Utu est ce que l'on pourrait appeler un western crépusculaire. Prenant racine dans l'histoire d'un pays colonisé, entaché par une guerre opposant les Maori et l'armée britannique à la fin du XIXe siècle, il s'inscrit dans l'histoire du pays, comme la première fiction évoquant ce drame.

Comme dans toute histoire coloniale, la volonté du peuple de se libérer de ses oppresseurs se matérialise par un désir de vengeance (« Utu » en maori) et une violence glaçante.

C'est cette saisissante et violente épopée que se propose de nous raconter Geoff Murphy au travers de la destinée de Te Wheke, un Maori enrôlé par l'armée britannique qui, après avoir découvert son village décimé, devient comme possédé par la douleur et n'a plus qu'une idée en tête : tuer ceux qui ont tué les siens.

Reprenant possession des origines de son peuple, Te Wheke emporte tout dans sa violence et traverse les somptueux paysages de la Nouvelle-Zélande, prêt à tous les sacrifices pour assouvir sa vengeance.

Lors du visionnage, la première claque est visuelle. La réalisation est moderne, rythmée par les scènes de violence assez inouïes mais non dénuées d'un certain second degré, nous fait rentrer tout de suite dans cette histoire qui mêle à la fois le drame intime et historique.

La seconde claque nous est assenée par l'interprétation de l'acteur non-professionnel Anzac Wallace, complètement habité par son personnage et qui porte avec intensité l'ensemble des scènes.

A la fois politique et divertissant, cette histoire de vengeance vaut le coup d'œil – ne serait-ce que pour la prise de conscience de cette page noire de l'histoire néo-zélandaise.

Sarah Lehu