US

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Un film de Jordan Peele ,
Avec Lupita Nyong'o, Winston Duke, Elisabeth Moss,

Genre : Science-fiction
Durée : 1h56
États-Unis

En Bref

Adélaïde, Gable et leurs deux enfants, Jason et Zora, retournent dans la maison d’enfance de leur mère au bord de la plage californienne. Elle est marquée par un traumatisme profond et une drôle d’attraction dans une fête foraine Adélaïde garde encore des cicatrices. Les vacances de rêve se transforment rapidement en cauchemar quand des intrus s’invitent à la fête. La nuit risque d’être longue et la peur au rendez-vous du double de cette famille reproduite à l’identique. Les créatures ressemblent trait pour trait à Adélaïde, Gable, Jason et Zora. Il ne fait aucun doute qu’ils souhaitent prendre leur place en les rayant de l’équation. Pourquoi et comment ? Quelle intention possède cette copie de leur famille ? Avant de répondre à ces questions, il faut échapper à la menace. Ils s’aperçoivent bien vite qu’elle est liée au trauma d’Adélaïde. Des ombres, des reflets franchissent le miroir pour se substituer aux humains. Est-ce que ce sont des créatures venues de l’enfer, de l’espace, de leur cervelle dérangée ou d’ailleurs ? Pour l’instant, on court et on hurle pour sauver sa peau et la vendre chèrement. Les êtres cauchemardesques n’ont pas choisi la bonne famille, ça va saigner au pays du Seigneur !

« C’est pourquoi ainsi parle le Seigneur : voici que je fais venir sur eux un malheur auquel ils ne pourront échapper. Ils crieront vers moi et je ne les écouterai pas. » Ancien Testament Livre de Jérémie verset 11 du chapitre 11.

Jordan Peele crée la surprise avec Get Out, un premier film classé comme US dans le cinéma d’horreur politique. Nous sommes plus dans la science-fiction sociale et politique, eugénisme pour le premier et l’Invasion des profanateurs de sépultures pour le deuxième. Il est produit par Blumhouse (Paranormal activity), assez malins pour nous vendre des vessies en lieu et place de lanternes. US est le premier film hollywoodien de Jordan Peele qui devrait s’atteler à la reprise de la série La quatrième dimension. D’ailleurs ce vol d’identité, cette incursion des doppelgängers dans la vie paisible d’une famille afro-américaine s’inscrit parfaitement dans la série. C’est de la science-fiction dans la lignée de Jack Finney, Robert A. Heinlein, Philip K. Dick, H.G. Wells. La scène d’ouverture est un moment de suspense et de tension ouvrant la porte à de multiples possibilités. L’arrivée des êtres venus d’ailleurs continue de distiller cette interrogation sournoise sur le pourquoi et le comment. Jusqu’au bout, le réalisateur laisse la voie ouverte au doute.

Le film est bien plus qu’un simple slasher sur les questions qu’il soulève. Est-ce notre ombre devenue consistante qui cherche à prendre la place et quitter la nuit ? Le reflet abandonne le miroir et veut prendre la place de l’original. Est-ce notre inconscient qui s’amuse de nos phobies ? Les questions demeurent nombreuses et perturbantes. Comme dans le premier opus, peut-être que l’asservissement des êtres nous renvoie à la métaphore de l’esclavage. On le voit, les thématiques relèvent plus de la science-fiction que de l’horreur. La référence au verset 11 du chapitre 11 du Livre de Jérémie rappelle les fausses idoles et la bible. US se perd sur la fin avec son rebondissement dans la tradition du slasher. Par ses incohérences, la construction narrative s’effondre et vient gâcher le plaisir. La question que nous nous posons est de savoir s’il s’agit d’un final cut imposé par le studio, pour rentrer dans les codes du genre, ou la volonté du réalisateur. Il est à espérer qu’il possède les mains plus libres sur La quatrième dimension. Il ne fait aucun doute que Jordan Peele reste un homme à suivre qui, avec le temps, devrait s’affranchir des petits défauts.

Patrick Van Langhenhoven