Stella, une vie allemande
___
En Bref
Nous sommes en 1940. Stella et ses amis rêvent de monter un orchestre de jazz. C'est la fin de l'insouciance, la tempête se lève en Allemagne comme ailleurs. Stella semble ignorer le son des trompettes de l'Apocalypse. Elle continue à profiter du temps qui passe malgré son étoile jaune. Elle participe à l'effort de guerre, malgré elle, dans une usine de munitions. 1943, elle échappe de peu à la déportation et doit vivre avec ses parents dans la clandestinité. Stella est un oiseau qui ne peut rester en cage. Elle découvre les petits trafics en tous genres qui agrémentent son quotidien de bannie. Elle finit par se faire prendre par les hommes aux manteaux noirs, la Gestapo. Torturée, elle bascule dans le camp de l'ennemi en dénonçant ses amis et tous les Juifs qu'elle démasque. Après la guerre, son passé la rattrape. Elle doit faire face à un procès retentissant pour ses actes. C'est la vie de cette femme allemande, blonde aux yeux bleus, au profil aryen, entre la survie et la trahison.
Le cinéma allemand continue d'explorer la face la plus sombre de son histoire. Les jeunes réalisateurs soulèvent des pans inconnus qui convoquent le choix de l'âme humaine. La vie de Stella Goldschlag est un exemple d'une époque qui voit basculer une vie du bien au mal. Elle appartient à une famille moyenne, son père travaille à la Gaumont. Elle suit des cours de dessin aux beaux-arts et se lance dans la chanson avec un orchestre de jazz. Une vie pleine de promesses que l'arrivée des nazis et des lois antisémites font basculer dans un purgatoire quand la survie devient son unique horizon. Avec d'autres amis, elle se lance dans un trafic de faux papiers qui lui permet de survivre sans trop de difficultés. Est-ce un choix opportuniste pour se remplir les poches ou un combat dans l'ombre ? Est-ce la résistance au nazisme de l'intérieur, un sujet peu connu ? La vie de Stella est marquée par ce sceau du bien et du mal, du bonheur et du malheur. C'est une femme controversée, très connue en Allemagne et souvent surnommée « le Grappin », « le Poison blond ».
Elle fait penser à Janus, dieu des choix, en référence à ceux qu'elle devra faire tout au long de sa vie. Elle représente cette jeunesse éprise de liberté, de désir, prise en étau, sacrifié par la guerre. C'est un courant artistique prometteur que le nazisme étouffe. Elle est aussi l'image de la condition des Juifs, utilisés pour l'effort de guerre et que l'on finit par envoyer à la mort. Elle échappe à celle-ci et à un destin de misère plusieurs fois. On pourrait aussi évoquer une sorte de résistance à l'ennemi avec son trafic de faux papiers. C'est une femme allemande qui traverse la guerre comme la majorité de ses compatriotes, dans l'ombre de la mort et de la peur. L'autre visage est plus monstrueux. Elle se montre zélée dans son rôle de dénonciatrice en envoyant plusieurs milliers de Juifs dans des convois sans retour. Elle nous interroge sur cette question sans réponse : qu'aurais-je fait à sa place ? Est-ce que la peur de mourir, la survie à tout prix, justifie des actes ignobles ?
Stella est pour certains une victime de plus de cette guerre sans nom et pour d'autres, un bourreau de plus. Kilian Riedhof nous interroge sur les mécanismes complexes et ambigus de la délation et de la collaboration. Le film prend le ton bleu des nuits sans fin dans ce labyrinthe de la perdition. Il nous offre des scènes impressionnantes comme cette bacchanale sous les bombes au son des Walkyries. Pour le reste, la mise en scène reste classique. Paula Beer, dans un rôle difficile, se montre une fois de plus remarquable. Stella finira en 1994, à 72 ans, par se suicider, sans doute ne supportant plus le poids d'une mémoire trop lourde. Stella, une vie allemande nous rappelle que cette période n'a pas fini de nous hanter. Elle nous montre combien l'âme humaine est fragile quand elle doit choisir entre ténèbres et lumière.
Elle fait penser à Janus, dieu des choix, en référence à ceux qu'elle devra faire tout au long de sa vie. Elle représente cette jeunesse éprise de liberté, de désir, prise en étau, sacrifié par la guerre. C'est un courant artistique prometteur que le nazisme étouffe. Elle est aussi l'image de la condition des Juifs, utilisés pour l'effort de guerre et que l'on finit par envoyer à la mort. Elle échappe à celle-ci et à un destin de misère plusieurs fois. On pourrait aussi évoquer une sorte de résistance à l'ennemi avec son trafic de faux papiers. C'est une femme allemande qui traverse la guerre comme la majorité de ses compatriotes, dans l'ombre de la mort et de la peur. L'autre visage est plus monstrueux. Elle se montre zélée dans son rôle de dénonciatrice en envoyant plusieurs milliers de Juifs dans des convois sans retour. Elle nous interroge sur cette question sans réponse : qu'aurais-je fait à sa place ? Est-ce que la peur de mourir, la survie à tout prix, justifie des actes ignobles ?
