Frank est un père de famille souvent absent qui s’accroche encore à cette île où il échoue toujours à la fin. Jo, son frère, réapparait et s’occupe d’un bar à Gand, le Belgica. Ils finissent par s’associer pour transformer le troquet en un lieu où les musiques et les âmes perdues ou en quête d’un peu de chaleur sans aucune distinction trouveraient leur port. Frank se noie dans l’ambiance de fête nocturne, sexe, drogue alcool et rock n’roll. Jo, cyclope (il a perdu son œil) aux portes de l’enfance, est plus posé. Il cherche à construire une utopie libertaire. C’est à travers ces deux frères que nous découvrons, derrière les néons de la fête, tout un morceau de l’histoire des mentalités de notre société.
Le Belgica représente ce rêve où toutes les musiques trouveraient un lieu où s’échauffer, se confronter au public, laboratoire de création, avant- garde musicale. Il marque son époque de l’esprit d’après 68 avec cette liberté de pensée, d’être, qui s’envole, cherche ses marques et finit par trouver ses limites. De la même manière, il se veut ouvert à tous mais très vite, découvre qu’un service d’ordre devient nécessaire pour éviter les débordements. Jo trouve une petite, Marieke avec qui parcourir un bout de brousse. Frank mange la vie et se perd aux portes de la folie. Il en oublie sa famille pour se saouler dans le corps des femmes, de l’alcool et de la drogue. A la fin, Jo n’a pas d’autre choix que de lui dire non, l’aventure et l’époque auront changé, le monde tourne et oublie ses promesses utopiques.
Salué au festival de Sundance Belgica s’inscrit dans la quête du réalisateur après La merditude des choses, Alabama Monroe où déjà l’alcool, la marginalité, la musique et la douleur imprégnaient le récit. Il parle aussi de couple, de famille, d’espoir, d’utopie et de la Belgique. Le couple se retrouve à la fois dans la famille que tente de construire Frank, père aimant mais souvent absent. Plus que tromper sa femme dans les brumes du bar, c’est se noyer au chant des sirènes, emporté par son rêve, ne plus réfléchir, dans l’esprit des bacchanales qui, une fois l’an ouvraient les portes à la fête, célébrant la joie de vivre, faire la nique à la mort. Cercle qui commence au cœur de la famille, s’échappe pour se perdre dans celui de la nuit et finit par revenir. C’est bien elle qui gagne car elle ne cherche pas à lutter, laisse le voyageur parcourir sa route. Jo essaie de construire une île où retrouver la paix de l’âme quand la nuit s’éclate dans le cœur de la musique.
C’est avec Marieke qu’il ébauche cette cellule qui ne résistera pas aux flonflons du bal. Le couple se retrouve aussi à travers les deux frères et leur mère, soudés jusqu’à l’osmose. Au début, Frank rejoint le rêve de son petit frère pour le porter jusqu’aux étoiles. Jo a trop souffert de cette différence, de ce regard porté sur sa face de cyclope, borgne. De retour au pays, il imagine un lieu où toutes les âmes, sans distinction, trouveraient leur temple. Dans un premier temps, le Belgica est ouvert à tous sans aucun ostracisme. C’est la maison bleue du rêve hippie, lieu de passage et de rencontre. C’est d’abord la musique sous toutes ses expressions qui s’empare de l’espace comme un laboratoire d’où sortiront les grands groupes de la scène belge actuelle. Le Belgica s’inspire de l’histoire vraie du Charlatan, un bar que tenait le père du réalisateur et qu’il revendra à deux frères. L’utopie libertaire finira par se transformer en une banale boite de nuit.
Très vite ils se rendent compte « qu’ouvert à tous » possède ses limites. Dans un second temps, c’est tout un regard sur la société d’après 68 et ce rêve d’un monde où le bonheur, la liberté d’être ne serait pas entravés. Peu à peu, comme le café, les règles reprennent leur droit, installent leurs limites, étouffent l’idéal d’une société utopique. C’est un no man’s land du monde en général, mais plus particulièrement de la Belgique. Dans ce sens, les deux frères représentent, chacun à leur façon, l’esprit wallon pour Jo et flamand pour Frank. Il faut donc chercher derrière la fumée et les notes endiablées pour tirer le fil d’Ariane d’une histoire plus complexe. Celle de la vie qui affronte ses rêves pour ne pas les perdre, les vivre jusqu'à en mourir.
Patrick Van Langhenhoven
Réalisateur : Felix Van Groeningen
Scénariste : Felix Van Groeningen, Arne Sierens
Compositeur : Soulwax
Producteur : Dirk Impens
Coproducteur : Laurette Schillings, Arnold Heslenfeld, Frans van Gestel, Francis Boespflug, Stéphane Parthenay
Producteur associé : Hans Everaert, Alberte Gautot, Rudy Verzyck
Equipe technique
Directeur de la photographie : Ruben Impens
Chef monteur : Nico Leunen
Chef décorateur : Kurt Rigolle
Directeur de production : Johan Van Den Driessche
1er assistant réalisateur : Sofie Tusschans
Chef costumier : Ann Lauwerys
Ingénieur du son : Jan Deca
Perchman : Seppe van Groeningen
Mixage : Michel Schöpping
Coordinateur Post-Production : Griet Meukens
Effets spéciaux : Rick Wiessenhaan, Harrie Wiessenhaan
Assistant de production : Christoph Foque
Extras casting : Wannes Destoop
Chef coiffeur : Diana Dreesen
Chef maquilleur : Diana Dreesen
Accessoiriste : Jan Petitjean
Attachée de presse : Céline Petit
Sociétés Production : Menuet Producties
Production : Topkapi Films, Pyramide Productions
Coproduction : France 3 Cinéma
Distributeur France (Sortie en salle) : Pyramide Distribution
Distribution
Stef Aerts : Jo Cannoot
Tom Vermeir (nl) : Frank Cannoot
Stefaan De Winter : Ferre
Dominique Van Malder : Manu Dewaey
Ben Benaouisse : Momo
Boris Van Severen : Tim Coppens
Sara De Bosschere : Nikki
Charlotte Vandermeersch (nl) : Isabelle
Hélène De Vos : Marieke
Jean-Michel Balthazar : André
Bo De Bosschere : Wibo
Sam Louwyck : Rodrigo
Anjana Dierckx : Katrien
Hannes Reckelbus : Jan
Silvanous Saow : Rudy Rasta
Fouad Oulad Khlie : Mohammed
Arne Sierens (nl) : Frederic
Johan Heldenbergh : Bruno Schollaert
Nils De Caster : inspecteur Dewaele
Titus De Voogdt (nl) : inspecteur Van Beveren
Tom Ternest : Piet Symons
Willy Peeters : agent de sécurité instructeur
Ilse De Koe (nl) : infirmière à la maternité
Iris Van Cauwenbergh : Svetlana
Zinya Van Reeth : Brenda
Brit Van Hoof : Grietje
Greet Verstraete (nl) : Carole
Fathia Assoued : Yamila
Marijke Pinoy : Diane
An Vancutsem : Fiona
Ignace Paepe : camarade de classe Bouncer
Eric Kabongo : Rapper 1 (non crédité)