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affiche Premier contact

Premier contact

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Un film de Denis Villeneuve ,
Avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker,

Genre : Science-fiction
Durée : 1h54
États-Unis

En Bref

Ils sont venus du fin fond de l’espace d’ailleurs, là où les galaxies chantent une langue différente. Douze vaisseaux de forme ovoïde disséminés sur la planète cherchent le contact avec douze nations qui parfois ne se comprennent pas. Démunie, l’armée américaine fait appel à deux spécialistes pour tenter d’établir un premier lien, une jeune linguiste douée, Louise Banks et un physicien, Ian Donnelly. Le monde sombre dans la peur de l’inconnu, les pilleurs envahissent les rues et les armées déploient leurs troupes pour parer à toute éventualité de menace extraterrestre. Les questions vieilles comme le monde au premier contact entre deux civilisations inconnues reviennent sur la table. Qui sont-ils et que veulent-ils ?

Louise comprend que les bipèdes dans leurs combinaisons de survie doivent tomber les masques pour comprendre les céphalopodes derrière leur vitre. Elle brise les règles et apparaît dans toute son humanité face à ces deux heptapodes surnommés Abbott et Costello (noms des deux personnages d’un duo comique américain). Une main, un tentacule se superposent à travers le verre dans une poignée symbolique. Le premier pas vient d’être établi, les premières peurs refoulées, il reste à se comprendre et surtout, communiquer. C’est sous forme de jets d’encre que les créatures dessinent une écriture complexe sous forme de sinogrammes, hiéroglyphes ou kanji complexes. Louise, hantée par d’étranges images, traduit leur langage. Bientôt le monde est pris de folie.

Les Chinois menacent d’enflammer la planète en ripostant dans leur incompréhension à se parler. Louise reste la dernière humaine à éviter le pire en décryptant le dernier message : « arme ». Dans quel sens faut-il le prendre ? Est-ce un cadeau ou une menace de destruction massive ? La vérité comme l’écriture de ces êtres venus du fin fond de l’univers s’avère une fois de plus beaucoup plus complexe.


Denis Villeneuve construit une œuvre complexe à l’image du Premier contact. S’arrêter aux apparences nous couperait de l’essentiel. Il développe plusieurs sujets derrière les extraterrestres c’est d’abord notre capacité à nous comprendre dans cette tour de Babel qu’est le monde. Les heptapodes représentent l’autre, l’étranger, celui qui vient d’ailleurs. La première difficulté reste celle de se comprendre. Comment établir un premier contact sincère si nous dissimulons notre apparence derrière des combinaisons de mensonge ?

C’est en se mettant à nu et dans le premier geste ébauché, se toucher à travers une vitre, que s’établit un pont entre Louise et l’autre. C’est une des images fortes de Premier contact, quand la linguiste enlève sa combinaison. Le cœur du film tourne autour de cette question essentielle, comment communiquer, comprendre l’autre, partager. « Le langage est la première arme de la civilisation » dira un des personnages du film. Combien de guerres, de malentendus à cause d’une mauvaise traduction, interprétation. La langue que l’on parle déterminerait le caractère et le comportement d’une civilisation. C’est en traduisant celui-ci que l’héroïne s’ouvre à une autre réalité, un autre sens du monde. Embrasser celui-ci d’un seul regard et non plus une partie de l’équation. Les heptapodes sont capables d’écrire tout un livre, de livrer une pensée plus approfondie qu’un simple oui.

L’écriture en cercle nous ramène à la roue du temps qui tourne, et de la même façon, il faudra définir celui-ci. La parole n’est plus linéaire, mais sans début ni fin, à l’image du cercle. Décrypter son sens devient le centre du film et le point principal pour Louise. Par la parole, la langue, l’écriture, toute une civilisation s’ouvre à elle. La quête, la route initiatique emprunte celle de la compréhension juste. Ainsi, le mot « arme » devient le centre d’un enjeu qui peut conduire à la guerre ou à la paix. Le film prend toute sa force avec l’actualité au moment où nous nous interrogeons sur les intentions de l’autre. Avant de le rejeter à la mer, il nous faudrait peut-être entendre et comprendre sa parole. Le cercle et sa notion d’infini nous renvoie au temps présent, le fameux ici et maintenant. Même si je connais le voyage et sa destination, je compte bien profiter de chaque instant. C’est le second point fort du récit. Il se développe à travers les rêves et hantises que perçoit Louise au fur et à mesure qu’elle décrypte le message.

