C’est quoi une famille ? Qui suis-je en son sein ? C’est peut-être les questions que se pose Neige quand survient la mort du grand-père. Ce système planétaire humain tournait autour de lui, soleil éclairant le clan de sa bienveillance. La mort de l’aïeul bouscule les existences de tout un chacun, plus ou moins en profondeur. Cette vague ne laissera pas le rivage indemne, il ouvre des portes silencieuses, ravive des tensions contenues. Des filles du patriarche, femmes bibliques, aux petits-enfants comme Neige, tous se remettent en question. Comme si la fin d’un voyage nous poussait à nous questionner sur notre place au cœur de la famille et du monde. C’est ce voyage du cœur et de l’âme qu’entame la jeune Neige. Elle commence une quête identitaire au cœur de son ADN et de ses racines en Algérie. Comme toujours, le voyage rouvre des blessures anciennes, en accueille de nouvelles, ferme les boites aux illusions, règle les fractures et les peines. Enrichie de ce voyage, elle sera au bout de la route ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.
Maïwen se dit inspirée par son passage au cœur du cinéma de Claude Lelouch, Les Parisiens 2004, et Le courage d’aimer 2005. Nous retrouvons le même chant choral chez la réalisatrice, le même mélange alchimique, filmique du réel et de la fiction. Dans ADN, nous pensons au chœur antique autour de l’héroïne marquée par la famille et sa place en son sein. La mort du grand-père est l’occasion de remonter jusqu’à l’origine pour comprendre ce que nous sommes. C’est sans doute le film le plus abouti et le plus léger dans son tournage, rappelant ses premier pas de réalisatrice avec Pardonnez-moi. On imagine une histoire qui s’achève avec ADN, une porte ouverte vers l’avenir. Le prochain film nous dira si nous voyons juste ou pas. Le cinéma de Maïwen, comme ceux de Lelouch ou Brizé, cherche à s’approcher de la vérité.
Il imagine une caméra invisible saisissant l’instant présent. Un scénario léger et une liberté laissée aux acteurs donnent ce ton particulier. C’est souvent au cœur des histoires les plus simples que se dévoile la complexité de notre âme. C’est le cas pour ce film, cette quête identitaire bouscule les personnages, les met à nu. Des vérités, des blessures apparaissent pour se cicatriser, fuir le non-dit, prendre la parole. C’est le cas de la relation de Neige avec sa mère, remarquable Fanny Ardant. La mise en scène épouse la vie dans un kaléidoscope de séquences émouvantes. Chaque personnage trouve son temps de parole, sa place au sein d’un groupe soudé que la mort du grand-père pourrait faire éclater.
Il n’en est rien .Au-delà de la vie, il reste le liant et devient la guérison des non-dits, des oublis et permet d’avancer libre de ces chaines invisibles. Il se dégage une certaine magie d’ADN, la fiction, le personnel se perdent dans un discours plus universel. Chacun se retrouve dans la cohorte des personnages, des arrière-petits-fils aux filles du patriarche en passant par Neige. On remarquera l’absence des pères, partis comme celui de Neige, refusant de donner son ADN. C’est un moment assez symbolique, comme un refus de reconnaître l’autre. C’est une symphonie à la vie que nous offre la réalisatrice dans cet ensemble choral nous rapprochant du vrai universel.
Patrick Van Langhenhoven
Titre français : ADN
Réalisation : Maïwenn
Scénario : Maïwenn et Mathieu Demy
Photographie : Sylvestre Dedise
Montage : Laure Gardette
Musique : Stephen Warbeck
Production : Why Not Productions
Distribution : Le Pacte
Pays d'origine : Drapeau de la France France, Drapeau de l'Algérie Algérie
Format : Couleurs - 35 mm
Genre : drame familial
Durée : 90 minutes
Dates de sortie : 6 septembre 2020 (festival du cinéma américain de Deauville 2020), 28 octobre 2020
Distribution
Maïwenn : Neige
Fanny Ardant : Caroline, la mère de Neige
Louis Garrel : François, l'ami de Neige
Marine Vacth : Lilah, la sœur de Neige
Dylan Robert : Kevin, le neveu de Neige
Caroline Chaniolleau : Françoise, la tante de Neige
Alain Françon : Pierre, le père de Neige
Florent Lacger : Ali, le grand-frère de Neige
Henri-Noël Tabary : Matteo, le second frère de Neige
Omar Marwan : Emir, le grand-père