Mike vient de perdre un ami de son grand frère Jody. Il ne lui reste plus que son ainé et le marchand de glaces, Reggie comme amis. Depuis l’enterrement, de drôles de choses se passent dans le cimetière de Morningside. Des créatures naines, mini moines encapuchonnés, se glissent dans l’ombre des tombes. Le croquemort Tall Man, le grand homme, vous soulève un cercueil comme Hercule et traficote dans le mausolée au centre du lieu de repos des morts. Mike et Reggie, aidés par Jody, enquêtent sur le mystère qui hante la petite ville perdue. Entre souvenirs, fantasmes, et le moment présent, l’histoire déroule sa trame où l’étrange demeure.
Une sphère de métal douée de sa propre existence, des petits hommes habillés en moine, tout se mélange dans l’esprit du pauvre garçon. Dans ses virées nocturnes, il ne sait plus ce qui relève de ses rêves ou de son imagination. Il existe une certitude, des corps, des gens disparaissent pour un autre monde. Dans leur quête, nos aventuriers du mystère découvrent une porte donnant sur une autre réalité. Le grand homme n’est pas innocent à toutes ces disparitions et semble même en être le chef d’orchestre. Il se pourrait bien que les fantasmes du jeune garçon soient bien plus vrais que l’on ne pense.
Sortie en 1979 Phantasm remporte un succès immédiat auprès des fans du cinéma fantastique. Des films en général autoproduits à petit budget, mais gonflés par leur apport au genre. C’est à cette époque qu’apparaissent des jeunes réalisateurs qui renouvellent le genre. C’est Suspiria de Dario Argento, Zombie de George A. Romero, La nuit des masques de John Carpenter, Chromosome 3 de David Cronenberg et Alien le 8e passager de Ridley Scott émergeant à la toute fin des années 70. Cette vague se prolonge dans les années 80 avec Evil Dead, The Blob, Basket Case, etc. Au départ, le film est produit avec les économies de son père (300 000 dollars), avant que l’on ne s’y intéresse. Si le film pèche un peu dans ses séquences familiales, il trouve pleinement sa force dans deux lieux mythiques, le cimetière et le mausolée.
Phantasm mélange deux genres du cinéma populaire, le fantastique et la science-fiction avec son univers parallèle ou venu d’une autre planète. C’est dans son atmosphère où la mort devient le cheval de Troie pour aborder d’autres thématiques. C’est le poids de la disparition d’un être cher, l’adolescence, la mort et la réalité de ce que nous percevons. Don Coscarelli crée un univers anxiogène réduit à deux lieux marquants de la fin d’une vie, ce qui n’est peut-être pas dû qu’au budget réduit. C’est plus un choix artistique et narratif. Nous retiendrons le personnage du Tall Man, grand corps squelettique, incarnation des angoisses du jeune garçon. Il rappelle la faucheuse des contes de fée ou de nos pires cauchemars. C’est l’idée de la mort frappant à tout instant et sans limite d’âge. La vie devient donc un don précieux dont il faut profiter ici et maintenant. Elle apparaît ouvertement sexuelle sous les traits d’une blonde voluptueuse, incarnée par Kathy Lester. À l’époque, les films fantastiques prenaient souvent les couleurs du sexe comme pas mal de films de Jean Rollin. La boule de métal et ses ergots coupants comme des lames de rasoir deviennent rapidement un objet culte du cinéma d’horreur.
Don Coscarelli nous transporte au cœur de son univers, entre fiction et cette planète, monde parallèle, les enfers que l’on entrevoit. Le réalisateur ne dément pas depuis son sens du visuel aux allures de ténèbres jouant de la lumière et des lieux obscurs pour mieux nous terroriser. La musique entêtante restera dans vos têtes longtemps après la vision de Phantasm. Tout ceci participe à en faire une œuvre majeure du cinéma de genre. Il connaitra quatre suites et une cinquième se balade dans les cartons des studios. La restauration est soignée et parfaite et les bonus nous offrent un voyage pour mieux saisir sa profondeur et son impact sur l’époque.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus :
Interview inédite de 2017 de Guy Astic et Julien Maury (20') - Interview d'époque du réalisateur Don Coscarelli et de l'acteur Angus Scrimm réalisée en 1979 (28') - Intervention d'Angus Scrimm à une Convention en 1989 (10') - Bande-annonce- Galerie de photos
Titre : Phantasm
Réalisation : Don Coscarelli
Scénario : Don Coscarelli
Production : Don Coscarelli et Paul Pepperman
Musique : Fred Myrow et Malcolm Seagrave
Photographie : Don Coscarelli
Montage : Don Coscarelli
Société de distribution : États-Unis Avco Embassy Pictures
Budget : 300 000 $1
Pays d'origine : États-Unis
Langue : anglais
Format : Couleurs - Mono
Genre : Horreur
Durée : 88 minutes
Dates de sortie : 4 juillet 1979
Distribution
Angus Scrimm : L'Homme en Noir
A. Michael Baldwin (VF : Jackie Berger) : Michael 'Mike' Pearson
Bill Thornbury (VF : François Leccia) : Jody Pearson
Reggie Bannister : Reggie
Kathy Lester : Lady in Lavender
Terrie Kalbus : Fortuneteller's Granddaughter
Kenneth V. Jones : Caretaker
Susan Harper : Girlfriend
Lynn Eastman : Sally
David Arntzen : Toby
Ralph Richmond : Bartender
Bill Cone : Tommy
Laura Mann : Double Lavender
Mary Ellen Shaw : Fortuneteller
Myrtle Scotton : Maid