The Wall

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Un film de Doug Liman ,
Avec Aaron Taylor-Johnson, John Cena, Laith Nakli,

Genre : Guerre
Durée : 1h30
États-Unis

En Bref

La chaleur est torride, le silence brisé par le vent venu du désert secoue ce qui reste de ces lieux morts. C’est un pipeline transformé en cimetière par sniper embusqué dans l’ombre du désert. Deux soldats surveillent le site de construction, appelés en renfort. Deux rois face à face dans une partie d’échecs où se joue la haine, la vengeance d’un côté et la délivrance d’un pays soumis de l’autre. C’est comme ces deux sabres entrecroisés dans un combat de Kendo où le premier à bouger est celui qui perd. Un des soldats descend pour vérifier si personne ne pousse encore un soupir d’espérance. Une balle fend la chaleur, emporte les particules du sable soulevé par le vent et frappe ! A terre, le sergent-chef Shane Matthews attend la mort qui ne vient pas et force le sergent Allen Isaac à quitter sa place. Mort de la reine, tour en échec, la partie commence mal. Isaac finit par se retrouver coincé derrière un mur avec son ennemi de l’ombre, invisible. C’est le premier qui bougera qui marquera l’échec et mat. Il est important pour le sergent de trouver rapidement la position du sniper et de sauver la mise.

Une fois de plus, l’adage qu’il suffit d’une histoire simple pour faire un bon film se vérifie. Doug Liman revient depuis un certain temps à des projets plus osés et jugés parfois impossibles comme Edge Of Tomorrow. The Wall appartient à la black list qui recense les scénarios en vogue mais pas encore produits par un studio. C’est en construisant son récit comme une partie d’échecs, avec pour axe principal la tension entre les deux hommes, qu’il nous touche. C’est une histoire épurée à l’extrême où ne subsiste qu’un décor, huis-clos au cœur de l’infini du désert. Très vite la partie se résume à un mourant que le sniper épargne pour des raisons stratégiques et un soldat coincé derrière son mur. Il entame un bras de fer moral avec le tireur pour tenter de débusquer sa position.

Ils engagent une réflexion sur la guerre et ses dommages collatéraux, la violence, la mort et forcément le prix de la vie. Chacun défend ses positions, souvent naïves pour le soldat américain prisonnier d’un discours de propagande simpliste. Face à lui, le tueur se sert d’arguments qui peuvent apparaître plus comme des prétextes à semer la mort. Il représenterait donc le dieu de la mort plongé dans les ordures du monde (voir le film pour l’allusion) et le soldat, le gardien du vivant. Le mur devient donc la métaphore de cette incompréhension qui divise les deux hommes et les éloigne aux sens propre et figuré.

C’est dans les dialogues que le film trouve toute sa pertinence et son absurdité. Le trésor, le pétrole devient illusoire presque un mirage pour deux vies suspendues à un tir. C’est la complexité opposant les intérêts financiers majeurs et la vie, l’argent contre l’individu. C’est une magnifique performance d’acteurs entre d’Aaron Taylor-Johnson et la voix de Laith Nakl qui arrive à faire passer toute la perversion de la situation. Doug Liman déconstruit les règles du genre pour en proposer de nouvelles moins spectaculaires, mais plus proches du roman noir que du film de guerre commun. La fin est une bonne surprise en disant beaucoup sur cette situation qui ne semble jamais avoir de fin.

Patrick Van Langhenhoven