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affiche Une Affaire de famille

Une Affaire de famille

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Un film de Hirokazu Kore-eda ,
Avec Lily Franky, Sakura Andô, Mayu Matsuoka,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h01
Japon

En Bref

C’est une famille, nichée au cœur des tours élancées vers le ciel. Elle habite une petite maison tenant encore debout visée par les promoteurs. Dans une pièce unique s’entassent Osamu et sa femme Nobuyo, la sœur Aki, la grand-mère Hastue et le petit fils Shota. On vit comme on peut, de petits larcins et  de magouilles en tout genre. Elles vont du vol à l’étalage du supermarché au casse de voiture pour un sac. Aki se trémousse dans un peep-show pour quelques yens et la pension de la grand-mère aide à tenir. Dans ce capharnaüm chacun trouve sa place et l’amour lie toutes ces âmes perdues qui tentent de survivre au cœur d’une société qui les oublie. Invisibles leurs liens familiaux les tiennent debout dans la tourmente. Un soir, Osamu et Shota ramènent une autre âme abandonnée, Juri, bien décidés après un bon bol de soupe chaude à la reconduire chez ses parents. Osamu et Nobuyo surprennent une conversation de ces derniers et décident de la garder. Elle devient la petite sœur, nouveau membre de cette famille improbable. Cette action ne sera pas sans conséquence sur l’avenir et les liens qu’ils ont tissés les uns avec les autres.


« Parfois c’est mieux de choisir sa famille soi-même. Ça évite d’avoir de faux espoirs. »

Le grand public découvre Hirokazu Kore-eda avec Air Doll et surtout Tel père tel fils. Ses films ne cessent de poser la question de la famille, que ce soit dans Notre petite sœur, Après la tempête, voire dans The Third Murder. Elle revient au cœur de sa filmographie comme une interrogation sur les liens que nous tissons. C’est la famille de sang face à celle que nous construisons. Quelle est l’importance des liens du sang, comment se bâtit la famille ? La grand-mère dira : « Normalement on ne peut pas choisir ses parents. » Nobuyo lui répond : « Justement c’est plus fort quand on les choisit soi-même. » Nous comprenons très vite que cette tribu d’âmes perdues s’est choisie. Peu à peu les vrais liens apparaissent avec le désir d’appartenir à un clan.

 Osamu attendra longtemps avant que Shota n’ébauche un papa ou accepte Juri comme sa petite sœur. Peu à peu se dévoile une autre trame de misère où chacun trouve dans les autres de quoi bâtir le rêve d’une famille. Dans la première partie, le mystère des liens reste entier, le spectateur comprend qu’ils ne sont pas ordinaires. Juri touche au bonheur quand elle part à la plage comme toutes les autres. C’est à ce moment que le système éclate avec l’avis de recherche. Les voisins inquiets dénoncent sa disparition, les parents apparaissent comme des êtres mauvais, sans cœur. La question d’une certaine morale se pose à Osamu et Nobuyo.

 Il me semble qu’Une Affaire de famille marque un point important, un passage dans la filmographie du réalisateur comme Hirokazu Kore-eda nous le fait remarquer suite à cette question. Il y a un avant et un après, ce qui ne veut pas dire que la question de la famille ne sera pas encore au cœur ses histoires. Elle prendra sans doute d’autres nuances. Avec ce récit, il répond en grande partie à cette question du choix face à l’obligation. C’était déjà le cas dans Tel père, tel fils. La figure du père revient sans cesse en écho à celle de la mère. Il les confronte dans un dialogue entre la loi, la règle et l’humanisme.

Souvent comparé, à tort, à Ozu pour sa thématique, Hirokazu Kore-eda se sent plus proche de Ken Loach, Truffaut, Ferrara.  Ce qui explique sa mise en scène plus proche des réalisateurs occidentaux. Il y a la même révolte que chez Ken Loach face à la société surtout dans Une affaire de famille. Pour ma part, je trouve qu’il existe la même compassion au sens bouddhique du terme que chez Ozu. Les familles de ce dernier, filmées à hauteur de tatami sentent le bonheur de l’instant présent et du temps qui passe en effleurant celui-ci. Chez Kore- eda la tempête n’est jamais loin, l’éclatement, la dispersion, que les liens tissés tiennent solidement face à l’adversité. Le temps passe comme chez Ozu, mais il ressemble plus à un écho de l’histoire. Il part de l’été à l’hiver où tout s’achève. Nous sommes pourtant chez les deux réalisateurs dans un cercle sans fin, un éternel recommencement. La dernière scène, symbolique et subjective, est parlante dans ce sens. Chacun se racontera son histoire. Juri regarde par-dessus le balcon et sourit. C’est ici que ce trouve la réponse au questionnement de l’auteur peut-être.  

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
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Sous-titres :
Edition :


    Titre original : 万引き家族 (Manbiki kazoku?)

    Titre français : Une affaire de famille

    Titre anglais : Shoplifters

    Réalisation : Hirokazu Kore-eda

    Scénario : Hirokazu Kore-eda

    Photographie : Ryūto Kondō

    Montage : Hirokazu Kore-eda

    Musique : Haruomi Hosono

    Pays d'origine : Japon

    Genre : drame

    Dates de sortie : 13 mai 2018 (Festival de Cannes 2018) 12 décembre

Distribution

     Kirin Kiki : Hatsue Shibata

    Lily Franky : Osamu Shibata

    Sōsuke Ikematsu : 4 ban-san

    Sakura Andō : Nobuyo Shibata

    Akira Emoto

    Chizuru Ikewaki : Kie Miyabe

    Naoto Ogata

    Kairi Jyo