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affiche Take me Somewhere Nice

Take me Somewhere Nice

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Un film de Ena Sendijarevic ,
Avec Sara Luna Zorić, Ernad Prnjavorac, Lazar Dragojević ,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h31
Pays-Bas

En Bref

Alma est une jeune Bosniaque vivant en exil avec sa mère aux Pays-Bas. Le temps vient pour elle d’effectuer un voyage à la rencontre de son père. Elle ne connaît pas cet homme resté dans un pays qu’elle ignore. Elle part en compagnie de son cousin Émir, contraint et forcé de suivre la jeune fille têtue. Elle croise sur sa route une chanteuse, un homme d’affaires, des paysages et des architectures d’un monde encore sous le poids de la guerre. Toutes ces rencontres transformeront la jeune adolescente en une femme prête à accomplir son destin. Alma ressemble à une jeune pousse jetée à la rivière, ballotée par le courant. Elle avance sans trop connaître le bout de la route, passagère fantôme de sa destinée. Ils finiront aux portes d’Hadès par trouver enfin le sens à donner à leur vie et leur place dans un monde qui se cherche lui aussi.


On pourrait rapprocher ce premier long métrage de Sans toi ni loi d’Agnès Varda, avec moins de sauvagerie et plus de mélancolie. C’est une quête d’identité d’un personnage qui n’est ni tout à fait du pays et ni vraiment d’un autre. Ni tout à fait une femme, ni tout à fait une jeune fille. Elle se trouve à la frontière, entre deux. Le monde éclate, les chemins se raccourcissent, les frontières disparaissent, l’exil, la guerre, transforment leur vie. Alma est une enfant qui ne connaît pas son pays. Ce voyage est l’occasion de défricher la terre des origines. Elle n’est pas néerlandaise, pas bosniaque. Elle n’est pas encore une femme, mais plus une jeune fille, jusque dans sa sexualité qu’elle explore dans ce voyage vers le père. Alma est une âme errante, presque lisse, ballotée par les évènements qu’elle subit au début.

La route est l’occasion pour elle de découvrir cette jeune fille en mutation qui, face à la mer, deviendra une femme. Chaque personnage ignore que ce bout de brousse les mène vers un ailleurs qui les transcende. Emir aime son pays et ne le quittera pas, même s’il comprend que la guerre l’a jeté à terre. Denis profite des petites combines pour essayer de se faire une place au soleil. Son histoire d’amour avec Alma ressemble à toutes les autres, sans lendemain, un coup de passage. Il sortira lui aussi transformé par le voyage en passant par le pays d’Hadès pour renaitre. Le sexe parcourt le film, comme un autre récit de quête pour se définir. À la fin, on meurt et on renait par lui. L’absence du père ne semble pas être un fait marquant ni pesant. Pourtant, il hante le récit tout au long de la piste.

Il représente la raison d’être du chemin.  C’est la découverte d’un pays d’abord, dans son urbanisation entre l’Est communiste d’hier et l’Ouest capitaliste aux néons clinquants d’aujourd’hui. Les acteurs manquent parfois d’expression, d’empathie, cela peut dérouter le spectateur au début. La réalisatrice s’explique : « J’ai pratiqué la méthode de Bresson qui consiste à “utiliser les acteurs comme des mannequins”. Puisque c’est la caméra qui transmet les émotions, il n’est pas nécessaire de les montrer à nouveau sur les visages des comédiens ; c’est pour cela qu’ils ont l’air si stoïques. » Nous saluerons le travail esthétique, le soin apporté à chaque plan dans une mise en scène stylisée, semblant parfois artificielle. Ena Sendijarevic est une jeune réalisatrice à la démarche intéressante qui, avec le temps, pourrait bien nous surprendre.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


Casting : Tim Kagrin, Rebecca Van Unen

Photographie : Hotographie Emo Weemhoff

Décors : Myrte Beltman

Costumes : Nedda Nagel

Coiffures et maquillages : Trudy Buren

Prise de son : Taco Drijfhout

Montage : Lot Rossmark

Design sonore : Vincent Sinceretti

Musique : Ella Van Der Woude

Production : Pupkin, Iris Otten, Layla Meijan

Réalisation, Scénario :  Ena Sendijarevic

Distribution:

Alma : Sara Luna

Zoric Denis : Lazar Dragojevic

Emir : Ernad Prnjavorac

La mère : Sanja Buric

La chanteuse : Jovana Jasna Đuricic

Le politicien : Mario Knezovic

Le magicien : Emir Hadzihafizbegovic