C’est l’été, le soleil la plage, les paysages de cartes postales en Corse, que du bonheur pour des vacances parfaites. Antoine hérite de la vieille demeure paternelle, l’occasion de revenir au pays sur les traces de l’enfance. Sa femme est partie se ressourcer à Ibiza, c’est donc l’occasion, avec son vieux pote Laurent, divorcé, de profiter avec leurs filles, entre amis, de la beauté des lieux. Il y a les sangliers amoureux du jardin, les deux gamines à surveiller, prêtes à exploiter la moindre faille.
Dans ce monde parfait, à force de se côtoyer, l’enfance s’effaçant pour l’entrée dans le monde des adultes, les hormones, la vie, le ciel bleu… va savoir ! Un soir de trop après quelques verres qui balayent les convenances, brisent les tabous, Louna séduit Laurent dans l’eau bleue du lagon. Laurent se prépare des orages dans ce ciel bleu, comment se sortir de cette impasse en ménageant les uns et les autres ? Si l’adulte se rend compte de ce moment d’égarement et souhaite revenir à la normalité, la petite sur l’écran noir de ses nuits blanches se fait du cinéma, s’amourache, s’accroche comme un bigorneau au rocher. Une erreur qui pourrait coûter cher, remettre une vieille amitié en cause, détruire bien plus que ce qu’elle laisse espérer.
Jean-François Richet plus connu pour ses films plus musclés, Ma 6-T va crack-er, Mesrine, le remake d’Assaut, se lance, dans le remake d’un film qui marqua son époque. Il s’adjoint la spécialiste des comédies, Lisa Azuelos, réalisatrice de Lol. Sorti en 1977, Un moment d’égarement construit un duo d’acteurs avec Victor Lanoux dans le rôle d’Antoine et Jean-Pierre Marielle dans celui de Laurent se laissant séduire par la fille de son ami. La première version misait sur ce tabou des générations, la vraie polémique. La nouvelle version donne un côté un peu plus noir au récit et développe le thème de la trahison. Le film ne rencontre pas un énorme succès à sa sortie, plus avec ses rediffusions télé.
La nouvelle version donne un côté un peu plus noir au récit et développe le thème de la trahison. Il revient en toile de fond comme un écho sur tous les personnages, confrontés à cette thématique. Petits ou grands mensonges reviennent en écho autour de la trahison principale de Laurent. C’est dans des petits détails que se situe la différence entre les deux versions et le passage à l’acte. En 1977, il ne fait aucun doute que Marielle ne se contente pas d’un simple baiser volé. En 2015, ont-ils consommé ? Dans la première, Antoine divorce et la pauvre Martine, (Agnès Soral) le vit mal. Le film lance sa carrière, elle retrouve Berry pour Tchao Pantin. Aujourd’hui dans notre société monoparentale, Martine (Lola Le Lann), déçue par les garçons de son âge, ou fantasme d’adolescente allez savoir, s’amourache du meilleur ami de son père.
C’est la soirée en boîte, la plage et les lumières de la ville qui créent un moment propice à l’oubli. La mise en scène épouse le format des comédies de l’été, beaux paysages, la fête, l’insouciance et le farniente estival avec ce moment d’égarement en plein milieu bousculant tout. Dans l’ensemble, la version 2015 ressemble à celle de 1977, le lieu change mais les séquences incontournables n’échappent pas au chemin balisé. C’est d’autant plus intéressant que François Cluzet et Vincent Cassel composent une autre partition. A l’époque, la libéralisation de 68 n’a pas brisé tous les tabous, la différence de génération et la responsabilité de l’adulte restent encore profondément ancrées dans la société. C’est bien ce qui donnera un parfum de scandale, on peut rire de tout dans certaines limites.
Qu’en est-il aujourd’hui ? La polémique semble plus soulevée par l’intérêt d’un remake par le fils de Claude Berry, hommage au premier opus de son père, manque de sujet nouveau ? La différence de génération choc de 1977, passe comme un vol d’oiseaux migrateurs, personne ne paraît s’en offusquer. Un moment d’égarement, sans bousculer les codes du genre, reste une bonne comédie d’été, légère malgré son propos sensible.
Patrick Van Langhenhoven
Réalisation : Jean-François Richet
Scénario : Lisa Azuelos et Jean-François Richet, d'après un scénario original de Claude Berri
Directeur de la photographie Robert Gantz
Directeur de la photographie Pascal Marti
Chef monteur Hervé Schneid
Chef décorateur Emile Ghigo
Directrice du casting Gigi Akoka
Directeur de production Kader Djedra
1er assistant réalisateur Nicolas Cambois
Chef costumier Marité Coutard
Cadreur Eric Catelan
Scripte Virginie Le Pionnier
Photographe de plateau Roger Arpajou
Photographe de plateau Angela Rossi
Ingénieur du son Jean-Paul Hurier
Ingénieur du son Jean Minondo
Directeur de post-production Frank Mettre
Chef coiffeur Gérald Portenart
Chef maquilleur Thi Thanh Tu Nguyen
Producteur : Thomas Langmann
Genre : comédie dramatique
Durée : 105 minutes
Date de sortie en salles : 24 juin 2015 (France)
Distribution
Vincent Cassel : Laurent
François Cluzet : Antoine
Alice Isaaz : Marie
Lola Le Lann : Louna