Notre monde a bien changé depuis les bouleversements climatiques et la dernière guerre des frontières. L’océan grignote les terres et Miami a les pieds dans l’eau. Nick Bannister est un enquêteur d’un genre particulier. Il vous emmène en voyage au cœur de vos souvenirs, la seule chose qui reste pour oublier le présent. De temps en temps, la police l’appelle avec sa machine à remonter le temps pour interroger des criminels. Un jour, Mae lui demande d’utiliser celle-ci pour retrouver ses clefs. Pour la première fois, Nick oublie toutes ses précautions et tombe amoureux de la belle. Lorsqu’elle disparait, fantôme évanescent de passage dans sa vie, il ne comprend pas et remonte le temps pour, à travers ses souvenirs et ceux des autres, retrouver la princesse qui a volé son cœur. La quête dévoile une autre femme, une réalité bien différente. Est-il tombé dans un traquenard ? Diablesse ou ange ? C’est à cette question qu’il tente de répondre dans un voyage qui ne sera pas sans risque. Comme le poète le chante si bien, la mémoire nous joue des tours.
Lisa Joy, scénariste de la série à succès Westworld se glisse dans les pas de son beau-frère, Christopher Nolan pour un voyage au cœur de la mémoire. Entre thriller et introspection, elle compose un récit tout en profondeur pour ce premier long métrage. La symbolique n’est jamais loin, que ce soit l’eau pour remonter aux origines, la clef pour ouvrir les portes, le temps, les objets, etc. Cette histoire complexe s’interroge sur notre passé et forcément notre présent, quand il ne reste plus rien, quand le monde n’est plus une sinécure, que le présent se fait la malle avec l’avenir. Quand les braves gens marchent sur l’eau sans faire de miracle. Quand les riches, les bailleurs, se la coulent douce les pieds aux secs, il ne vous reste plus qu’un territoire pour vous accrocher au présent. Il vous suffit de revenir sur hier dans les pas de vos meilleurs souvenirs.
Jusqu’à présent, le passé nous permettait de dévoiler les clefs des secrets du temps présent. Nous avançons vers l’horizon pour nous construire, oubliant, effaçant parfois nos souvenirs. Ils étaient ces objets nostalgiques que l’on sort de la malle du grenier. Dans Reminiscence, ils deviennent partie intégrante, voire le seul moyen de grandir quand l’horizon n’existe plus. Hélas, pour atteindre cette lecture il faudra passer le labyrinthe d’un film qui voulait être trop de choses à la fois. C’est ici que se perd Reminiscence, ce n’est pas un film d’action, avec ses séquences-chocs, pas un film d’auteur avec sa réflexion sur le temps qui passe et celui qui vient. Ce n’est pas non plus une comédie romantique, ni Isaac Asimov, ni Philip José Farmer, Kurt Vonnegut, maitres de la science-fiction.
Les décors sont bien léchés et la photographie ne manque pas d’un certain spleen avec sa voix off à la Philip Marlowe. Le film se cherche, sans doute dans les méandres du passé, avec son air de polar des années trente. Il regarde vers Strange Days de Kathryn Bigelow, Angel Heart d’Alan Parker, Valérian pour sa ville engloutie sous les flots. Le problème reste le même que pour la série Westworld, sa complexité, sans avoir la durée pour s’en sortir. Il ne faut pas oublier que c’est un premier film qui, malgré une mauvaise critique, mérite mieux. Nous sentons bien que Lisa Joy ne manque pas d’idées ni d’ambition. Il faut juste lui laisser le temps de s’émanciper du passé pour trouver sa propre voie. Sous ses airs classiques d’une histoire déjà vue souvent, nous avons l’impression d’être prisonniers d’une boucle du passé obsessionnelle, pas franchement désagréable, mais vite oubliée.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original et français : Reminiscence
Titre québécois : Réminiscence
Réalisation et scénario : Lisa Joy
Ramin Djawadi
Direction artistique : Matthew Gatlin
Décors : Howard Cummings
Costumes : Jennifer Starzyk
Photographie : Paul Cameron
Montage : Mark Yoshikawa
Production : Michael De Luca, Lisa Joy, Jonathan Nolan et Aaron Ryder
Production déléguée : D. Scott Lumpkin
Sociétés de production : FilmNation Entertainment, Kilter Films et Michael De Luca Productions
Sociétés de distribution : Warner Bros.
Budget : 68 millions de dollars3
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur — 2.39:1
Genres : science-fiction, drame, romance, thriller
Durée : 116 minutes
Dates de sortie4 : 25 août 2021
Distribution
Hugh Jackman (VF : Jérémie Covillault) : Nick Bannister
Rebecca Ferguson (VF : Laura Blanc) : Mae
Thandie Newton (VF : Annie Milon) : Watts
Daniel Wu : Saint Joe
Cliff Curtis : Cyrus Boothe
Nico Parker : Zoe
Angela Sarafyan : Elsa Carine
Natalie Martinez (VF : Anaïs Delva) : Avery Castillo
Marina de Tavira
Mojean Aria : Sebastian
Brett Cullen : Walter Sylvan