Seuls

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Un film de David Moreau ,
Avec Sofia Lesaffre, Stéphane Bak, Jean-Stan,

Genre : Fantastique
Durée : 1h30
France

En Bref

La vie semblait s’étirer, paisible, avec ses quelques petites douleurs quotidiennes, le petit harcelé à l’école par exemple. Pour Leila, il y a avait bien son frère dans le coma depuis l’accident et les jours vides sans lui. Ce matin-là, le monde avait changé. Les couleurs du ciel prenaient celles de l’hiver quand la tempête s’annonce. C’était le gris uniforme et la pluie battant le rythme d’un univers vide. Ce matin-là, Leila découvre une maison une vide comme les rues où elle court à perdre haleine. Plus aucun adulte, aucun être vivant ne semble sillonner les rues de la ville.

Elle est seule, sans âme qui vive, jusqu’au moment où elle croise la route d’autres jeunes, Dodji, Yvan, Camille et Terry. Dodji au passé trouble, que faisait-il dans ce commissariat ? Victime ou coupable ? Camille et Terry se sont perdus dans la ville comme Leila, quant à Yvan, ils font sa connaissance en répondant à un SOS. Ils vont devoir fuir une étrange menace surgie de l’ombre, le maitre des couteaux. Tenter de percer le mystère de cette cité sans âme et ses nombreuses surprises qui, comme les feuilles mortes, se ramassent à la pelle. Au bout de la route, ils trouveront peut-être les réponses à toutes les énigmes ou d’autres questions sans réponse.

Est-ce le manque d’idées, d’originalité ou la découverte d’un univers facilement adaptable au cinéma ? Allez savoir pourquoi, la bande dessinée, comme le navire du capitaine Haddock, a le vent en poupe. On ne compte plus les adaptations passées ou à venir, des Profs (et de sa suite), de Boule et Bill (une suite cette année), de L’Élève Ducobu (deux films), XIII, et bientôt Spirou et Fantasio, Le Petit Spirou, le petit Nicolas, et Gaston Lagaffe. Tous ne connaitront pas le succès des sunlights, mais en général, on peut s’attendre à un score honorable comme leur version cinéma. La surprise viendra peut-être de Valérian en fin d’année. Seuls est une BD de Bruno Gazzotti au dessin et Fabien Vehman au scénario, elle compte à ce jour 10 épisodes sur 22 selon les auteurs.

Elle n’échappe pas à la règle du point de vue. Pour le fan de la série, c’est plutôt raté. Seuls se transforme en sous Labyrinthe, des films tirés de romans pour jeunes adultes dans la veine d’Hunger Games, etc. Le scénario choisit la facilité pour nous servir son pesant de scènes déjà vues par-ci par-là. On sacrifie des personnages comme le maitre des couteaux, plus inquiétant dans la BD. Dodji devient un délinquant avec son passé lourd de conséquences que je ne dévoile pas. Leila perd de sa ténacité et de son mordant, comme Camille son romantisme de princesse de conte de fées, Yvan devient un gosse de riches et Terry prend quelques années. La plus grosse déception est le personnage de Saul, raciste de bas étage et dictateur. La bande dessinée développait tout un discours sur la mort, l’enfance perdue, la différence et bien d’autres thématiques, avec nuance et profondeur. La réalisation choisit d’effacer la lumière, jouant sur des contre-jours parfois limites, des nuances de gris et d’ombre noyant une partie de l’image.

Vous allez me dire, c’est la couleur d’un monde vide ou une tension impalpable règne. Je vous l’accorde, mais pas au point de perdre les personnages de vue. Au départ, les couleurs et la ligne claire de Bruno Gazzotti tranchent avec le côté sombre, offrant une autre lecture. La direction d’acteurs manque de punch et certains rôles perdent en tonalité. Toute l’originalité disparaît au profit d’une mode pour coller à l’air du temps. De ce point de vue, le film est plutôt sympathique sans être la révolution du genre. Depuis Ils, son premier film fantastique, après un remake américain The Eye, David Moreau réalise une comédie romantique honnête en 2013, 20 ans d’écart. Seuls est du même bois, avec une fin appelant une suite si le box-office marche, ce que nous lui souhaitons, même si c’est dommage de passer à côté du fond de la BD en privilégiant la forme. Conclusion, pour notre part, nous ne retrouvons pas la profondeur de l’univers original et sa version tendance du jour ne nous accroche pas.

Patrick Van Langhenhoven