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affiche Un divan à Tunis

Un divan à Tunis

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Un film de Manele Labidi ,
Avec Golshifteh Farahani, Majd Mastoura, Aïcha Ben Miled,

Genre : Comédie
Durée : 1h28
France

En Bref

Après le Printemps arabe, Selma, 35 ans, psychanalyste, revient au pays de ses origines pour ouvrir son cabinet. En France, la concurrence se faisait trop sentir avec un psy à tous les coins de rue. Elle s’installe dans le petit studio sur le toit chez son oncle, dans un quartier populaire avec vue sur la ville. La jeune femme espère une clientèle nombreuse dans un pays  traumatisé par une révolution toute nouvelle. Femme libre, elle dénote dans cette société corsetée. Elle doit faire face à une administration sclérosée, un espoir de changement avorté, la corruption, et les premiers patients peu convaincus. Au fil des séances, son regard évolue sur un pays qu’elle avait perdu de vue. La thérapie se fera autant pour les névrosés masqués, avoués, que pour sa vision d’une société en mutation. Dans ce monde aux couleurs du soleil, on cache souvent la profondeur de son âme sous la volubile parole inconstante. Face à la montée des islamistes, l’espoir de ne pas aller dans le mur, la libération de la parole pourrait représenter une nouvelle voie. A la fin de la prise en charge, tout le monde aura changé de point de vue sur le monde.       


« Nous on a Dieu, on n’a pas besoin de ces conneries »

 Cette comédie aux apparences légères, loin de l’image d'Epinal et du manichéisme, explore avec justesse l’âme d’un pays en mutation. C’est à travers ses patients que se dessine un portrait d’une Tunisie post-Printemps arabe. Le temps de l’engouement et de la liberté nouvelle laisse la place à une interrogation sur les chemins de demain. Le pays cherche son émancipation,  marqué par la vieille génération toujours attachée à Ben Ali, l’espérance de jours nouveaux et la montée des islamistes. Cette libération de la parole trop longtemps muselée aura des effets immédiats sur l’entourage de Selma. Les psychanalystes comme elle sont des électrons libres, des perturbateurs dans un pays encore sous le carcan des conventions. Ce sont les femmes qui gagneront à cette poussée d’un temps nouveau, s’emparant d’un bien, la liberté, qu’elles n’avaient plus. Dans cette galerie de portraits aux portes de la déraison et de la folie douce, la cousine portant le voile pour d’autres raisons que religieuses, la mère étouffée sous le poids des traditions, et la coiffeuse fantasque à l’âme troublée, nous marquent profondément.

Les hommes ne sont pas en reste, l’oncle et son alcoolisme caché, un imam sans barbe, cocu, rejeté  par ses fidèles, un patient aux rêves hantés par les dictateurs arabes, un flic amoureux, en disent long sur la société. Les tracas administratifs donnent une bonne idée du chemin qu’il reste à faire. C’est un regard juste, sans concession, et tout en profondeur, en seconde lecture, que le spectateur attentif découvre derrière la comédie. Comme souvent, elle cache derrière la dérision une introspection plus grande sur une société ou un individu. Au bout de la route, Selma en apprendra beaucoup sur ce qui la pousse à revenir au pays que de nombreux Tunisiens voudraient fuir. Dans ce maelström de figures pittoresques, Golshifteh Farahani trône comme une fleur des sables que le désert nous aurait cachée.

La réalisatrice apporte un soin particulier à tous ses personnages comme ce duo de flics aux méthodes particulières. Un divan à Tunis appartient à ces comédies tendres en demi-tons de la nouvelle génération, dans les pas de Woody Allen, que nous aimerions voir plus souvent. Pour son premier long métrage, la réalisatrice franco-tunisienne Manele Labidi livre un regard universel et un talent prometteur. La mise en scène ensoleillée s’envole comme un nuage de pétales livrant le cœur de la fleur.

 Patrick Van Langhenhoven      

Note du support : n/a
Support vidéo :
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Sous-titres :
Edition :


    Titre original : Un divan à Tunis

    Réalisation : Manele Labidi

    Assistants réalisateurs : 1) Guillaume Huin / 2) Yosra Bouzaiene

    Scénario : Manele Labidi, avec la collaboration de Maud Ameline

    Décors : Mila Preli, Raouf Hélioui et Hyat Luszpinski

    Costumes : Lenaig Periot-Boulben

    Directeur de la photographie : Laurent Brunet

    Montage : Yorgos Lamprinos assisté de Morgane Maurel

    Musique : Flemming Nordkrog

    Superviseur musical : Martin Caraux

    Son : Olivier Dandré

    Producteur : Jean-Christophe Reymond

    Producteur associé : Amaury Ovise

    Coproducteur : Olivier Père

    Sociétés de production : Kazak Productions et Arte France Cinéma

    Sociétés de distribution Drapeau de la France France : Diaphana Distribution

    Pays d'origine : Drapeau de la France France et Drapeau de la Tunisie Tunisie

    Langue originale : français et arabe

    Format : couleur

    Genre : Comédie dramatique

    Durée : 88 minutes

    Budget : 2 millions d'euros

    Dates de sortie : 12 février 2020

Distribution

    Golshifteh Farahani : Selma Derwish

    Majd Mastoura : Naïm, l'inspecteur de police

    Hichem Yacoubi : Raouf, un patient de Selma, boulanger

    Ramla Ayari : Amel, la tante de Selma

    Najoua Zouhair : Nour, la secrétaire du ministère de la Santé publique

    Jamel Sassi : Fares, l'imam

    Aïsha Ben Miled : Olfa, la nièce de Selma

    Feriel Chamari : Baya, la propriétaire du salon de coiffure

    Moncef Ajengui : Mourad, l'oncle de Selma

    Zied Mekki : Amor, un policier

    Oussama Kochkar : Chokri, l'autre policier

    Amer Arbi : Haroun

    Mhadheb Rmili : Ferid

    Rim Hamrouni : Meriem

    Yosra Bouzalene : Hafifa