La mort de Paul plonge Corine dans un profond désarroi. Plus rien ne semble troubler sa peine. Chaque jour elle grandit et creuse dans son âme le sillon profond de l’absence, du vide qui vous emporte. En tant qu’ingénieur du son, il lui reste une occasion de départ au bout du monde en Mongolie, Afrique, Tibet. Elle doit réaliser des sons d’ambiance dans le pays de son choix en espérant que le dépaysement la ramène dans le cœur de la réalité. C’est ainsi qu’elle se retrouve au fin fond de la Mongolie dans une tribu perdue. La douleur s’accroche, ne cède pas, empêche que la vie revienne. Un soir, lors d’une cérémonie chamane, le bruit du tambour provoque la transe, ouvrant les portes de la perception. Pour Oyoun la chamane, Corine possède un don précieux. Elle se propose de lui enseigner le chemin de la transe menant à un monde plus grand. Sceptique, Corine, de retour à Paris, passe par la science, docteurs et psys pour tenter de comprendre. Sans réponse, elle finit par accepter son don et décide de pousser plus loin l’expérience. De retour en Mongolie s’ouvre une porte qui la conduit à découvrir son univers intérieur en lien avec un monde plus grand. Il lui permet de renouer avec la vie.
Le film est adapté de l’expérience de Corine Sombrun Mon initiation chez les Chamanes Albin Michel et Pocket. Aujourd’hui elle continue son expérience chamanique, la confrontant avec les sciences. Le film retrace toute la quête qui la conduit par hasard à découvrir son don. Il faut accepter l’idée qu’il existe un monde plus grand, une perception de notre univers différente. Elle est un peu, pour faire simple, comme le promeneur du dimanche en forêt. Les enfants courent en se chamaillant, le chien aboie, puis vous écoutez plus attentivement. Vous entendez au fond un oiseau qui chante, une rivière qui coule, et d’autres bruits de la forêt. C’est un peu ce qui arrive à notre héroïne par le chemin de la transe. Elle s’ouvre à une autre écoute. Il faut accepter d’ouvrir les portes de la perception, comme Jim Morrison.
Le film défend une autre réalité en prenant le parcours d’une jeune musicologue perdue. Il trace la route initiatique du chamanisme, de l’ombre à la lumière, en passant par le doute. C’est d’abord une jeune femme ordinaire, plongée au cœur d’une douleur profonde, la perte de l’être aimé. Elle ne croit pas plus ni moins que le commun des mortels. Elle reste même sceptique quand la Chamane lui parle de ce grand don. Elle est d’abord en quête d’un moyen pour retrouver celui qu’elle aime. Prête à tout pour le retrouver. Du doute, le pratiquant passe par un but qu’il finit par oublier pour enfin toucher à quelque chose de plus grand. La caméra capte le visage, le son du tambour, dans une quête pour toucher ce monde plus grand. À l’extérieur, le paysage est immense et l’humain si petit. Il rappelle, notre place au sein de l’univers, ni plus grande ni infime.
Il nous entraine sur des territoires que nous ne percevons plus. Dans cette course à la modernité, nous sommes devenus aveugles et sourds. Cécile de France trouve un rôle à sa mesure, proche de la route parcourue par Corine Sombrun. Cette dernière, comme certains moines bouddhistes, confronte sa pratique de la transe à la science pour mieux la partager. C’est un monde d’harmonie, avec des sens poussés dans des territoires inconnus, qui s’ouvre au pratiquant. Chacun fera le parcours qu’il souhaite, simple spectateur d’une histoire sensible ou passager convaincu. Un monde plus grand nous amène à regarder la terre sous un autre angle, écologique, spirituel. C’est d’abord une belle tranche de vie saisie avec harmonie et sensibilité, nous plongeant au cœur d’un regard différent.
Patrick Van Langhenhoven
Titre Original : Un monde plus grand
Réalisation : Fabienne Berthaud
Adaptation, scénario et dialogues : Fabienne Berthaud, Claire Barre, Corine Sombrun d'après le livre de Corine Sombrun Mon initiation chez les chamanes
Directrice de la photographie : Nathalie Durand
Montage : Simon Jacquet
Musique : Valentin Hadjadj
Ingénieurs du son : Fabrice Osinski, Paul Heymans, Thomas Gauder
Sociétés de production : Gaumont, Mahi Films
Coproduction : Haut et court
Société de distribution : Haut et court
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : Drame
Durée : 1h40
Date de sortie : 30 octobre 2019
Distribution
Cécile de France : Corine
Tserendarizav Dashnyam : Oyun
Arieh Worthalter : Marc
Ludivine Sagnier : Louise
Narantsetseg Dash