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affiche Ouvert la nuit

Ouvert la nuit

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Un film de Édouard Baer ,
Avec Édouard Baer , Sabrina Ouazani, Audrey Tautou,

Genre : Comédie
Durée : 1h37
France

En Bref

Le théâtre est fébrile. Plus que quelques heures pour boucler la générale et Luigi le directeur est introuvable. Nawel son associée et assistante tente tout pour calmer les techniciens réclamant leur salaire et menaçant de cesser le travail. Elle a aussi fort à faire avec le metteur en scène, un vieux Japonais de retour sous les sunlights. Il veut un vrai singe promis depuis longtemps. À deux doigts de la rupture, comme par miracle, Luigi apparaît avec sa bonhomie, son assurance. Baratineur, camelot capable de vous vendre la lune, il calme la foule au bord de la crise de nerfs. Il lui reste une nuit pour trouver le salaire de ses employés et un vrai singe.

Il entraine la petite stagiaire du bar dans une quête surréaliste qui les conduit au cœur de la ville. Au fur et à mesure des rencontres, des folies de la nuit, des bars où la fête danse dans la tête, de la vieille mécène riche au hasard et des petits riens qui donnent espoir. Luigi et Faeza qui en apprendra beaucoup en une nuit sur l’âme des gens et comment diriger un théâtre au bord du gouffre. Nous saurons au petit matin, s’ils ont résolu pour un jour l’affaire ou s’ils ferment boutique pour mener d’autres aventures. Une chose est sûre, Faeza aura progressé au sein du monde et son regard ne sera plus jamais le même, comme le nôtre.


Troisième film d’Edouard Baer, trublion surréaliste à l’humour décapant que nous retrouvons dans cette balade teintée d’autobiographie. La forme pourra déstabiliser certains, mais faire la route en vaut vraiment la peine. Déjà dans « La Bostella » (1999) et « Akoibon » (2005), il livrait une partie de sa personnalité. C’est peut-être son film le plus personnel où le dandy poète narcissique et loufoque se livre le plus. Derrière les mots à fleur de peau, d’âme, nous découvrons un personnage très centré sur lui-même. Il est le réverbère où viennent mourir les éphémères, lumière qui attire sur lui le regard et en fait oublier, comme pour Bukowski, le fond de vérité. Dans cette balade de non-sens, sens dessus dessous, chaotique, c’est d’abord la ville aux lumières des récits de Modiano qu’il affectionne.

Rarement Paris la nuit n’aura été aussi sublimée, filmée de façon magnifique, traversant régulièrement la ville quand le petit jour s’est tu. Je retrouve sa beauté que le poète romantique que j’étais arpentait, cette vision qui n’existait que dans ma tête et que la photographie restitue. Dans le cœur de ce surréaliste qu’est Edouard Baer, elle se confond avec le Paris de la nuit où le cœur de l’humanité bat. C’est les rencontres improbables comme ces clochards, un vendeur de roses, un singe, un dresseur d’animaux, un banquier, un tournage de film et même un bébé. C’est la banlieue où vit le régisseur avec sa tribu venue d’Afrique. Tout un monde s’élance sous la plume et la caméra du réalisateur, scénariste et producteur.

Il en saisit l’essentiel dans une variation que n’aurait pas dénigré André Breton ou Dali. Une folie douce pour arpenter le cœur du monde, un mélange entre cet improbable que crée la rencontre. Tout peut arriver, rien de ce que l’on décide ne se passe comme on le souhaite. Autour de Luigi, personnage haut en couleur, baratineur, gouailleur, manipulateur, menteur sincère, deux femmes apparaissent. Nawel, Audrey Tautou et Faeza, Sabrina Ouazani. Cette dernière trouve un de ses plus beaux rôles et mérite enfin d’être remarquée pour son talent. Elles sont le port où le navire fou peut trouver la quiétude et l’assurance, la femme avec grand F. Elles ne se laissent pas prendre au jeu du trublion, clown en représentation dans cette comédie du monde. Elles savent le ramener à la réalité des choses. Lorgnant vers la comédie italienne, il y a du Marco Ferreri chez Edouard Baer, pas que pour le singe et son adaptation des Contes de la folie ordinaire. Il serait dommage de passer à côté d’un film qui a le mérite de venir du fond du cœur et qu’il faut regarder derrière les apparences.

Patrick Van Langhenghoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


    Réalisation : Édouard Baer

    Scénaristes : Édouard Baer et Benoit Graffin

    Directeur de la photographie : Yves Angelo

    Monteur : Hervé de Luze

    Producteur : Emmanuel de Chauvigny

    Société de distribution : Le Pacte

    Date de sortie : 11 janvier 2017

Distribution

     Édouard Baer : Luigi

    Audrey Tautou : Nawel

    Grégory Gadebois : Marcel

    Sabrina Ouazani : Faeza

    Atmen Kélif : Kamel

    Michel Galabru : Michel

    Lionel Abelanski : Lolo

    Marie-Ange Casta : Clara

    Jean-Michel Lahmi : Théo

    Christine Murillo : Madame Pelissier