Vincent est un homme ordinaire bien installé au sein de son entreprise et de sa petite vie. Il ne comprend pas comment le jeune stagiaire, qu'il a rabaissé un peu avant, lui explose la tête à coups de portable. C'est toujours le trou noir quand cinq minutes plus tard, le comptable tente de lui transpercer la main à coups de stylo. Vincent n'a plus de chance et sa petite vie tranquille part en vrille. Ces gestes de haine à son encontre se multiplient comme les pains du Christ. Tout le monde veut la peau de ce pauvre Vincent. Il ne lui reste plus que l'isolement dans la maison de campagne familiale pour tenter de comprendre. Peu à peu, il découvre qu'il n'est pas le seul dans cette situation. Et pourtant, même Margaux la petite serveuse, dans le même bateau que lui, Margaux qui semble ne pas lui déplaire, finit par lui taper dessus. Si les petites amoureuses s'en mêlent, on se demande où on va. La situation envahit toute la société, ne laissant aucun lieu à l'abri de cette vague de violences. Comment Vincent et Margaux se sortiront-ils de cette impasse ? C'est là tout le mystère.
Après Acide et le Règne animal, Vincent ne veut pas mourir bouscule les codes du genre pour une parabole, dystopie sur la violence. Le film emprunte aussi bien les chemins du fantastique que ceux de la romance, du film social mais aussi survivaliste et absurde. C'est une dénonciation de la violence gratuite au cœur d'une société et de sa montée en puissance. En seconde lecture, on peut voir une réflexion sur son histoire. Elle commence entre deux individus pour finir par gagner le groupe et donner naissance aux guerres. C’est la fuite en avant d'un homme quittant le monde social pour rejoindre la marge. Vincent est un personnage sans histoire dans une vie normale, comme la majorité d'entre nous. Il se transforme peu à peu, devant l'urgence de survivre face à cette vague qui veut sa peau.
Karim Leklou est l'acteur idéal pour incarner ce héros ordinaire. Il est capable d'une certaine douceur et d'une violence extrême. Vincent subit toute cette haine, au début, avant de basculer à son tour, pour sa propre survie, dans les filets de la violence. Est-ce que la société n'est pas condamnée à ne régler ses comptes que par les coups et non par la parole ? C'est ce que semble nous dire l'actualité. Il suffit d'être deux, même avec l'amour pour rempart, pour que se dessinent une victime et un agresseur. Cette violence gratuite n'est pas que dans les films, chez les tueurs en série, elle se niche même au cœur des hommes et des femmes quelconques. Dans leur fuite, Vincent et Margaux devront réinventer une nouvelle humanité, le plus loin possible de cette folie.
Vimala Pons apporte à son rôle toute la fraicheur et la force d'une fille qui est loin d'être passive. C'est une grande actrice qui nous dévoile une nouvelle facette de son talent. Le mélange des genres renforce le récit en lui donnant plus de consistance et un ancrage dans le réel perturbant. Les séquences se succèdent dans une montée en puissance pour un coup de théâtre final. Le film repose à la fois sur ses scènes anxiogènes, explosives, tendres et ses acteurs passant par plusieurs variations de sentiments. Vincent ne doit pas mourir est la promesse d'une nouvelle génération de réalisateurs, capables de nous emporter au cœur du pire et du meilleur, dévoilant les failles et blessures de notre humanité.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : Vincent doit mourir
Réalisation : Stéphan Castang
Scénario : Stéphan Castang et Mathieu Naert
Musique : John Kaced
Décors : Samuel Charbonnot
Costumes : Charlotte Richard
Photographie : Manu Dacosse
Son : Dirk Combey et Émilie Mauguet
Montage : Méloé Poilleve
Production : Thierry Lounas, Vincent Maraval et Claire Bonnefoy
Production associée : Cassandre Warnauts
Sociétés de production : Capricci Production, Bobi Lux, Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, Gapbusters, Arte France Cinéma, Wild West et Frakas Productions
Société de distribution : Capricci Films et Goodfellas
Pays de production : France et Belgique
Langue originale : français
Genre : fantastique, suspense, thriller
Durée : 108 minutes
Dates de sortie : 19 mai 2023 (Cannes) 15 novembre 2023 Classification : Interdit aux moins de 12 ans
Distribution Karim Leklou : Vincent Borel
Vimala Pons : Margaux Lamy
François Chattot : Jean-Pierre Borel, le père de Vincent
Michaël Perez : Joachim DB, l'autre « sentinelle »
Emmanuel Vérité : Yves, le comptable
Jean-Rémi Chaize : Alex le DRH
Ulysse Genevrey : Hugo Monnier le stagiaire
Karoline Rose Sun : Audrey
Sébastien Chabane : Lionel, le collègue
Pierre Maillet : le psychiatre
Anne-Gaëlle Jourdain : Marie
Jean-Christophe Folly : Lucas