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affiche Nous trois ou rien

Nous trois ou rien

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Un film de Kheiron ,
Avec Kheiron , Leïla Bekhti, Gérard Darmon,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h42
France

En Bref

Au fin fond de l’Iran, autrefois l’Empire perse, un jeune garçon d’une famille nombreuse, Hibat, monte à la capitale pour devenir avocat. Notre histoire commence sous le règne du Shah et d’un peuple manifestant contre un régime se souciant peu de lui. Comme de nombreux étudiants, Hibat n’est pas en reste pour se rebeller et souhaiter un avenir meilleur pour son pays. Il finit en prison où les tortures et les humiliations n’arrivent pas à faire plier ce caractère déterminé. Il se retrouve souvent en cellule d’isolement où il résiste jusqu'à sa sortie. Le Shah pense que les contestataires peu nombreux seront moins dangereux dehors. Pour lui, ce ne sont qu’une minorité munie de radio- cassettes avec des bruits de foule. Ils finiront par se fondre dans la masse. Déconnecté de son peuple, il ignore la tempête qui gronde.

Hibat, de nouveau dehors, cherche un local où relancer le cri de la révolte. C’est dans cette quête qu’il rencontre Fereshteh, une jeune femme tout aussi déterminée que lui à changer l’avenir de son pays. Ils finiront par se marier avec le consentement des parents de la belle, ignorant au début l’engagement de leur gendre. Libéré du joug du Shah, le peuple tombe sous la main d’un autre oppresseur encore plus violent, l’ayatollah Khomeini. Habit et Fereshteh choisissent de fuir à travers les montagnes enneigées, les déserts arides pour rejoindre avec le petit Kheiron encore bébé, le pays des libertés, la France. Ils finiront par s’occuper d’un centre social dans un quartier difficile où le parcours de notre contestataire aidera de nombreux jeunes en difficulté et une population souvent abandonnée à retrouver le chemin du bonheur.


Il n’est pas évident, dans un même film, de traiter de critique politique, de survie et d’achever le parcours sur les difficultés des banlieues. Le pari apparait plutôt risqué et le mélange du drame au rire, un exercice de funambule. Il faut un sacré sens de l’ironie pour réussir. C’est bien ce qui guide Nous trois ou rien de Kheiron qui peut se voir comme un conte ironique. Il ne joue jamais la carte du pathos, du larmoyant, il préfère celle de l’espérance, de la joie de vivre, entrainant le spectateur sur ce chemin difficile qui finit par trouver son Eden. Le film commence un peu comme une farce autour d’une famille nombreuse au bout du monde. Nous découvrons ce frère, voleur de vêtements, un tic qui le poursuit presque toute sa vie. C’est avec tendresse et humour que Kheiron trace le portrait de ses oncles et tantes, déjà enfants farceurs.

Le public abandonne bien vite le rire pour se retrouver en pleine révolte d’un peuple s’émancipant du joug d’un Shah en décalage avec la réalité. Il pensait vraiment que la foule des manifestants était plus nombreuse et armée de magnéto cassettes avec des cris de révolte. Nous retrouvons dans cette partie l’humour peut-être iranien jouant sur l’ironie et une réalité, frôlant parfois le surréalisme. Nous pensons au film de Marjane Satrapi Persépolis marqué par la même ironie. Sur la fin de cette partie, c’est à une belle romance que nous invite le réalisateur. Habit et Fereshteh forment un couple idéal, construit sur les moments difficiles de la révolte et de la fuite à travers les hauts sommets enneigés, la tempête, le désert brûlant. Il ne leur sera rien épargné. Le réalisateur filme cette partie sur le suspense d’une séparation, les éléments et le spectateur au milieu s’interrogent sur l’issue de la fuite du pays. Le plan de Leïla Bekhti enveloppée dans une couverture, penchée sur son cheval, le bébé dans les bras est très symbolique. Il rappelle le cinéma biblique ou La prisonnière du désert.

Il s’inscrit dans une culture cinématographique du réalisateur, toujours présente, sans être pesante. La seconde partie s’attache à l’immigration et la difficulté de trouver sa place dans un pays étranger. Comment ces trois vies ou rien trouvent pleinement leur place dans notre société. C’est la vie des quartiers difficiles, un centre social détruit par les jeunes et la parole à restituer aux habitants. Ils devront retrouver le sens du vivre ensemble pour construire un avenir positif, loin des querelles. C’est tout ce travail qui finit par devenir exemplaire et innovant qui servira dans d’autres lieux sensibles. Nous trois ou rien nous rappelle combien l’immigration devrait être une chance.

C’est ce brassage des identités qui construit une société solide sur le partage, l’échange pour bâtir un avenir meilleur. Dans ce coin perdu de la ville de Pierrefitte, la parole retrouve le chemin des cœurs. Kheiron s’appuie sur des personnages hauts en couleur, que les acteurs endossent avec talent, de Gérard Darmon, Zabou Breitman les parents de Fereshteh, en passant par Michel Vuillermoz,  le maire de Pierrefitte, émouvant. Tous finalisent cette touche où l’optimisme gagne la partie sur les jours sombres. Pour son premier film, Kheiron nous dévoile une belle fable, biographie humaniste, et un vrai tempérament de réalisateur que nous espérons retrouver. 

Patrick Van Langhenhoven

Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 1.85, Format DVD-9
Langues Audio : Audiodescription (pour malvoyants) Français Dolby Digital 2.0,5.1
Sous-titres : Anglais
Edition : Gaumont vidéo

Bonus

Commentaire audio de Kheiron

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  • Bande-annonce

  Titre : Nous trois ou rien

    Réalisation : Kheiron Tabib

    Scénario : Kheiron Tabib

    Décors : Stanislas Reydellet

    Costumes : Karen Muller Serreau

    Photographie : Jean-François Hensgens

    Son : Frédéric de Ravignan

    Montage : Anny Danché

    Production : Simon Istolainen, Benjamin Drouin

        Production exécutive : Frantz Richard et Nabil Ayouch

    Sociétés de production : Adama Pictures, Ali n' Productions2, Gaumont3, M6 Films3

    Société de distribution : Gaumont Distribution

    Budget : 7 000 000 €3

    Pays d'origine : France

    Langue originale : français

    Genre : comédie dramatique

    Durée : 102 minutes4

    Date de sortie : 4 novembre 20151

Distribution

     Kheiron : Hibat Tabib

    Leïla Bekhti : Fereshteh Tabib

    Gérard Darmon : le père

    Zabou Breitman : la mère

    Alexandre Astier : le Shah

    Kyan Khojandi : Barbe

    Michel Vuillermoz : Daniel Bioton

    Jonathan Cohen : Chokri

    Ériq Ebouaney : Adama

    Carole Franck : Catherine Hanriot

    Camélia Jordana : Maryam

    Arsène Mosca : le gardien en chef