galaxies de l'Empire. Nous retrouvons dans ce deuxième volet les nombreuses thématiques de la saga. C'est l’écologie planétaire, la préservation de l'épice. C'est l’organisation politique et religieuse, les rivalités des maisons nobles et les organisations de l'Empire. C'est la remise en cause de l’intelligence artificielle, des machines et des robots. C'est le transhumanisme et les manipulations génétiques, le surhomme de demain. C'est enfin le mysticisme, le messianisme, la foi, le contrôle des religions. Dune soulève de nombreuses questions dont certaines réponses trouveront leur solution dans un troisième volet. Denis Villeneuve met en lumière une évidence bien plus que Star Wars, la première saga, l'étendard de la génération du baby-boom, des hippies et des babas cool. Dune était déjà visionnaire en 1965, bousculait la science-fiction et pourrait bien devenir, par ses thématiques, l'étendard de la génération du début du vingt et unième siècle.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : Dune: Part Two
Titre français : Dune, deuxième partie
Réalisation : Denis Villeneuve
Scénario : Jon Spaihts et Denis Villeneuve, avec la participation de Craig Mazin, d'après le roman Dune de Frank Herbert
Musique : Hans Zimmer
Direction artistique : Andrew Ackland-Snow, Tom Brown, Miklós Hatvani-Deàk, Adorjan Portik et Toldi Veronika
Décors : Patrice Vermette
Costumes : Jacqueline West
Photographie : Greig Fraser
Montage : Joe Walker
Production : Cale Boyter, Tanya Lapointe, Mary Parent et Denis Villeneuve
Coproduction : Jessica Derhammer
Effets spéciaux : DNEG
Sociétés de production : Legendary Pictures et Villeneuve Films ; Warner Bros. (coproduction)
Société de distribution : Warner Bros.
Pays de production : États-Unis, Canada
Langue originale : anglais
Budget : 190 millions de dollars
Format : couleur
Genres : science-fiction, action, aventure, drame
Durée : 166 minutes
Dates de sortie : 28 février 2024
Distribution Timothée Chalamet (VF : Gauthier Battoue) : Paul Atréides
Zendaya (VF : Victoria Grosbois) : Chani
Rebecca Ferguson (VF : Laura Blanc) : Dame Jessica
Josh Brolin (VF : Philippe Vincent) : Gurney Halleck
Javier Bardem (VF : Jérémie Covillault) : Stilgar
Dave Bautista (VF : Serge Biavan) : Glossu Rabban
Florence Pugh (VF : Kelly Marot) : la princesse Irulan Corrino
Stellan Skarsgård (VF : Gabriel Le Doze) : le baron Vladimir Harkonnen
Austin Butler (VF : Marc Arnaud) : Feyd-Rautha
Christopher Walken (VF : Jean-Pierre Leroux) : l'empereur Shaddam IV Corrino
Léa Seydoux (VF : elle-même) : Lady Margot Fenring
Souheila Yacoub (VF : elle-même) : Shishakli
Charlotte Rampling (VF : elle-même) : la révérende mère Gaius Helen Mohiam
Anya Taylor-Joy (VF : Lutèce Ragueneau) : Alia Atréides