Le vide, sans limites, impression d’infini, là où se perd l’horizon, il se fond dans le bleu du ciel et de l’océan. L’homme, c’est peut-être nous, métaphore perdue dans l’immensité de nos fragiles existences, navigant au plaisir, solitaire. Le voilier heurte un container de chaussures de sport, il rappelle la civilisation qui vous ronge avec ses futiles désirs. La coque craque, s’ouvre, hurle, si on ne la colmate pas. Elle laissera l’infini remplir nos vides et nous emporter. L’eau, avide de combler les espaces, s’engouffrera pour couler le navire. L’homme continue sa route, un pansement de fortune sur le trou béant à la limite de la ligne de flottaison. Le calme du ciel, le clapotis de l’eau, l’entrave fendant les flots et d’un coup, le temps change, se couvre, s’assombrit. La tempête, comme une promise, souhaite sceller le mariage de l’homme et du temps en furie. Le navire subit la rage de l’océan, Poséidon s’énerve, les instruments électroniques se perdent dans les abysses. Le lien avec la civilisation se rompt, la solitude prend toute sa déraison. Un canot de sauvetage à la mer, un cargo immense frôle l’embarcation où l’homme tente de survivre, jusqu'où ? jusque quand ?
Après Margin Call, un huis-clos sur la dernière nuit avant le choc de Wall Street, il débouche déjà sur une fin inéluctable, la crise actuelle. J. C. Chandor nous offre une autre chute imparable, mais autant le premier jouait sur la parole, autant All Is Lost prend le silence comme témoin. Trois mots, même pas des phrases, pour le réalisateur l’important et toute l’énergie sont dans l’acte de survivre. Il n’existe pas de temps, pas de place pour le blabla. Le film s’apparente au genre survie comme 127 Heures, Seul au monde. À travers son unique acteur, Robert Redford, comment ne pas penser à Jeremiah Johnson.
Le vide, sans limites, impression d’infini, là où se perd l’horizon, il se fond dans le bleu du ciel et de l’océan. L’homme, c’est peut-être nous, métaphore perdue dans l’immensité de nos fragiles existences, navigant au plaisir, solitaire. Le voilier heurte un container de chaussures de sport, il rappelle la civilisation qui vous ronge avec ses futiles désirs. La coque craque, s’ouvre, hurle, si on ne la colmate pas. Elle laissera l’infini remplir nos vides et nous emporter. L’eau, avide de combler les espaces, s’engouffrera pour couler le navire. L’homme continue sa route, un pansement de fortune sur le trou béant à la limite de la ligne de flottaison. Le calme du ciel, le clapotis de l’eau, l’entrave fendant les flots et d’un coup, le temps change, se couvre, s’assombrit. La tempête, comme une promise, souhaite sceller le mariage de l’homme et du temps en furie. Le navire subit la rage de l’océan, Poséidon s’énerve, les instruments électroniques se perdent dans les abysses. Le lien avec la civilisation se rompt, la solitude prend toute sa déraison. Un canot de sauvetage à la mer, un cargo immense frôle l’embarcation où l’homme tente de survivre, jusqu'où ? jusque quand ?
Après Margin Call, un huis-clos sur la dernière nuit avant le choc de Wall Street, il débouche déjà sur une fin inéluctable, la crise actuelle. J. C. Chandor nous offre une autre chute imparable, mais autant le premier jouait sur la parole, autant All Is Lost prend le silence comme témoin. Trois mots, même pas des phrases, pour le réalisateur l’important et toute l’énergie sont dans l’acte de survivre. Il n’existe pas de temps, pas de place pour le blabla. Le film s’apparente au genre survie comme 127 Heures, Seul au monde. À travers son unique acteur, Robert Redford, comment ne pas penser à Jeremiah Johnson. Pendant presque deux heures, le spectateur se trouve emporté dans ce voilier qui se délabre et que rien ne peut sauver. C’est peut-être une métaphore de notre civilisation partant à vau- l’eau. Le container qu’il heurte est rempli de chaussures de sport d’une marque célèbre, comme si la futilité de notre société moderne le rattrapait, même dans sa volonté de la fuir. À un moment, la petite embarcation croise un grand cargo. Il devient invisible, comme nous, pour le reste du monde. Au milieu de l’océan, loin de toute côte, l’homme pourrait enfin se sentir seul et apaisé, libéré de cette folie des désirs humains, du toujours plus.
Même là, elle le rattrape et cause sa perte. Nous ne savons rien du navigateur, il ne possède pas de passé, juste un ici et maintenant, vivre à n’importe quel prix ! Il touche à l’essence de certaines pratiques philosophiques. Vivre le présent intensément, pas hier comme nous, à nous retourner sur notre passé, ni demain à extrapoler notre avenir. Nous en oublions le « ici et maintenant ». J. C. Chandor Nous dit : « Ce que j’espérais, c’est qu’en me débarrassant des dialogues et des techniques narratives traditionnelles, il pourrait se passer quelque chose dans la dernière partie du film, qu'après avoir vu le personnage évoluer, chaque spectateur pourrait devenir cet homme, qui devient tous les hommes. Et son voyage devient le vôtre. » C’est effectivement ce qui se passe. Nous devenons ou nous nous inventons chacun un personnage. Il devient nôtre, donc diffère pour chaque spectateur. Le film tient en grande partie sur la mise en scène, il joue sur le huis-clos, plans serrés sur le personnage, peu de fuite vers l’espace infini où la caméra, le regard, pourrait se perdre à jamais.
C’est peut-être le point faible, déjà souligné dans En solitaire, ce manque de regard sur l’espace marin. Tracer un parallèle sur sa petitesse dans l’univers, l’espace comme l’océan nous inscrit dans un rapport particulier à celui-ci. C’est compréhensible, la civilisation occidentale déteste la notion de « sans limites ». Il nous faut des murs où poser les mains des aveugles. D’une certaine manière, le film se rapproche de Gravity, la même idée de survie, d’espace sans fin autour de soi. Gravity était un voyage au cœur de l’histoire de la vie, All Is Lost s’inscrit plus dans le cheminement vers la mort. Est-ce pour en revenir à notre métaphore de la civilisation comme dans Margin Call, la fin de notre société ? Le réalisateur nous propose de revenir à l’instant présent vivre chaque jour comme si c’était le dernier. Il implique déjà une idée de demain. Je pencherais plus pour vivre chaque instant ici et maintenant. Pour finir, un mot sur la prestation exceptionnelle de Robert Redford. Nous croyons à cette histoire grâce à ses silences, ses gestes, ses regards, qui en disent plus long que bien des paroles…
Patrick Van Langhenhoven