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affiche Pourquoi j'ai pas mangé mon père

Pourquoi j'ai pas mangé mon père

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Un film de Jamel Debbouze ,
Avec Jamel Debbouze , Mélissa Theuriau, Arié Elmaleh,

Genre : Film d'animation
Durée : 1h35
France

En Bref

Le roi des simiens se la coule douce au sommet de son baobab du Pléisto(cène) machin-chose. C’est l’époque où les grands prédateurs montent la garde au pied de l’arbre du monde attendant que tombe le fruit bien mûr, de petits singes tendres à croquer. La planète bleue tourne sur elle-même et la lune lui fredonne quelque rengaine à deux os ! Édouard voit le jour dans cet univers et sa place semble assurée d’avance, il est l’un des jumeaux du roi. Il existe juste un petit problème.

Il est tout riquiqui et maigre comme une branche en hiver. Sa Majesté transgresse le premier commandement du peuple singe, tu ne tueras point l’un des tiens. Il faudra attendre pas mal d’années avant qu’un autre type le reprenne sur une colline, avec à ses pieds une bande de zigotos faisant la nouba. Condamné à être jeté en pâture aux lions, non ça c’est Astérix, Édouard échappe à son terrible destin et se retrouve à squatter un petit bout de l’arbre avec son nouveau pote, un autre marginal autiste. Le monde pourrait continuer des millions d’années sans que rien ne change, sauf qu’un jour nos deux saugrenus débarquent en pleine réunion de prise du pouvoir. La mort du vieux laisse un trône vacant et le retour du fils prodigue risque de foutre un sacré bordel.


Rejeté au pied de l’arbre, cette fois les carnivores auront la peau du maigrichon. Rien ne se passe comme prévu, l’évolution  décide qu’il en sera autrement et que le monde va sacrément se retrouver secoué. D’où l’expression « secouer le baobab » encore usitée de nos jours. Édouard se trouve d’abord une copine, se dresse debout. Il invente le feu, domestique la bête, découvre la peinture, les ombres chinoises, ancêtres du cinéma, et bien d’autres petits riens qui font le grand tout. De retour dans sa tribu en pleine crise, car la sorcière réactionnaire ne voit pas d’un bon œil l’évolution et le changement, Édouard s’en sortira-t-il ? Peut-être avec beaucoup de chance et pas mal de bagou. La question existentielle reste bien de savoir évoluer ou de rester planqué dans son arbre pour ne plus en descendre.

 . Première réalisation de Jamel Debbouze, il arrive sur le projet pour faire une voix, avant de se retrouver propulsé chef d’orchestre de la meute. Le trublion se défend d’être le boss de quoi que ce soit. Il remanie  le projet pour se lancer dans un deal de poids, la motion capture, et donner un sens à l’esthétique et aux dialogues du récit. Le film porte la patte de Jamel, un travail de précision soigné, imposant.

Il s’adresse d’abord à son public, mais vise toute la famille qui acceptera de descendre de son arbre. Il choisit l’animation pour la forme. C’est gonflé, pour les singes nous pensons au travail sur Greystoke repris depuis pour La planète des singes et Pourquoi j’ai pas mangé mon père. Comme il le dit dans l’interview, pas facile de plier les genoux, de mimer nos cousins. C’est pour cela que l’équipe  se compose en majorité de danseurs.

Ils abandonnent leur égo, leur fierté pour ne pas jouer le singe, mais être un singe. Le résultat se voit forcément sur l’écran, il reste donc à donner du sens, du fond à la forme. Adapté du livre de Roy Lewis, c’est d’abord un regard sur l’évolution, la révolution de Lucy l’australopithèque se dressant debout dans la savane pour voir le danger. Pourquoi j’ai pas mangé mon père retrace ensuite les longs bouleversements qui nous amènent à l’Homo Sapiens et les mégalithes. La seconde grande révolution, c’est l'exogamie. Édouard trouve sa compagne hors du clan par un coup de grand vent. Il reprend la théorie de la découverte du feu, un arbre s’enflamme dans la savane et nos deux complices le domestiquent. Il est facile de passer ensuite à la cuisson des aliments. C’est aussi l’outil et l’arc pour se défendre et chasser, la domestication des animaux.

Une fois le nécessaire à la survie acquis, effectuons un pas vers l’art, la peinture, le cinéma, etc. Le film balaye toute l’évolution en reprenant les théories de Stephen Jay Gould en raccourci. L’évolution des espèces se fait brutalement et souvent sur l’effet du hasard, en passant parfois par le plus faible, le marginal. Vous pourrez lire Darwin et les grandes énigmes de la vie, Le Pouce du panda, Quand les poules auront des dents, à compléter par les écrits d’ Yves Coppens. C’est ce qu’un esprit curieux découvrira dans le film en creusant plus le sujet. La force de Jammel Debbouze, c’est bien de jouer avec toutes ces notions et nous les présenter par le biais du rire. De nombreux hommages parsèment le film comme un Louis de Funès vieux et jeune.

C’est un travail considérable où le spectateur reconnait l’artiste à travers ses mimiques et ses répliques, inspirées du vrai personnage. Roy Lewis  à travers son livre et Jammel son film, nous interrogent sur  la société moderne, entre la technique, le progrès, l'éducation, la place des femmes et l'art. Le débat le plus mis en lumière s’avère celui des progressistes (représentés par Édouard) et les réactionnaires (représentés par la sorcière). Il englobe le tout dans un film d’animation réussi, se regardant d’abord comme un bon divertissement sur une période de prédilection, l’origine de l’humanité.

Patrick Van Langhenhoven

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Titre original : Pourquoi j'ai pas mangé mon père

    Titre international : Why I Did (Not) Eat My Father2

    Réalisation : Jamel Debbouze

    Scénario : Jamel Debbouze, Frédéric Fougea, Jean-Luc Fromental, John R. Smith, Rob Sprackling et Olivier de Funès, d'après le roman Pourquoi j'ai mangé mon père (The Evolution Man) de Roy Lewis

    Animation : Carlos Grangel

    Décors : Alexandre de Broca

    Montage : Dorian Rigal-Ansous

    Musique : Laurent Perez Del Mar

    Production : Frédéric Fougea

    Sociétés de production :Boréales, Pathé, Kissfilms, M6 Films et Cattleya

    Sociétés de distribution :  France Pathé Distribution

    Budget : 23 000 000 €

    Pays d'origine : France

    Langue originale : français

    Genre : comédie d'animation

Distribution

    Jamel Debbouze : Édouard Vladimir

    Mélissa Theuriau : Lucie

    Youssef Hajdi : Marcel

    Arié Elmaleh : Ian