Pierre, la quarantaine, s’est toujours tenu loin du brouhaha du monde. A la mort de ses parents, le garçon un peu naïf, se retrouve seul. Il apprend qu’ils ne sont pas ses géniteurs. Abandonné, ils ont recueilli le petit Pierre et élevé comme leur propre fils. Il est temps pour le garçon devenu adulte de se lancer dans une quête identitaire. C’est un choc quand il découvre la ville et la vie en général dans les recoins du quotidien. Tout devient émerveillement, du simple achat à la découverte des petits riens de chaque jour. Il hérite d’un appartement à Lyon, ce qui lui facilite la vie. Ailleurs, Anna Lorenzi, mère célibataire, cherche à récupérer la garde de sa fille Lise. Les routes de ces deux paumés du petit matin se télescopent pour le meilleur et pour le pire. Contre un petit coin pour dormir, Anna qui est sans logis, aidera Pierre à faire sa place dans la société et retrouver sa mère. La route est longue, scandée par la chanson de Luis Mariano « C’est magnifique ». Pierre embrasse le monde avec tendresse et beaucoup de promesses, c’est magnifique. Cela l’est moins pour Anna qui connait son côté sombre. Ils trouveront peut-être la lumière du petit matin, ensemble, solidaires. Et ce sera magnifique !
C’est le troisième long-métrage de Clovis Cornillac, en tant qu’acteur-réalisateur. Après « Un peu, beaucoup, aveuglément » et « Belle et Sébastien 3 », nous retrouvons son savoir-faire particulier entre onirisme et merveilleux. Il existe toujours un fond de folie dans les réalisations plus personnelles de l’auteur. Il aime placer ses personnages originaux et souvent perdus dans le champ chaotique du monde. C’est un inventeur de jeu spécial, et ici un adulte au don magnifique, confronté à la société bouillonnante. C’est toujours un chemin d’apprentissage, initiatique, semé d’embûches, qui les amène à se découvrir. « C’est magnifique » ne fait pas exception à cette règle. Pierre ne connait rien de la société qui s’agite en bas en quête d’une vie de néant. Il aime les fleurs, le chant des oiseaux et la lumière sur la montagne. C’est un peu un ermite, Zarathoustra descendant de sa montagne pour voir où en est le monde. Il doit apprendre les bonnes manières, la valeur des choses, sans perdre son âme pure.
Il croise non pas une pianiste, mais une mère perdue, en bataille pour retrouver sa fille. La figure de la mère court en toile de fond, celle que l’on cherche. C’est celle que l’on perd, celle qui nous cherche. Le merveilleux qui pointait déjà le bout de son nez dans son premier long-métrage prend ici toute sa force. Un petit rêve vient secouer nos habitudes. Quand il descend en ville, Pierre s’aperçoit qu’il n’existe pas pour nos institutions, sans-papier, sans existence aux yeux de l’Etat. Cela donne une belle fin magique d’une silhouette qui finit par se fondre dans le décor. Je ne vous en dis pas plus. Il faut donc, dans un premier temps, qu’il soit pour qu’on lui dise d’où il vient. Il est important de ne jamais perdre notre don à nous émerveiller et à rêver.
C’est un des messages du film, avec la solidarité. Anna est une jeune femme volontaire qui s’est perdue en cours de route. Le charme opère entre le Pierrot lunaire et la Colombine. Ils se complètent et peuvent affronter toutes les difficultés pour en ressortir meilleurs. C’est une mise en scène ambitieuse, fourmillant d’idées originales, avec un cadre magnifié, des décors sensibles, une lumière soignée et des acteurs en harmonie. Clovis Cornillac nourrit son histoire et sa mise en scène d’hommages au cinéma, Frank Capra en particulier, et quelques autres. Clovis Cornillac nous propose une comédie originale, confirmant son style personnel, loin des comédies standards.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : C'est magnifique !
Réalisation : Clovis Cornillac
Scénario : Lilou Fogli, Tristan Schulmann et Clovis Cornillac
Musique : Guillaume Roussel
Photographie : Thierry Pouget
Son : Dominique Lacour, Nicolas Dambroise, Cyril Holtz
Décors : Sébastian Birchler
Costumes : Marie-Laure Lasson
Montage : Reynald Bertrand
Production : Pierre Forette et Thierry Wong
Production associée : Baptiste Deville
Société de production : Cine Nomine
Sociétés de distribution : Orange Studio Distribution / UGC Distribution
Pays de production : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : comédie dramatique, fantastique
Durée : 98 minutes
Date de sortie : 27 août 2021 (Festival du film francophone d'Angoulême) 1er juin 2022
Distribution :
Clovis Cornillac : Pierre Feuillebois
Alice Pol : Anna Lorenzi
Manon Lemoine : Lise Lorenzi
Myriam Boyer : Félicie Fontaine
Gilles Privat : Daria
Alexandra Roth : Leslie
Lilou Fogli : Nathalie Rocher
Laurent Bateau : Marc Rocher
Anne Benoît : Héloïse Fontaine
André Penvern : Raymond
Boris Terral : Guillaume
Roger Cornillac : le patron du bistro