De son vivant

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Un film de Emmanuelle Bercot ,
Avec Benoît Magimel, Catherine Deneuve, Gabriel Sara ,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h02
France

En Bref

C’est le rendez-vous du dernier espoir pour Benjamin, la sale maladie étend sa main sur son corps. Le crabe avance et la chimio semble l’ultime étape sur un petit salopard qui donne déjà la date de la dernière danse. Le Dr Sara n’est pas comme les autres mais il ne possède aucune baguette magique pour changer l’échéance du petit salopard. Benjamin doit faire avec. Il sait que cette fois-ci, le mensonge ne sera pas au rendez-vous. La vérité est incontournable dans la relation avec son patient pour le Dr Sara et ses méthodes particulières. Il est important de rendre les derniers jours plus faciles dans un accompagnement personnalisé. Benjamin, professeur de théâtre, abandonne à regret ses élèves pour le dernier tour de piste. C’est autant la douleur du malade que de ses proches qu’il faut accompagner à l’aube des derniers jours pour qu’ils puissent accepter l’ultime évidence. C’est un long chemin qui attend Benjamin et sa mère, Crystal. Il ne sera pas fait que de douleur, mais d’un dernier chant de la vie aux portes de sa sœur, la mort.

Si elle est longue, la route qui mène Benjamin et ses proches à la dernière porte, sur fond de douleur, se remplit des couleurs de la vie et d’une certaine espérance. Chaque instant se pare du présent pour que tous puissent au mieux profiter des mois, des jours, des minutes des secondes qui s’égrainent dans le sablier. C’est un accompagnement particulier, à la découverte des méthodes du Dr Gabriel Sara dans son propre rôle. Le film s’ouvre sur une évidence, celle de la dernière date de notre vie. C’est « de son vivant » que Benjamin prépare la sortie. Toute cette route prend une couleur plus claire par la parole vraie et l’acceptation de notre destin. Nous savons déjà, en poussant notre premier cri, qu’il en existe un dernier. Nous le repoussons au fond de notre inconscient, comme pour l’effacer, en espérant l’immortalité. Emmanuelle Bercot explore un nouveau fait de société, celui de la fin de vie et de son accompagnement.

Elle construit un cinéma particulier et humaniste, encore plus marqué depuis Elle s’en va. De son vivant porte plus d’espérance que de désespoir. C’est un voyage qui sublime la vie aux portes de la mort. Benjamin arrive apaisé en acceptant l’ultime date de son existence. De son vivant ne prend jamais une route de traverse compliquée, mais trace une ligne droite, marquant tous les passages importants. Une seconde histoire se greffe sur ce que nous laissons derrière nous, sur les oublis, les fautes à réparer afin de pouvoir partir sans crainte, l’âme apaisée. Tout fait écho à cette situation difficile, de la mère admirable Catherine Deneuve, la petite élève et son texte pour le concours, Cécile de France en infirmière plus impliquée. Benoît Magimel nous offre un personnage remarquable tout en profondeur. La mort étend son ombre et pourtant, autour, la vie continue. On peut aimer, rire, se perdre, ne plus croire en des lendemains qui chantent.

On laissera l’empreinte du bonheur pour que les vivants puissent guérir. La présence effleure le discours de fond, celle que laissera Benjamin, celle qu’il emporte ailleurs dans l’au-delà. De façon subtile, tout fait écho au thème central, les actes, les dialogues, nous rappellent l’importance du temps présent. De l’ici et maintenant comme nous le confirmait le Dr Gabriel Sara dans l’interview (à venir sur le site). La mise en scène devient intime, collant aux personnages, s’en éloignant dans un ballet des sentiments au plus juste. Elle glisse des métaphores et des symboliques comme cette scène, exercice de séparation au cours de théâtre. La jeune fille s’accroche à ce dernier amour qui s’enfuit de dos. Elle tombe, s’agrippe, lâche prise. Une larme coule. Elle se relève et la vie continue, même si la mort emporte cet amour si grand, si fort, si beau qui s’appelle la vie.

Patrick Van Langhenhoven