« Rétines et pupilles, les garçons ont les yeux qui brillent. Pour un jeu de dupes : Voir sous les jupes des filles, et la vie toute entière, absorbée par cette affaire. Par ce jeu de dupes : Voir sous les jupes des filles. » Alain souchon
On la voyait comment, la fille de demain dans nos cours de récréation, nos années à prendre la relève des gens de la maison bleue. On la voyait comment la nouvelle drôlesse, celle qui nous ferait pâmer le cœur et déplacer des montagnes. On ne la voyait pas comme Audrey Dana sous les jupes des filles, pas comme notre mère un peu libérée, mais avec pas mal de casseroles dans la cuisine et le cœur.
Le film s’ouvre sur une scène qui ne restera pas dans l’anthologie du cinéma. Nous comprenons que nous serons plus dans le rouge qui tache que dans le romantisme. On parlera plus de queue qui manque que de baise au clair de lune. Cette fille abandonnée dans sa chambre, désespérée, s’enfonce un objet réservé à la gent féminine à certaines périodes mensuelles comme le loyer qui revient et fait mal... Cette fille voudrait par cette scène nous parler de la liberté enfin acquise des femmes et comme le dit Rousseau. « L’homme (la femme) est né(e) libre et partout elle est dans les fers ». C’est bien ce qui lui arrive dans ces presque deux heures, se retrouver engoncée dans le carcan de la caricature, frôlant le comble pour une femme, la misogynie.
C’est parti pour du lourd, de l’irrévérencieux. La réalisatrice nous dit du neuf au pays de Vénus, les hommes comprendront enfin ce qu‘est une femme d’aujourd’hui. Défile alors une galerie digne du courrier du cœur, caricature de nos mères, un portrait semblant tracé par un abruti de beauf entre deux picoles ! Dans le désordre vous découvrirez la femme d’entreprise aux hormones de camionneur, qui s’est faite toute seule. La pauvre n’a pas d’amis, pas de rendez-vous galants, juste son canapé pour se désespérer les soirs de pleine lune. Elle considère son assistante la pauvrette comme Meryl Streep dans Le diable s’habille en Prada. Nous enchainerons au jeu des sept familles avec la mère débordée et une bande de marmots s’accrochant, comme dans les livres de Dickens, à ses jupes. Le mari est trop fatigué par sa journée de travail pour soutenir la pauvre Cendrillon des temps modernes. Elle ne trouve pas un prince charmant dans son paquet de Bonux, mais une baby-sitter lesbienne. En écoutant la damoiselle discuter courrier du cœur aux toilettes, elle tombe en pâmoison et se dit qu’elle essaierait bien la découverte de cette voie. Il nous manque la femme aux cornes aussi grandes que la ramure du premier élan ! Elle fait son coming out au boulot et refile les marmots en garde partagée à sa nouvelle concurrente. N’oublions pas la pauvre fille apeurée qui a besoin d’un mâle pour la réconforter, sinon c’est un soir de cafard.
Les hommes sont tous des pervers narcissiques et les femmes des meurtrières. L’avocate, femme du monde, pète comme tout le monde, surtout quand grimpe l’émotion amoureuse comme le thermomètre l’été. À ce niveau, tu te dis que ce n’est plus de la caricature, mais du grossier, du vieux fourneau, de l’ancien, de l’antiquité qu’on voudrait te vendre pour de l’original. Il y a longtemps que ces portraits trônent sur les rayons des musées, que Cro-Magnon a jeté la matraque. Les dialogues relèvent du même niveau. A en croire le petit rossignol d’aujourd’hui, les hommes veulent refaire les nichons de leurs femmes et elles, leurs bites. Autre extrait, les femmes c'est comme les yaourts, quand ça arrive à date de péremption elles se tendent, elles se gonflent et elles explosent. Un moment j’ai craint le pire avec l’utilisation du yaourt. Le couple se sépare, elle retire l'alliance tout en lui rappelant les petites misères de la vie à deux, les poils dans le lavabo, la lunette des toilettes, etc. Ce n’est pas la première fois qu’on me la fait celle-là, en light ou en trash. Elle ne me fait même plus rire. Le film se voulait cinglant et réaliste, la séquence onirique du restau tombe comme un poil dans la soupe.
Sylvie Testud, gynécologue, apprend qu’elle a un cancer du sein et en sortant, regarde le ciel avec en fond les petits oiseaux ? A la fin, le dernier romantique que je suis jette l’éponge, crie stop ! On peine encore pour faire admettre aux féministes, aux fétichistes, à ma grand-mère qu’aujourd’hui l’homme et la femme c’est comme un yin et un yang. Nous n’avons que faire de ces mauvais tableaux dans un musée poussiéreux, ces figures dépassées dans la majorité des cas. Si j’ai bien compris l’esprit du film, aujourd'hui la femme gagne la démocratisation du sex-toy et la cuisine la libéralisation du concombre et de l'aubergine. La mise en scène est commune et ne s’envole pas vers des sommets d’originalité. Nous nous demandons comment une pléiade d’actrices se lancent dans ce tsunami, ce marronnier des magazines estivaux : qu’est-ce que la femme d’aujourd’hui ? En conclusion Sous les jupes des filles, circulez, il n’ y a rien à voir. Je vais me repasser Roméo et Juliette de Zefirelli, c’est ancien, mais encore si beau à voir.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Sous les jupes des filles
Titre anglais : French Women2
Réalisation : Audrey Dana
Scénario : Audrey Dana, Murielle Magellan, Raphaëlle Valbrune
Production : Fidélité Films, Présence Film Média et Variance
Musique : Imany
Genre : comédie dramatique
Distribution
Vanessa Paradis : Rose
Isabelle Adjani : Lily
Laetitia Casta : Agathe
Sylvie Testud : Sam
Marina Hands : Inès
Alice Belaïdi : Adeline
Géraldine Nakache : Ysis
Julie Ferrier : Fanny
Audrey Fleurot : Sophie
Alice Taglioni : Marie
Audrey Dana : Jo3
Pascal Elbé
Alex Lutz
Stanley Weber : James
Nicolas Briançon
Marc Lavoine
Guillaume Gouix
Yvonne Gradelet
Laure Calamy