Chantal Bellabre, célèbre anthropologue, se livre à des expériences peu recommandables en Mongolie pour le compte du gouvernement chinois. Elle teste la capacité à l’obéissance aveugle, dans les pas de Milgram. Elle attend la venue de son fils, Eliot, pour la seconder dans cette valse des chapeaux rouges et jaunes. Le pauvre garçon décide de s’émanciper de cette mère envahissante et de partir étudier une tribu perdue dans le fin fond de la jungle, les Otopis. Il est anthropologue comme maman, ce qui n’est pas étonnant. Il part au petit bonheur la chance sur de vagues indications à la découverte de son mythe. C’est sa mystérieuse « Cité perdue de Z » comme pour Percy Fawcett. Il découvre un peuple sous la coupe de gens peu scrupuleux qui exploitent ce qu’il reste d’un peuple en harmonie avec la nature pour extraire de l’or. D’ailleurs est-ce bien les Otopis ou un ramassis de miséreux venus chercher fortune ? Pendant ce temps-là, maman débarque dans le poste de gendarmerie pour retrouver son fils. Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas gagné d’avance, avec des hommes de l’ordre plus proches des pieds nickelés que du commando.
Que diable allait-elle faire dans cette galère ? « C’est à vous, Madame, d’aviser promptement aux moyens de sauver un fils que vous aimez avec tant de tendresse. » Comme le balancier de l’horloge de nos grand-mères, la comédie française oscille entre du bon et du mauvais. Comme le drame, elle demande une écriture maitrisée, un art du gag consommé et une mise en scène millimétrée. Vous l’aurez compris, ce n’est pas le cas de Terrible jungle. Terrible film avec une ouverture intéressante mais qui n’accroche pas son spectateur. Catherine Deneuve joue sur son savoir-faire pour éviter le naufrage de son personnage. Le reste part dans tous les sens, dans un joyeux bordel sans saveur, qui ne fait pas rire. Nous sommes loin de l’excellente comédie de l’absurde La loi de la jungle, plus maitrisée et beaucoup plus marrante. Terrible Jungle voudrait bien nous entrainer sur les pas de Brando dans Apocalypse Now et Joseph Conrad et son ouvrage Au cœur des ténèbres.
Cette séquence de transformation prend des allures pitoyables dans son envie de faire rire. On retrouve les poncifs de la comédie de gendarmes benêts, d’Indiens carburant à un mélange de gasoil et autres substances nocives. Rien ne vient soutenir cette gabegie sens dessus dessous qui ne sauvera pas l’été ni la comédie française. La faute aux personnages sans consistance, à un jeu sans conviction, frôlant le comédien débutant par moments. Il y avait matière à une de ces comédies en roue libre déjantée empruntant au surréalisme, à l’absurde, à l’univers cartoonesque, à la BD pour son inspiration. Il reste un mauvais sentiment d’avoir perdu son temps dans cette terrible jungle. C’est peut-être que je ne comprends rien à la comédie nouvelle.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Terrible Jungle
Réalisation : Hugo Benamozig et David Caviglioli
Scénario : Hugo Benamozig et David Caviglioli
Décors : aNNE sophie Delseries
Costumes : Judith de Luze
Photographie : Yann Maritaud
Montage : Audrey Simonaud
Musique : Ulysse Klotz
Producteur : Wassim Béji et Lénoard Glowinski
Société de production : 22h22, WY Productions et Apollo Films
Sociétés de distribution : Indie Sales et Apollo Films
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : Comédie d'aventure
Durée : 91 minutes
Dates de sortie : 18 janvier 2020 (L'Alpe-d'Huez) 29 juillet 2020
Distribution
Vincent Dedienne : Eliott
Catherine Deneuve : Chantal de Bellabre
Alice Belaïdi : Albertine
Jonathan Cohen : Lieutenant-Colonel Raspaillès
Patrick Descamps : Saint-Gilles
Stéphan Beauregard : l'Otopi Québécois
Jonas Dinal : Yaguati
Guillaume Duhesme : Yannick
Luca Besse : Fabrice
Esteban : le chimiste
Mao Tao : Ignace