C’est la première séquence magnifique, avec en toile de fond cette finalité qui nous emporte tous, la mort. Dans la dernière partie, elle prend toute sa signification. Elle nous ramène au cercle sans commencement ni fin, la boucle éternelle de nos renaissances ou désespoirs. Les extraterrestres ne sont que le prétexte à un discours, des notions philosophiques, des interrogations sur notre monde. C’est le retour à la science-fiction et au texte de Ted Chang La tour de Babylone collection Folio SF où à travers huit nouvelles, la thématique du film est magnifiquement développée. C’est l’une d’elles qui sert de base à Premier contact. La photo de Bradford Young renforce cette notion de réalité, de possible. Nous ne sommes pas dans ces grandes sagas de science-fiction que nous aimons. Paysage aux couleurs de pluie, d’hiver dans une couleur d’eau ramenant à l’œuf, le cercle des origines qui est aussi la forme des vaisseaux. La couleur devient sensuelle entre les décors des vaisseaux et les lueurs d’automne, de ses soleils aux couleurs chaudes de la fin de vie ou de saison.

Autre notion, la mort parcourt l’histoire en fond comme un torrent passant sous la montagne. L’entrée dans le vaisseau nous rappelle le tunnel où au bout brille la lumière du passage. C’est peut-être celui de la naissance, le cercle sans commencement ni fin. Premier contact prolonge la Rencontre du troisième type de Spielberg et nous en livre plus sur nous-mêmes que nous ne le pensons. Il vous reste à décrypter son langage pour pleinement le savourer en attendant la suite de Blade Runner et peut-être Dune par Denis Villeneuve.

Patrick Van Langhenhoven  

Note du support :
4
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.39, Format DVD-9,
Langues Audio : Anglais, Italien, Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Edition : SPHE

Bonus:

  • - la copie digitale du film
  • "La xénolinguistique" : comprendre "Premier Contact" (30' - VOST)
  • "Signatures acoustiques" : la conception sonore (14' - VOST)

Titre français : Premier Contact

    •       Titre québécois : L'Arrivée

    •       Titre original : Arrival

    •       Titre initial : Story of Your Life

    •       Réalisation : Denis Villeneuve

    •       Scénario : Eric Heisserer, d'après la nouvelle L'Histoire de ta vie de Ted Chiang

    •       Direction artistique : Isabelle Guay

    •       Décors : Patrice Vermette

    •       Costumes : Renée April

    •       Photographie : Bradford Young

    •       Montage : Joe Walker

    •       Musique : Jóhann Jóhannsson

    •       Production : Daniel S. Levine, Shawn Levy, David Linde, Karen Lunder et Aaron Ryder

Producteurs délégués : Glen Basner, Dan Cohen, Eric Heisserer, Tory Metzger et Stan Wlodkowski

    •       Sociétés de production : FilmNation Entertainment, 21 Laps Entertainment et Lava Bear Films

    •       Sociétés de distribution : Paramount Pictures (États-Unis), Sony Pictures Releasing France (France)

    •       Pays d'origine : États-Unis

    •       Langues originales : anglais, mandarin et russe

    •       Budget : 47 millions $

    •       Format : couleur — 2,35:1 — son Dolby Digital

    •       Genre : science-fiction

    •       Durée : 116 minutes

    •       Dates de sortie  : 1er septembre 2016 (Mostra de Venise 2016) 7  décembre 2016

Distribution

    •       Amy Adams (VF : Caroline Victoria ; VQ : Viviane Pacal) : Dr. Louise Banks

    •       Jeremy Renner (VF : Jérôme Pauwels ; VQ : Jean-François Beaupré) : Ian Donnelly

    •       Forest Whitaker (VF : Emmanuel Jacomy ; VQ : François L'Écuyer) : Colonel Weber

    •       Michael Stuhlbarg : agent Halpern

    •       Tzi Ma : Général Shang

    •       Mark O'Brien (VF : Sébastien Ossard ; VQ : Gabriel Lessard) : Capitaine Marks