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affiche Un sac de billes

Un sac de billes

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Un film de Christian Duguay ,
Avec Dorian Le Clech, Batyste Fleurial, Patrick Bruel,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h50
France

En Bref

« Tout le monde avait peur même si tout le monde faisait semblant » Joseph Joffo

Le monde s’habillait de noir et la tourmente pointait ses ombres menaçantes au loin. Pour Joseph et Maurice, la vie avait encore les couleurs de l’enfance, des billes à la récré et du temps des copains. Cela n’allait pas durer. Les hommes en gris imposent le port d’une étoile que l’on échange, insouciance de l’enfance, contre un sac de billes. C’est le dernier hiver avant que le printemps ne revienne et que les cerisiers soient de nouveau en fleurs dans nos cœurs. Leur père connaît la folie des hommes.

C’est pour cela que sa famille a fui la Russie des pogroms. Il sent le vent de terreur qui s’abattra bientôt sur son peuple. C’est dans la douleur qu’il pousse sa famille à fuir de nouveau. C’est l’heure de la séparation. Chacun devra suivre une route différente pour ne pas se faire prendre. C’est le temps de l’exode sans aucun Moïse pour ouvrir la Mer Rouge. Maurice et Joseph passeront par les Pyrénées pour rejoindre Menton où le clan trouvera un refuge. Dans la peur des arrestations, suspendues comme une épée de Damoclès, les deux enfants trouvent secours auprès d’un prêtre. La route est longue et la douleur de tous les jours se fait sentir pour finalement arriver à Menton.

La tranquillité ne dure que le temps d’un soupir dans cet enfer. De nouveau les petits doivent se dissimuler dans un camp de jeunesse pétainiste (Moisson nouvelle), puis dans une famille de Résistants pour Maurice et de collabos pour Joseph. L’insouciance des jours heureux reviendra un jour peut-être, mais pour l’instant c’est le chant de la peur qui résonne. Jusqu’à quand ?


C’est plus de quarante ans après la sortie du livre de Joseph Joffo sorti en 1973 et du film en 1975 réalisé par Jacques Doillon que Christian Duguay nous révèle une nouvelle version plus fidèle au roman. Le réalisateur de Jappeloup et de Belle et Sébastien, l’aventure continue, fresque familiale humaniste, ne pouvait que tomber amoureux de cette histoire. Comme le dit Patrick Bruel, c’est un récit encore d’actualité, universel. Il est à craindre que l’exode des peuples sous le poids de la folie de certains ne semble pas prêt hélas de s’arrêter. Le réalisateur, entre insouciance de la jeunesse et dure réalité de l’époque, construit une histoire d’initiation au cœur de l’enfer. Il montre le courage de deux minots face à l’épouvantable, comme cette séquence à la Gestapo de Nice.

Il vaut mieux s’en prendre une que mourir. Ils tiendront bon sous la pression d’un officier allemand obtus qui, au moment des faits, savait l’échéance perdue. Il continue à torturer les gamins. C’est toute la folie de cette guerre qui une fois de plus défile devant l’écran, entre bravoure et horreur. C’est ce curé qui les sauve au début, ce Résistant tenant bon, les petites combines pour survivre, les coups de chance et de malchance. Enfants du dix-huitième, du bas des collines de Montmartre, ils quittent l’insouciance de l’enfance pour une route semée d’embuches. Naïveté de gosses, échanger un sac de billes contre une étoile d’infamie, masquer l’étiquette juive du salon de coiffure aux officiers SS, mauvaises blagues qui peuvent coûter cher. La caméra de Christian Duguay saisit avec délicatesse les moments de bonheur et de stupeur. La reconstitution est des plus précises qu’il soit. Patrick Bruel et Elsa Zylberstein sont impeccables, portés par le livre, tout comme les seconds rôles.

Le film repose sur les épaules des deux gamins très convaincants et prenant leur personnage à cœur comme ils nous le diront lors de l’interview. Comme le roman, le film évite le côté moralisateur pour nous livrer une page d’un pays faisant tache sur sa devise « Liberté », « Égalité », mais surtout « Fraternité ». Comme une majorité des témoignages de l’époque, il s’agit avant tout rendre compte d’une période et de tenter de ressaisir l’instant présent. Le réalisateur arrive à nous faire passer dans ce tourbillon de ténèbres tout l’humanisme de l’écrivain. Il choisit la lumière après le gris de Paris, le film reste lumineux, les couleurs se font chaudes et l’espoir demeure. Le film aborde la figure du père parfait, équilibre de tendresse et d’autorité qui marquera sans doute à jamais le petit Joseph.

Il est le seul de la famille qui ne reviendra pas. La route transforme ce petit garçon en un homme de bonté que nous retrouverons dans ses romans. Il donne une préquelle, Agates et Calots, et une suite, Baby-foot. Je vous invite à lire l’adaptation en bande dessinée de Vincent Bailly et Kris, en trois parties, chez Futuropolis. Pour finir, laissons la parole à Joseph Joffo. « Aujourd’hui, l’histoire que j’ai vécue résonne de manière forte. Comme nous il y a 50 ans, des enfants se retrouvent sur les routes, totalement isolés et livrés à eux-mêmes. J’espère que le film nous incitera à nous interroger sur le destin de ces enfants et de ces familles déchirées. »

Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
3
Support vidéo : 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.40, Format DVD-9, Couleurs
Langues Audio : Français Dolby Digital, 2.0, 5.1
Sous-titres : Audiodescription (pour malvoyants)
Edition : Gaumont

Bonus:

  • "Sur les traces d'Un sac de billes" : documentaire (53')
  • Bande-annonce

    •       Titre original : Un sac de billes

    •       Réalisation : Christian Duguay

    •       Scénario : Olivier Dahan, Alexandra Geismar, Jonathan Allouche, Benoît Guichard et Christian Duguay d’après Un sac de billes de Joseph Joffo

    •       Décors : Jimena Esteve

    •       Costumes : Pierre-Jean Larroque

    •       Photographie : Christophe Graillot , Thibault Gabherr

    •       Direction artistique : Franck Schwarz

    •       Son : Michel Bordeleau , François-Joseph Hors

    •       Attachée de presse : Sandra Cornevaux , Audrey Le Pennec

    •       Montage : Olivier Gajan

    •       Musique : Armand Amar

    •       Production : Marc Jenny, Nicolas Duval-Adassovsky, Yann Zenou, Laurent Zeitoun

    •       Société de production : Quad production, TF1 films productions,

    •       Société de distribution : Gaumont

    •       Budget :

    •       Pays d’origine : France

    •       Langue originale : français

    •       Format :

    •       Genre : drame

    •       Durée : 1h50min

    •       Date de sortie : 18 janvier 2017

Distribution

    •       Dorian Le Clech : Joseph Joffo

    •       Batyste Fleurial : Maurice

    •       Patrick Bruel : Roman

    •       Elsa Zylberstein : Anna

    •       Kev Adams : Ferdinand

    •       Christian Clavier: Dr Rosen

    •       Bernard Campan: Ambroise Mancelier

    •       César Domboy : Henri

    •       Lucas Prisor :

    •       Ilian Bergala : Albert

    •       Émile Berling : Raoul Mancelier

    •       Jocelyne Desverchère : Marcelle Mancelier

    •       Coline Leclère : Françoise