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affiche Raoul Taburin

Raoul Taburin

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Un film de Pierre Godeau,
Avec Benoît Poelvoorde, Edouard Baer, Suzanne Clément,

Genre : Comédie
Durée : 1h30
France

En Bref

Raoul Taburin cache un lourd secret, plus qu’un petit vélo qui tournerait dans sa tête. Depuis sa plus tendre enfance, alors que tous l’imaginent le roi de la bicyclette, le prince des envolées improbables et autres acrobaties vélocipédiques, il ne sait pas faire de vélo. Il ne peut se confier à personne sous peine qu’une catastrophe imminente sous forme d’éclair foudroyant n’élimine le détenteur du secret. Raoul vit avec son mensonge et s’arrange pour parcourir la vie sans encombre. À défaut, il devient le roi de la mécanique des cycles, pignons, chaînes, roues, dérailleurs, aucune pièce ne lui résiste. Il suffit qu’il écoute chanter le vélo comme la vie pour deviner ce qui cloche. Depuis, dans tout le village sans prétention, on dit un Taburin pour nommer le deux-roues. La vie court ainsi comme l’eau du ruisseau, sans encombre, en chantant le bonheur de chaque jour et de l’amour. Même Madeleine à qui il n’a jamais apporté de lilas, mais l’assurance d’une vie enchantée, ne sait rien. L’arrivée de Figougne, un photographe cherchant à immortaliser villages visages comme JR et Agnès Varda, risque de tout chambouler. Raoul gardera-t-il longtemps son secret ?


Pour :

Entre Tati et Jacques Prévert, la bande dessinée de Sempé déploie une poésie touchant l’essentiel sans falbala ni tralala. Elle utilise l’économie du mot, du geste, de l’instant saisi en quelques coups de crayon pour raconter les aventures de Raoul Taburin. Le vélo et ses petites roues, nous l’aurons compris, aborde bien plus de sujets en profondeur. Au-delà du simple fait de s’élancer dans l’existence entre chute et apprentissage, c’est la vie qu’il creuse dans son sillon le plus profond. L’exercice de l’adaptation devient donc plus difficile. Comment, entre la voix off et les aventures de jeunesse, la présence d’un Raoul campé avec tact et adresse par Benoît Poelvoorde, trouver le ton juste ? L’exercice n’est peut-être pas parfait, mais il contient une petite poésie qui parfois se prend d’envolées lyriques.

Le vélo devient la vie, du premier amour à son dernier accomplissement. Il parle du temps qui passe, des premiers émois, de la mort du père, de l’absence, du désir, d’être et paraître, de trouver son chemin juste entre vérité et mensonge. Démonter le vélo c’est décortiquer l’existence pour tenter de mieux la comprendre. Lâcher les petites roues c’est être capable d’avancer seul sans soutien. La métaphore habille le récit, se glisse dans les silences pour toucher à l’âme. La photo est une autre façon de saisir la vie et de l’immortaliser dans les albums jaunis. Sempé semble plutôt satisfait de l’œuvre finale, avec ses petites trahisons, personnages ajoutés, oubliés, petite parabole en plus. Il voue une affection toute particulière pour l’incarnation de son Raoul Taburin par un acteur dessinateur. La mise en scène n’est pas parfaite, mais nous lui pardonnerons ses déraillements de pignons portés par un ensemble qui devrait ravir toute la famille.

 Patrick Van Langhenhoven

 Contre :

 Raoul Taburin  est le pari risqué d’adapter en live un roman graphique de Sempé. Et d’autant plus risqué que l’argument mis en dessins humoristiques  était dès le départ bien mince et aujourd’hui très daté : Un réparateur de vélo, incarné par Benoit Poelvoorde, n’a jamais avoué à personne son incapacité à enfourcher une bicyclette. Un lourd secret qu’il garde en lui depuis l’enfance et qu’il confie en voix off et flashs back au spectateur. Il est donc bien embarrassé quand débarque  dans le petit village de la Drôme où il réside avec sa femme et son gosse, un photographe pompeux (Edouard Baer, mal dirigé)  qui lui demande de prendre la pose, en action, sur son vélo…

En promotion, Benoit Poelvoorde tonitruait récemment son amour inconditionnel pour Sempé. Sempé lui-même ayant déclaré ne voir personne d’autre que l’acteur belge incarner son Raoul Taburin. Et c’est vrai qu’il joue le jeu. Pourtant cela ne suffit pas à sortir cette nouvelle adaptation de l’humoriste de la fadeur et de la naïveté artificielle. Même si toutes les couleurs de la nostalgie pourront avoir un petit effet sur les grands-parents accompagnants.

 Marie Aimée

Note du support : n/a
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