Ingérable pour son propre camp, Aatami est envoyé au fin fond de la Laponie. On espère bien que dans ce désert froid, en pleine toundra, il se calmera. Les Russes en savent quelque chose et en pleine Seconde Guerre mondiale ils espèrent bien que ce fantôme ne reviendra pas les hanter. Aatami est tranquille avec son chien, sa pioche et le silence pour compagnon. Il trouve un filon d'or qui lui permettra de couler des vieux jours heureux. En route pour la ville avec son magot, le vieil homme tombe sur un convoi nazi mené par le commandant Bruno Helldorf. Ce n'est pas un vieux débris qui risque de menacer le repli des troupes, l'arrière-garde se chargera du chien et de son maître. Il existe un vieux dicton qui dit qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ! Et quand l'ours refuse de mourir et qu'il déchaine l'enfer à chaque fois qu'on le croit mort, je vous laisse deviner la suite.
« Je ne rendrai pas les ruines tant que je serai vivant ». Une traduction du Sisu.
Helander assume pleinement le statut de série B comme pour son précédent film Père Noël origines. Ce n'est pas un mélange de John Wicks pour le chien mort, de Rambo pour la baston, le tout poussé à l'extrême. Il travaille son récit à l’épure, presque à l'os que fracture sans compassion Aatami. Sisu est divisé en chapitres, comme dans le livre d'une genèse apocalyptique allant crescendo. Le vieux semble passer ad patres à chaque chapitre pour revenir d'entre les morts encore plus furieux. Le spectateur entre dans la ronde infernale sans se poser de questions jusqu'au dénouement final. Il suit la piste sanglante dans un ballet furieux, avec des séquences mémorables, comme ces six walkyries sortant de la brume, armées pour la vengeance.
Quand on demande à Aino, l'une d'entre elles, ce qu'est un Sisu, elle répond : « un type qui refuse de mourir. » Les dialogues, comme le paysage et le nœud de l'histoire, touchent à l'essentiel sans s'embarrasser du pourquoi ni du comment. Sisu travaille le survival à l'économie sans jamais partir dans des digressions inutiles. Tout tient dans la confrontation aux pires salopards du vingtième siècle, les nazis. En face, un fils de Viking qu'Odin et Thor semblent avoir pris sous leur aile. Le Sisu, intraduisible, est ici poussé dans sa version la plus hard. Il n'a jamais mieux mérité sa traduction approximative « les tripes, le ventre ». Il appartient à la philosophie finlandaise, l'esprit de la nation des trois S, Sisu, Sauna et Sibelius.
La séquence finale, comme le film, pourrait bien devenir un moment culte, dans sa flamboyance extrême, que je vous laisse découvrir. Nous imaginons facilement le purgatoire, le Valhalla dans ce paysage à l'horizon infini, planté de quelques arbres squelettiques, de masures en ruine. On pense à la tragédie antique. Bien plus que la lutte du bien et du mal, c'est celle d'Éros et de Thanatos. La réalité laisse place à l'improbable, à la violence proche du gore pour mieux extérioriser une fureur qui refuse le chaos. Il n'est même pas question de vengeance, juste d’une parabole dans laquelle il s’agit de ne jamais céder face aux démons. Tout devient miroir de la seule chose qui compte, un amour perdu, un chien, quelques pépites d'or.
Patrick Van Langhenhoven
Support vidéo : Pal, Couleur, Stereo 16:9 compatible 4/3
Langues Audio : français - Dolby Digital 5.1
Sous-titres : français
Edition : M6
Titre français : Sisu : de l'or et du sang
Titre original : Sisu
Réalisation : Jalmari Helander
Scénario : Jalmari Helander
Photographie : Kjell Lagerroos
Montage : Juho Virolainen
Musique : Juri Seppä, Tuomas Wäinölä
Production : Petri Jokiranta
Sociétés de production : Subzero Film Entertainment, Stage 6 Films, Good Chaos
Sociétés de distribution : Nordisk Film (Pays nordiques), Lionsgate (Amérique du Nord), Sony Pictures Releasing (international)
Pays de production : Finlande, États-Unis
Langue originale : anglais, finnois
Format : couleur
Genre : action, guerre
Durée : 91 minutes
Dates de sortie : 21 juin 2023
Distribution Jorma Tommila : Aatami Korpi
Aksel Hennie : Bruno Helldorf
Jack Doolan : Wolf
Mimosa Willamo : Aino
Onni Tommila : Schütze