Radioactive

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Un film de Marjane Satrapi ,
Avec Rosamund Pike, Sam Riley, Aneurin Barnard,

Genre : Biographique
Durée : 1h50
Royaume-Uni

En Bref

C’est l’histoire de Marie Salomea Skłodowska, plus connue sous le nom de Marie Curie. Elle s’impose dans une société scientifique dominée par la gent masculine à la fin du dix-neuvième siècle. Cette jeune fille brillante a du mal à trouver les moyens matériels nécessaires à ses recherches. La providence, le hasard, le destin et Cupidon jettent les dés en sa faveur. Elle ignore qu’en croisant la route d’un jeune physicien brillant, elle s’apprête à briser le carcan d’un monde coincé dans des idées archaïques et misogynes. Avant de lui demander sa main, Pierre Curie lui offre l’opportunité de travailler dans un labo bien équipé. La jeune femme rejoint l’équipe des chercheurs et se lance dans une quête qui bouleversera le monde. C’est en combinant leurs travaux qu’ils découvrent la radioactivité. Elle bouleverse l’univers des scientifiques et ouvre la voie à de nombreuses promesses. Ils ignorent encore tout de la part sombre de leur immense pas en avant. Ils se marient. Elle donne naissance à deux magnifiques jeunes filles. Pierre obtient le prix Nobel de physique en 1903 qu’il partage avec Marie. Il meurt dans un accident de calèche. Elle continue leurs recherches et obtient le prix Nobel de Chimie en 1911. Elle meurt en 1934, échappant à la vision de la part diabolique de la radioactivité avec Hiroshima.

Marjane Satrapi réussit l’un des plus beaux portraits sur le couple Curie, précis dans ses faits historiques, parsemé d’anecdotes et d’onirisme, cher à la réalisatrice. On apprécie les parallèles avec les effets de la radioactivité sur notre univers présent dans le roman graphique qu’elle adapte. C’est entre la part du diable et des anges, la première machine à radiographier impressionnante, et le monstrueux Hiroshima. Ce sont les ambulances équipées de machines radiographiques portables qui sauveront de nombreux soldats pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles éviteront que l’on ampute sans raison. Marie Curie représente cet idéal porté par les féministes modernes. Elle est la seule femme récompensée par deux prix Nobel. Toute sa vie, elle composera avec une double, voire une triple discrimination, concernant ses origines polonaises, son statut de femme indépendante et peut-être sa condition d’intellectuelle.

Elle se bat contre l’archaïsme d’une fin de siècle. Elle mène à bien des recherches qui changeront la face du monde. Elle imposera ces fameuses ambulances au président de la République et au ministre de la guerre de l’époque. Marjane Satrapi nous propose une réalisation inspirée, montrant la détresse d’une petite fille face à la mort de sa mère, le combat d’une femme libre au sein d’un univers machiste. À l’époque, elle se devait d’être la bonne épouse. C’est la belle histoire d’amour entre un homme et une femme partageant bien plus qu’une quête scientifique. Dans une reconstitution soignée elle s’appuie sur Rosamund Pike, magnifique Marie Curie, pour un récit en relief mélangeant la fiction, les réalités historique, scientifique et leurs effets. Ce sont la première machine à rayon X, Hiroshima, les premiers essais américains qui conduiront à la terrible Little Boy.

Loin de la réalisation académique, c’est un voyage au cœur d’une femme et d’un couple qui nous emporte pour le meilleur et pour le pire. Marjane Satrapi nous rappelle, entre lumière et ténèbres, que nous sommes maitres de notre destin. Elle dévoile le portrait juste d’un Pierre Curie, loin de l’image stéréotypée portée jusqu’à maintenant. C’est bien un couple soudé amoureux et la découverte doit autant à la chimiste qu’au physicien. Irène Joliot-Curie poursuivra les recherches de ses parents et obtiendra le prix Nobel de chimie en 1935. Ève Curie épousera Henry Labouisse, directeur exécutif de l’UNICEF, prix Nobel de la paix 1965. C’est un beau portrait de femme indépendante, volontaire, décidée à vivre comme elle le souhaitait.

Patrick Van Langhenhoven