Stella est pour certains une victime de plus de cette guerre sans nom et pour d'autres, un bourreau de plus. Kilian Riedhof nous interroge sur les mécanismes complexes et ambigus de la délation et de la collaboration. Le film prend le ton bleu des nuits sans fin dans ce labyrinthe de la perdition. Il nous offre des scènes impressionnantes comme cette bacchanale sous les bombes au son des Walkyries. Pour le reste, la mise en scène reste classique. Paula Beer, dans un rôle difficile, se montre une fois de plus remarquable. Stella finira en 1994, à 72 ans, par se suicider, sans doute ne supportant plus le poids d'une mémoire trop lourde. Stella, une vie allemande nous rappelle que cette période n'a pas fini de nous hanter. Elle nous montre combien l'âme humaine est fragile quand elle doit choisir entre ténèbres et lumière.
Patrick Van Langhenhoven
Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :
Titre original : Stella. Ein Leben.
Titre français : Stella, une vie allemande
Réalisation : Kilian Riedhof
Scénario : Marc Blöbaum, Jan Braren, Kilian Riedhof
Photographie : Benedict Neuenfels
Montage : Andrea Mertens
Musique : Peter Hinderthür
Costumes : Thomas Oláh
Pays de production : Allemagne
Langue originale : allemand
Format : couleur
Genre : drame
Durée : 116 minutes
Dates de sortie : 17 janvier 2024
Distribution
Paula Beer : Stella Goldschlag
Katja Riemann : Toni Goldschlag (de)
Lukas Miko : Gerd Goldschlag (de)
Jannis Niewöhner : Rolf Isaakson
Damian Hardung : Manfred Kübler
Bekim Latifi : Aaron Salomon
Maeve Metelka : Inge Lustig
Joel Basman : Johnny
Nikolai Will : Gestapo Klops
Roland Silbernagl : Jüdischer Ordner
Gabriele Schulze : Alte Gefangene
Robin Sondermann : Kurz
Daniel Holzberg : Jüdischer Familienvater
Anke Fuenfstueck : Zahnarzthelferin von Dr. Schreyer
Nuri Yildiz : Jüdischer Gefangener
Rony Herman : Heinz Gottschalk
Joshua Jaco Seelenbinder : Cioma Schönhaus
Ulrich Schmissat : Polizeizahnarzt Dr. Schreyer
Artur Sorokin : Jüdischer Gefangener
Lea Marie Meier : Heimchen
Niklas Mitteregger : Schwöbel
Peter Miklusz : Heinrich
Jeanette Spassova : Frau Rotholz
Benjamin Morik : Ehemann
Christian Tillmanns : membre de la famille juive
Werner Wilkening : Conradi
Titre français : Stella, une vie allemande
Réalisation : Kilian Riedhof
Scénario : Marc Blöbaum, Jan Braren, Kilian Riedhof
Photographie : Benedict Neuenfels
Montage : Andrea Mertens
Musique : Peter Hinderthür
Costumes : Thomas Oláh
Pays de production : Allemagne
Langue originale : allemand
Format : couleur
Genre : drame
Durée : 116 minutes
Dates de sortie : 17 janvier 2024
Distribution
Paula Beer : Stella Goldschlag
Katja Riemann : Toni Goldschlag (de)
Lukas Miko : Gerd Goldschlag (de)
Jannis Niewöhner : Rolf Isaakson
Damian Hardung : Manfred Kübler
Bekim Latifi : Aaron Salomon
Maeve Metelka : Inge Lustig
Joel Basman : Johnny
Nikolai Will : Gestapo Klops
Roland Silbernagl : Jüdischer Ordner
Gabriele Schulze : Alte Gefangene
Robin Sondermann : Kurz
Daniel Holzberg : Jüdischer Familienvater
Anke Fuenfstueck : Zahnarzthelferin von Dr. Schreyer
Nuri Yildiz : Jüdischer Gefangener
Rony Herman : Heinz Gottschalk
Joshua Jaco Seelenbinder : Cioma Schönhaus
Ulrich Schmissat : Polizeizahnarzt Dr. Schreyer
Artur Sorokin : Jüdischer Gefangener
Lea Marie Meier : Heimchen
Niklas Mitteregger : Schwöbel
Peter Miklusz : Heinrich
Jeanette Spassova : Frau Rotholz
Benjamin Morik : Ehemann
Christian Tillmanns : membre de la famille juive
Werner Wilkening : Conradi
Christian Skibinski : Arbeiter (non crédité)
