Depuis des années Michel Leproux, bon bourgeois, dentiste, collectionneur de vinyles cherchait la perle rare, le Moby Dick de sa collection, le saint Graal ! Imaginez son extase, sa jouissance quand en fouinant aux puces, il tombe direct sans passer par la case départ sur Me, Myself and I (moi, moi-même et je), enregistré par le clarinettiste fictif Neil Youart (nihil you are, tu n’es rien). Il n’attend pas une seconde de plus pour rentrer dans son appartement Haussmannien et profiter de la perfection de la technique pour savourer son album.
À peine entamée la première note de clarinette, sa femme entre pour lui avouer un secret enfoui depuis des années. Un « plombier polonais » portugais transforme la maison en piscine Molitor. Sa maitresse essaye de lui dire «Non, c’est fini, adieu. Je vais avouer notre incartade à ma meilleure amie, ta femme ». Son fils altermondialiste actif souhaite lui refourguer une tribu de Philippins. Son voisin souhaite l’entrainer à participer à la fête des voisins. Sa mère le bassine au téléphone avec son père, bref tout se ligue contre notre petit homme pour saborder, saboter, exploser son unique joie ! Il souhaite juste écouter en tête à tête avec lui-même, seul dans l’ultime extase béatifiée, Me, Myself and I.
Annoncée comme la comédie de ce début d’année, le nouveau Qu’est-ce qu'on a fait au Bon Dieu, le film ressemble plus à un pétard mouillé. Comédie de boulevard light, nous nous demandons ce que Patrice Leconte, réalisateur de Tandem, Les bronzés déjà avec Christian Clavier, et quelques autres succès allait faire dans cette galère ! La presse n’a pas vu le film et c’est donc en projection publique senior que je le découvre. Seuls quelques rires échappent à la foule, plus loquace d’habitude. Christian Clavier, toujours à la recherche d’une reconnaissance comme le nouveau Louis de Funès, cabotine comme un cabri sur les alpages. Il nous ressort ses tics, la fourberie lâche de Jacquouille, des bégaiements en début de phrase et le petit nerveux excité. Les situations se succèdent sans saveur, sans nous emporter, retombant rapidement comme un soufflé mal mijoté. Sa femme lui annonce une vieille tromperie aux conséquences importantes, ça le laisse froid.
L’appartement se transforme en piscine, son fils débarque avec une famille de sans-papiers, de quoi surfer sur la vague de Qu’est-ce qu'on a fait au Bon Dieu. Toutes ces situations, qui d’habitude nous jouent des tours, servent au réalisateur à pousser la mauvaise farce dans le croupion du rire ! Elles s’achèvent bien vite pour passer à autre chose, mal exploitées. Patrice Leconte nous offre une mise en scène classique, comme le plombier polonais à l’ouvrage, sans se fatiguer. Cela donne plus l’idée de cacheton pour se remettre en selle, après l’excellent Une promesse. Nous nous demandons comment la pièce a pu connaître un succès honorable dans ces conditions, car rien ne s’y prête. Nous comprenons pourquoi Fabrice Luchini refuse de participer à la version cinéma.
Le savoir-faire du réalisateur, Clavier et la pléiade d’acteurs dans des rôles non développés, comme les situations, évitent au film de rejoindre la longue liste des nanars. Carole Bouquet, Valérie Bonneton, Stéphane De Groodt ne trouvent pas matière à étoffer leurs personnages qui se perdent dans la légèreté générale. Il manque du coffre, de la profondeur, du comique de situation, du quiproquo et des bons mots qui font le sel d’une bonne comédie. Pourtant dans le fond, derrière la brume, les thématiques de notre société égoïste, la filiation, l’Alzheimer, l’autre, le racisme, pointent le bout de leur nez. Le seul vrai moment du film reste la fin, la rencontre Clavier et Jean-Pierre Marielle émouvante, et Rossy de Palma en femme de ménage, excellente. Ce n’est pas sur le pied du rire que nous commencerons ce début d’année, mais en amoureux déçu par sa belle.
Patrick van Langhenhoven
• Réalisation : Patrice Leconte
• Scénario, dialogues, adaptation : Florian Zeller, d'après sa pièce Une heure de tranquillité
• Repérages : Fabien Pondevaux
• Scripte : Margot Seban
• Décors : Ivan Maussion
• Costumes : Annie Perier Bertaux
• Photographie : Jean-Marie Dreujou
• Son : Paul Heymans, Paul Lainé
• Accessoiriste : Alice Leconte
• Montage : Joëlle Hache
• Musique : Éric Neveux
• Production : Olivier Delbosc, Marc Missonnier
• Société(s) de production : Fidélité Films, TF1 Films Production, Wild Bunch, Cz Productions, Canal+, OCS, TF1, Palatine Étoile 12
• Société(s) de distribution : Wild Bunch Distribution
• Budget :
• Pays d'origine : France
• Langue originale : français
• Format : Couleur
• Genre : Comédie
• Durée : 79 minutes
• Dates de sortie :
◦ France : 31 décembre 2014
Distribution
• Christian Clavier : Michel Leproux
• Carole Bouquet : Nathalie Leproux, la femme de Michel
• Rossy de Palma : Maria, la femme de ménage
• Stéphane De Groodt : Pavel, le voisin polonais
• Valérie Bonneton : Elsa, la maîtresse de Michel
• Sébastien Castro : Sébastien Leproux, le fils de Michel et Nathalie
• Jean-Pierre Marielle : Le père de Michel
• Arnaud Henriet : Léo, l'ouvrier portugais qui se fait passer pour un polonais.
• Christian Charmetant : Pierre
• Ricardo Arciaga : le Philippin
• Elisha Camacho : Diana
• Martine Borg : la gardienne
• Brigitte Lucas: une voisine
• Christophe Bouisse : un voisin
• Aurélie Valat : une voisine
• Marie-Do Ferre : une voisine
• Juliette Poissonnier : une voisine
• Jean-Paul Comart : le disquaire
• Pascal Parmentier : un voisin
• Nathalie Perrot : une voisine
• Thierry Sauze : un voisin
• Patrick Harivel : un voisin
• Béatrice Michel : l'antiquaire
• Jean-François Kopf : Jean Lemoine (qui a mal aux dents)
• Estelle Galarme : l'infirmière
• Rose Eav : la Philippine
• Raphaël Bocobza : l'ouvrier
• Aurore Deschamps : le bébé philippin
• Victor Phu : le bébé philippin
• Nathaniel Banzon : le bébé philippin