Paris à tout prix

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Un film de Reem Kherici ,
Avec Reem Kherici, Cécile Cassel, Shirley Bousquet,

Genre : Comédie
Durée : 1H35
France

En Bref

Après plusieurs années passées au sein de l’équipe de trublions de “La Bande à Fifi” qui sévissait dans Le grand Journal sur Canal + au milieu des années 2000 et quelques rôles au cinéma, notamment dans OSS 117 : Rio ne répond plus et Fatal, Reem Kherici s’est lancée un défi audacieux:écrire, réaliser et camper le rôle principal d’un long-métrage. L’exercice était périlleux et le sujet choisi, le renvoi des étrangers à la frontière, délicat.

Pour nous conter cette histoire, Reem Kherici a choisi de mettre en scène Maya, une jeune femme à la Gabrielle Sollis dans Desperate Housewives, toujours tirée à quatre épingles, un peu pète sec et légèrement superficielle, propulsée, suite à un contrôle de police, dans un monde qui n’est plus le sien: le bled marocain qu’elle a quitté dix ans plus tôt. Elle y retrouve sa famille, son passé, ses secrets, pour réapprendre d’où elle vient et mieux comprendre où elle va. Dans ce film, dans la veine de Tout ce qui brille, un film de potes qui respire la bonne humeur, on embarque à Paris, dans l’univers ultra bling-bling de la mode où Maya, créatrice dans une maison de couture, nage comme un poisson dans l’eau, avant d’atterrir avec elle dans le Maroc authentique de son enfance.

Reem Kherici se sert de cette situation dramatique pour trousser avec bagout une comédie assez enlevée et rocambolesque, dont l’écriture rappelle les comédies américaines, qui se joue du choc des cultures et des préjugés. Entourée d’un casting judicieux (on apprécie le jeu de Stéphane Rousseau en créateur de mode prétentieux), elle campe cette jeune femme très branchée, écartelée entre son rêve de CDI de styliste et sa réalité brutale d’immigrée sans papier avec une énergie et une conviction touchantes. On passe des défilés haute couture au désert marocain, de la salade allégée au couscous maison, de la haute couture à la djellaba. Au passage, Reem Kherici s’intéresse à la position de la femme moderne face à une culture pétrie de traditions. Car quand elle s’en réfère à son propre vécu et joue la carte intimiste, elle laisse tomber les oripeaux superficiels pour quelque chose de plus profond.

Ceci dit, elle n’évite pas la caricature et les gros clichés mais sa manière de faire, bien rythmée grâce aussi à des dialogues vifs, dégage beaucoup de sincérité. L’actrice-réalisatrice parvient sans trop de mal à rendre son personnage attachant malgré tous ses défauts. Dans la veine de Tout ce qui brille, Paris à tout prix gagne son pari : divertir entre rire et émotion. Reem Kherici nous offre une comédie française qui fonctionne malgré ses imperfections, ce qui est une exception ces dernières années.

Gregory Germanais