C’est le deuxième film de zombies en ouverture du Festival de Cannes après Jim Jarmush The Dead Don’t Die en 2019. Comme Romero dénonçait la société de consommation, Jim Jarmush dénonçait l’Amérique de Trump.
Un réalisateur accepte un projet de film de zombies. C’est un remake d’un film japonais qui devra conserver son intégralité. Les acteurs occidentaux se nommeront Natsumi, Higurashi, même si cela peut sembler bizarre à un public occidental. Le spectateur entre de plain-pied dans ce défi d’un plan-séquence d’une demi-heure. C’est un seul lieu pour ces zombies envahissant le tournage d’un film de zombies. « Il n’y a qu’un pas de la fiction à la réalité » dit le dicton. « Il faut se méfier de ce que tu vois » dit le vieux sage. Vous n’imaginez même pas où vous mettez les pieds. Tout est possible, même les plus folles idées. Alors, embarquez dans ce train à grande vitesse pour une heure cinquante de délire.
On ne peut guère dire plus sur Coupez, au risque de dévoiler une intrigue complexe pleine de rebondissements et de surprises. On ne sait jamais si l’on regarde un film dans le film, une parodie ou une fiction de zombies. C’est tout le talent de Michel Hazanavicius, aussi à l’aise avec l’univers des princesses (Le prince oublié), des agents secrets (OSS 117), qu’un couple vu comme un match de foot pour l’un de ses premiers scénarios (Delphine 1 – Yvan 0). Il ne faut pas oublier Ça détourne, des extraits de classiques détournés. Il aime le cinéma et ne manque jamais de lui rendre hommage comme dans Le redoutable, un regard sur les débuts de Godard, et Coupez ! Nous pensons à ces réalisateurs de série B, Z, souvent bricoleurs de génie, réagissant au quart de tour, comme Roger Corman ou Ed Wood.
Les zombies envahissent l’écran, mais c’est de cinéma que nous parle Michel Hazanavicius. C’est de la difficulté de faire un film quand les emmerdes pleuvent comme les grenouilles, que les acteurs jouent comme des quiches, développent un ego surdimensionné. Il s’est entouré d’une équipe d’acteurs excellents, Bérénice Béjo, Finnegan Oldfield, et Grégory Gadebois. Nous retrouvons le film dans le film qui finit par devenir le film. Ce sont les réalisateurs colériques, les actrices s’investissant jusqu’au bout (admirable Bérénice Bejo). L’acteur de talent plongé dans une série B et les pauvres techniciens qui doivent improviser presque à chaque plan.
Le tout se complique avec la réalisation d’un plan séquence d’une demi-heure en début et fin de film. Un scénario, c’est un rêve sur pellicule qui finit par échapper à son créateur et devenir un autre rêve. Il est parfois différent de celui du départ, vous diront certains scénaristes ne reconnaissant plus leur œuvre. L’équipe s’est mise dans les mêmes conditions, avec un budget moins conséquent. Romain Duris peut être vu comme le double de Michel Hazanavicius, avec la présence de Bérénice Bejo, sa femme et leurs deux filles. La première demi-heure est assez perturbante. Elle met le spectateur dans un état particulier. Il commence à comprendre quand les pièces du puzzle se mettent en place pour lui livrer la vérité, mais est-ce bien la réalité ?
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Coupez !
Titre de travail : Z (comme Z)
Titre international anglophone : Final Cut
Réalisation : Michel Hazanavicius
Scénario : Michel Hazanavicius, d'après le scénario original de Ne coupez pas ! de Shin'ichirō Ueda
Musique : Alexandre Desplat
Décors : Joan Le Boru
Costumes : Virginie Montel
Photographie : Jonathan Ricquebourg
Montage : Mickael Dumontier et Michel Hazanavicius
Production : Brahim Chioua, Michel Hazanavicius et Vincent Maraval
Sociétés de production : Getaway Films et La Classe Américaine ; avec la participation de ENBU Seminar, France 2 Cinéma et GAGA et le soutien de Sofica Sofitvcine
Société de distribution : La Pan Européenne (France)
Budget : 4 millions d’euros4
Pays de production : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genres : comédie horrifique, fantastique, film de zombies
Durée : 111 minutes
Dates de sortie : 17 mai 2022 (Festival de Cannes, film d'ouverture - hors compétition) ; France : 18 mai 2022
Distribution
Romain Duris : Rémi, le réalisateur
Matilda Lutz : Ava
Bérénice Bejo : Nadia
Luàna Bajrami : Johanna
Finnegan Oldfield : Raphaël
Grégory Gadebois : Philippe
Jean-Pascal Zadi : Fatih
Sébastien Chassagne : Armel
Charlie Dupont : Fredo
Lyes Salem : Mounir
Agnès Hurstel
Yumi Narita : Interprète
Yvon Martin : Gaby
Quentin Dupieux (caméo)