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affiche Chien blanc

Chien blanc

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Un film de Anaïs Barbeau-Lavalett,
Avec Denis Ménochet, Kacey Rohl, K.C. Collins,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h35
États-Unis

En Bref

« Le plus grand risque c’est d’aimer » Romain Gary.

Nous sommes en 1968, le monde est sous le choc. Martin Luther King vient d’être assassiné. La haine enflamme le pays et tue l’espérance d’un monde nouveau. Romain Gary recueille dans sa maison un chien perdu sans collier. L’animal s’avère dangereux, dressé pour tuer les Noirs. C’est un chien blanc. L’écrivain choisit une autre voie que celle de la mort. Il refuse d’euthanasier la bête. Il tente de redonner une âme à ce chien que les racistes ont transformé en tueur. Le chemin de la rédemption est long. Le chemin pour que meure la haine est encore plus long. C’est une manière pour Romain Gary de lutter contre cette fureur qui s’empare de l’Amérique.
Jean Seberg : « Il est raciste ton chien. Il faut l’abattre. »
Romain Gary : « Alors on tue tous les racistes et après, tous ceux qui ne pensent pas comme nous. »

Jean Seberg et Romain Gary s’engagent chacun à leur manière dans une lutte qui résonne encore aujourd’hui. Quant au chien, il porte dans sa rédemption le pouvoir de la victoire de l’humanisme sur la haine.


« A toutes les batailles perdues. A toutes les victoires futures » Romain Gary.

Anaïs Barbeau-Lavalett nous propose une nouvelle adaptation pertinente de Chien Blanc de Romain Gary. Elle choisit d’explorer de nombreuses pistes que soulève le roman à travers l’histoire de ce chien dressé pour tuer et poursuivre des Afro-Américains. Transformer le meilleur ami de l’homme en un tueur sanguinaire remonte presque à l’origine de l’esclavage en Amérique. Encore aujourd’hui, un ex-président appelait à son utilisation face aux émeutes. Cela interroge la nature du bien et du mal, notre nature profonde et renvoie à la nature qui nous entoure, dans certaines séquences, dans un jeu symbolique. L’autrice aborde aussi une autre question essentielle, la nature de la lutte contre le racisme. Romain Gary s’engage à sa façon, plus idéologique, utopiste, en sauvant le chien d’une condition le condamnant à mort. Jean Seberg s’implique à travers son milieu de Blancs aisés dans des collectes de fond et en participant à des manifestations.

Comment ces choix se répercutent sur le couple, comme la volonté de sauver le chien à tout prix de Gary. La mort de Martin Luther King ouvre le film qui s’achève par mai 68, un autre passage important de notre Histoire. Entre les deux, nous découvrons la lutte pour les Droits civiques, les Black Panthers, une bataille qui résonne encore aujourd’hui. Chien Blanc, par ses thématiques, reste un récit et une vision moderne de notre société, hélas encore d’actualité. Anaïs Barbeau-Lavalett donne plus de place que le roman au personnage de Jean Seberg, dans son parcours sincère de ne pas rester passive face au racisme. Elle ajoute le fils, l’enfant développant une autre question, celle de l’éducation et de la transmission. C’est une manière incontournable de sortir de cette spirale de haine, la seule capable de redonner au chien sa nature originelle et de nous apprendre l’humanisme et le respect de l’autre.

La réalisatrice choisit pour la forme un montage dynamique, mêlant le présent, des images d’archives surprenantes, des séquences fortes, comme la première et la dernière scènes. Le jeu des éclairages, du noir et blanc, nous rappelle ce combat de l’ombre et de la lumière pour devenir meilleur. C’est aussi une belle histoire d’amour au cœur de la bêtise humaine, comme le fait dire la réalisatrice à Romain Gary. Ils devront affronter une tempête dévastatrice tout en préservant leur couple. Anaïs Barbeau-Lavalett rajoute une part importante de tendresse pour compenser la violence des images et du propos. Denis Ménochet campe un Romain Gary impressionnant et très juste. Pour terminer, cette phrase de Romain Gary résume parfaitement le film « Il est moins grave de perdre que de se perdre. » 

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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  Titre original : Chien blanc
    Réalisation : Anaïs Barbeau-Lavalett
    Scénario : Valérie Beaugrand-Champagne et Anaïs Barbeau-Lavalette, d'après le roman Chien blanc de Romain Gary
    Musique : Mathieu Charbonneau, Ralph Joseph « Waahli », Christophe Lamarche Ledoux, Maxime Veilleux
    Conception artistique : Emmanuel Fréchette
    Photographie : Jonathan Decoste
    Production : Nicole Robert (Go Films).
    Pays de production :  Canada
    Langue originale : français
    Genre : drame
    Date de sortie : 22 mai 2024

Distribution
    Denis Ménochet : Romain Gary
    Kacey Rohl : Jean Seberg
    K.C. Collins (en) : Keys
    Peter James Bryant (en) : Red
    Jhaleil Swaby : Ballard Jones
    Chip Chuipka : Jack Carruthers
    Laurence Lemaire : Diego Gary
    Melissa Toussaint : Nicole
    Michaëna Benoit : Jamie
    Pascal Tshilambo : Karim
    Véronique Verhoeven : Celia

     Credit photo_Vivien Gaumand