Le réalisateur part en quête de ces nombreuses interrogations pour chasser les fantômes qu’elles éveillent depuis son enfance. Il découvre une nouvelle famille, un frère, une sœur, une belle-mère, heureux de faire sa connaissance. Il découvre un père et sa chèvre, plus précieuse qu’un fils. Il découvre que les réponses ne sont que silences. La caméra ne triche pas et suit le chemin d’une quête sans la trahir. Il saisit l’essentiel des gestes et des paroles quand elles deviennent rares. Le père se retranche derrière le mutisme, que l’image, dans de longs plans-séquences, tente de percer. Le cinéma se transforme en une thérapie plus utile au réalisateur qu’à la majorité du public.

Ce dernier comprend que les histoires possèdent un terreau commun, un terroir d’origine. Hélas, très vite, elles prennent un autre chemin plus personnel. Le film finit par nous perdre dans des plans trop longs dans lesquels le visage du père n’exprime rien que le silence mortel. Il devient plus intéressant quand il explore le monde autour, la belle-mère peu prolixe, le frère, la sœur et la mère restée au pays. Rencontrer mon père dans cette forteresse de silence où l’auteur n’obtient aucune réponse, ferme peut-être des blessures, mais en ouvre d’autres. Le père s’inquiète du regard du fils et surtout de celui des autres avec son image souvent mutique, immortalisée par la caméra. Nous pouvons nous interroger sur le poids de cette dernière dans la rencontre, le trouble qu’elle provoque peut-être. Quelle est la part de vérité et d’arrangement avec soi-même ?

 Patrick Van Langhenhoven