Une vie ailleurs

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Un film de Olivier Peyon ,
Avec Isabelle Carré, Ramzy Bedia, Maria Dupláa,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h36
France

En Bref

Ailleurs, Felipe construit une autre vie, loin de la France et de sa mère, sous le regard bienveillant de sa tante et de sa grand-mère. Depuis quatre ans, Sylvie ne cesse de mener son enquête pour retrouver sa trace et récupérer son fils. Son mari d’origine uruguayenne l’a enlevé pour l’emmener dans son pays. Bientôt le cauchemar trouvera son épilogue, elle pourra serrer dans ses bras cet enfant perdu. Elle a tout quitté pour arriver à financer son enlèvement et son retour au pays. Elle ne laisse rien au hasard, l’attente fut si longue et la route si dure. Elle supporte depuis quatre ans ses silences, cette absence, ce long Golgotha, portant sa croix en attendant ce jour miraculeux de la délivrance.

Pendant qu’elle prépare le circuit du retour en France, Medhi, l’assistant social qui l’accompagne, se rend à Florida. Il cherche à limiter la casse, éviter à cette femme de sombrer plus bas et tout perdre. La réalité qu’il découvre est bien différente de l’image qu’elle transporte dans son cœur meurtri. Le petit, auprès de sa tante et de sa grand-mère a su trouver le juste équilibre. Ce qui semblait si facile devient plus pénible. Avec l’arrivée de Sylvie, impatiente, tout pourrait bien s’accélérer et dégénérer.

Olivier Peyon oscille entre le documentaire Comment j’ai détesté les maths, bientôt Latifa, le cœur au combat et la fiction Les petites vacances. C’est toujours avec poésie et tendresse qu’il investit l’âme de ses sujets plongeant au cœur du dilemme. Nous pensons au jugement de Salomon avec cette histoire d’une mère bafouée. Loin du film d’action à l’américaine, c’est un regard complexe sur un sujet difficile. Dans une première partie, il crée l’empathie avec cette femme ivre d’amour en quête de son droit maternel, reprendre son enfant volé. Elle a la loi pour elle mais ne peut attendre le temps des procès pour renouer le lien ténu avec son fils.

Elle choisit donc la manière forte et hors la loi. C’est bien tout le chemin qu’elle fait à l’intérieur qui intéresse le réalisateur. Comment peu à peu, face à la réalité qu’elle découvre, elle change de point de vue. C’est un film sur l’amour maternel avec un regard sur la mère, magnifique, qu’elle soit celle de sang ou celle que la vie nous apporte avec le vent du bonheur. C’est une mise en scène proche de la réalité effleurant le monde pour en saisir l’essentiel. C’est le regard d’amour d’une mère perdue, d’une tante prête à tout, d’une grand-mère coupable et pourtant si innocente. Rien ne se fait dans la facilité, les choses sont beaucoup plus complexes que la paire de contraires « coupable et innocent ». Chaque cas est sans doute différent, mais au fond de son cœur il soulève les mêmes questions. Ramzi trouve un rôle dramatique à sa mesure et dévoile un talent fou, tout en retenue.

Isabelle Carré est pourtant habituée aux rôles de mère Holy Lola de Bertrand Tavernier entre autres. Elle arrive encore à nous étonner dans une nouvelle composition entre folie et compassion. La surprise vient de la tante Maria Dupláa étonnante dans un personnage peu facile, les liens avec Felipe se dévoilent au fur et à mesure du récit. Une vie ailleurs plonge au cœur de son sujet avec justesse pour un voyage où rien n’est en trop. Il prouve une fois de plus que c’est souvent dans les histoires simples que se trouve le cœur des vérités.

Patrick Van Langhenhoven