Le commissaire Beffrois est aux portes de la retraite. Un peu fataliste, du genre revenu de tout, mais pas amer. Plutôt distancié, rêveur, un poil mélancolique. Il n’a plus sa femme, ses grands fils font le vide de l’appartement en reprenant leurs affaires d’antan, la vieillesse pointe son nez. Bientôt il sera temps de mettre une matinée à déjeuner, prendre sa douche, faire ses petites courses puis se préparer à regarder Des chiffres et des lettres. Mais voilà qu’une audacieuse série de vols de tableaux le remet en chasse. Même s’il ne fait plus partie de La Maison, le geste racé de ces larcins, signature d’un Beau voyou, lui rend du tonus. Sur sa route, il croise une restauratrice de tableaux, Justine et son père Charles, ainsi que l’amoureux discret et mystérieux de la jeune femme, Bertrand.
Un beau voyou est le premier film de Lucas Bernard. Il prend le parti de l’originalité à tout prix. Nous nous abstiendrons donc de chercher une quelconque vraisemblance. Et après ? Il arrive à installer une atmosphère inédite, mélange d’humour, de cocasserie des situations, de quelque chose qui tient de la bonne humeur dans un marasme ambiant. L’air de rien, Bernard montre avec subtilité différentes facettes des relations parents-grands enfants tout à fait intéressantes. Pas de conflits ouverts. Chez les parents de Bertrand, c’est l’inquiétude qui domine. De quoi vit-il ? Et où ? Personne ne semble savoir. Chez le père de Justine, c’est la vie de bohême, une complicité taquine. Pour le commissaire, l’amitié virile qui l’unit à ses deux fils n’empêche pas la solitude de l’homme mûr. Pour toutes ces nuances, Lucas Bernard peut être salué. On notera aussi sa capacité à faire de très belles images de Paris, quand nombre de réalisateurs de comédies persistent à penser que le laid va avec le drôle.
Un beau voyou est certes un peu inégal car touchant à tout, il nous égare un peu. Mais il distille une poésie très personnelle qui nous attache et maintient notre attention tout au long de la projection, tant ce cheminement de la terre aux toits, du monte-en-l’air aux considérations plus terre à terre, nous baladent, pour notre plus grand plaisir.
Françoise Poul
Bonus :
2 courts métrages de Lucas Bernard :
- "La Part disponible" (2013, 7')
- "La Place du mort" (2014, 22')
Séquence réalisée dans le cadre de la Fabrique Émergence (2015, 8')
Essais comédiens et essais costumes (10')
2 scènes coupées (6')
Titre : Un beau voyou
Réalisation : Lucas Bernard
Scénario : Lucas Bernard
Photographie : Alexandre Leglise
Montage : Valentin Durning
Musique : Christophe Danvin
Décors : Émilie Ferrenq et Jean-Baptiste Viatte
Costumes : Julie Miel
Producteur : Florian Môle
Production : Les Grands Espaces
Coproduction : France 3 Cinéma
Distribution : Pyramide Distribution
Pays d'origine : France
Genre : Comédie policière
Durée : 90 minutes
Dates de sortie :2 janvier 2019
Distribution
Charles Berling : le commissaire Beffrois
Swann Arlaud : Bertrand
Jennifer Decker : Justine
Jean-Quentin Châtelain : Charles
Erick Deshors : Berlaud
Anne Loiret : Mme Maupas
Pierre Aussedat : Étienne
Marina Moncade : Nicole
Christian Benedetti : Georges
Alassane Diong : le petit cambrioleur