Une belle équipe

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Un film de Mohamed Hamidi,
Avec Kad Merad, Alban Ivanov, Céline Sallette,

Genre : Comédie
Durée : 1h35
France

En Bref

Marco, le coach de l’équipe de foot de Courrière, est bien en peine. Les joueurs s’offrent un beau carton rouge avec suspension, suite à une bagarre générale lors de la dernière rencontre. L’affaire pourrait prêter à rire si elle n’entrainait dans son sillage la relégation au fin fond de la ligue, autant dire le déshonneur. Pour faire simple, si les trois derniers matchs ne sont pas joués, il n’existe plus d’équipe. Marco donne tout son temps libre à cette équipe, d’abord comme joueur puis comme entraineur. C’est le cœur lourd qu’il voit la fin d’un rêve sans même un dernier coup de sifflet. Il reste bien une dernière possibilité, un truc extrême à tenter. Le règlement n’interdit pas à une équipe féminine de prendre la place des excités privés de terrain. C’est donc pour sauver l’honneur que Marco convainc les femmes de Courrière de remplacer ces messieurs pas trop tranquilles. Il ignore encore que ce stratagème bouleversera la petite communauté et le monde du football de nos campagnes profondes. Ces messieurs ne voient pas d’un bon œil ces dames sur le terrain, de même que les membres de la fédération locale. Outre la fin du contact avec les joueurs adverses, les voilà relégués aux tâches ménagères. On se demande bien ce qui est le pire.

Le cinéma populaire a toujours suivi les révolutions sociales et l’air du temps. Depuis Me Too et l’omerta brisée par les femmes, les sujets féministes ont le vent en poupe. Elles se retrouvent à toutes les sauces, des pionnières de la Nasa à bien d’autres situations. Tout à coup, le monde s’aperçoit qu’elles ne sont pas restées derrière leurs fourneaux à jouer les mères et les grand-mères câlines. Elles étaient l’avenir de l’homme, n’en déplaise aux spécimens de Cro-Magnon. Après la première équipe féminine de foot créée à Reims, puis l’histoire d’un paysan et sa vache, Mohamed Hamidi s’intéresse à une équipe féminine. Il choisit une autre voie en plaçant les hommes dans des situations qu’ils n’oseraient jamais imaginer. Le grand mâle de la savane urbaine se plie avec difficulté à l’exercice ménager. Entre les courses, les biberons, les repas du soir et les devoirs, il comprend un peu la lourde tâche de madame. Pendant ce temps, la belle se confronte à la dure réalité du monde footballistique et de l’exercice sportif.

On inverse les codes mais on ne les change pas. On échappe à la mode actuelle, faire des femmes des hommes, comme dans le cinéma de guerre ou d’action. Cette fois, c’est armées de leur bonne volonté et de leur féminité qu’elles affrontent sur les stades l’homo-erectus. Le premier match ressemble plus à une garden party qu’à un affrontement vigoureux avec de la sueur et des cris d’animaux en … C’est une affaire de partage, d’apprentissage, de compréhension de l’autre chère au réalisateur qui devient le cœur du film. Tout finit bien au pays de la comédie heureuse et les hommes et les femmes ensemble seront l’avenir de l’humanité. C’est sur un parcours balisé par les images stéréotypées d’une société qui, malgré la libération de la parole, n’a toujours pas fait sa révolution en profondeur, que vogue le film. Mohamed Hamidi après Né quelque part, La vache, Jusqu’ici tout va bien, s’affirme comme le chantre d’une comédie douce et tendre pleine de bons sentiments et c’est plutôt bien.

Patrick Van Langhenhoven