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affiche Nous les gosses

Nous les gosses

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Un film de Louis Daquin ,
Avec Louise Carletti, Raymond Bussières, Gilbert Gil ,

Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h30
France

En Bref

C’était l’époque du Front populaire et d’une France pleine de promesses avant que ne tonne le canon.

Deux bandes de marmots, une fois l’école finie, se lancent des défis pour s’affronter dans un remix de western réinventé. C’est une diligence imaginaire attaquée par des bandits. On rit, on s’amuse, on se dispute la gloire et l’honneur dans un temps possédant encore du cœur. Dans la cour de récréation, ils jouent au ballon et parfois cassent des carreaux. L’un d’entre eux éclate la belle verrière de l’école et se retrouve puni. Le pauvre fils d’ouvrier besogneux, élève chahuteur et souvent réprimandé, doit payer la réparation bien au-delà de ses moyens. Dans un élan de solidarité, les deux bandes rivales s’assemblent pour trouver la meilleure façon de gagner l’argent nécessaire. On cire les chaussures des bourgeois, on chante dans la rue, on vend du muguet, on casse sa tirelire, etc. Chacun trouve de quoi d’aider ce plus faible pour qu’il s’en sorte. Deux mauvais garçons arnaqueurs volent la recette et tous les espoirs des minots. Face aux adultes, les enfants feront front et remporteront peut-être la victoire.


Nous les gosses est peut-être un film sur l’enfance dans la lignée des Disparus de Saint-Agil de Christian Jacques en 1938, La guerre des boutons d’Yves Robert en 1962, Les Choristes plus récemment. C’est un film sur une bande de mômes apprenant la dure réalité du travail et de l’entraide pour sauver un copain de la maison de correction. On peut aussi trouver dans celui-ci, avec sa date de sortie décembre 1941, un récit appelant à la résistance en pleine guerre. Souvent, à cette époque, le cinéma nous racontait parfois tout autre chose. C’était une manière de contourner la censure et l’Occupation.

On remarquera les jeunes comédiens espiègles et déjà cabotins pour certains. Le grand Dédé, devenu tellement cabot, sera rétrogradé du premier rôle à la figuration. Suite à l’annonce pour recruter la bande de chenapans, les producteurs auront le droit à quelques propositions comme : « Prenez mon petit René et vous aurez du beurre sans ticket... je suis crémière » et « Jetez un œil favorable sur Henriette et je vous apporte un beau gigot, mon mari est boucher »... En temps de guerre, un gamin comédien, ça mettait du beurre dans les épinards !

 C’est d’abord un regard sur l’enfance et le monde des adultes. C’est une thématique chère au cinéma que Louis Daquin exploite sous tous les angles. Le film s’ouvre sur des gosses s’amusant déjà à singer l’univers des grands. Tout au long du récit, c’est la fraicheur, l’innocence de l’enfance face à un monde d’adultes déjà pervertis. La confrontation atteint son sommet avec les deux mauvais garçons prêts à tout pour s’en sortir. Nous pourrions voir peut-être une image de la collaboration. À l’inverse, le maitre d’école et la police peuvent évoquer avec les enfants une certaine image de la résistance. Louis Daquin, communiste convaincu, sur un texte de Marcel Aymé en profite pour faire passer ses idées de solidarité, cruciales à l’époque. Le cinéma a une place importante avec le sacrifice du billet pour la séance de La dame aux camélias. Un enfant est désigné pour  le voir et le raconter à ses camarades au cas où les parents auraient la mauvaise idée de réclamer le récit. Il en fera plus tard une version particulière, très western, pour sa famille.

 On demandera aux auteurs de rajouter une histoire d’amour assez secondaire. Nous les gosses annonce un grand cinéaste que cette sortie DVD avec Premier de cordée en 1944 sortira de l’oubli. Assistant de Jean Grémillon, il en garde une certaine esthétique réaliste, proche parfois du fantastique. Cette réalité se retrouve chez les parents ouvriers. En une séquence brève, il dénonce toute la difficulté d’une classe. Il n’est pas dénué d’une part d’imaginaire avec le libraire détective qui pourrait se retrouver dans les romans de Marcel Aymé. L’œuvre de Louis Daquin gagne en lyrisme par la suite avec Les Frères Bouquinquant (1948), son chef-d’œuvre. Il continue de tourner jusqu’en 1969. La sortie en DVD restauré est l’occasion de revoir le film et de mieux comprendre notre patrimoine cinématographique.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format respecté 1.37, BD-50, Noir et Blanc
Langues Audio : Français DTS 2.0 mono
Sous-titres : Audiodescription (pour malvoyants)
Edition : Pathé Vidéo

Bonus:

Entretiens autour du film avec Thomas Baurez et Jonathan Broda (23')

Actualités Pathé d'époque :

- Allocution du Maréchal aux écoliers français (2'30")

- Vichy : Dessins d'enfants adressés à Pétain (1')

- À Paris, au Centre d'éducation professionnelle (1')

 Les bonus nous montrent la place de l’enfant en pleine guerre 39-45 et le culte du Maréchal Pétain. Ils sont complétés par un entretien de deux spécialistes du cinéma qui nous éclaire sur le film et la place de Louis Daquin dans l’histoire du cinéma. C’est une fois de plus un travail sérieux et précis que nous offre Pathé.

Titre : Nous les gosses

    Réalisation : Louis Daquin

    Scénario : Gaston Modot et Maurice Hiléro

    Adaptation : Louis Daquin et Marcel Aymé

    Dialogues : Marcel Aymé

    Photographie : Jean Bachelet

    Décors : Lucien Aguettand

    Musique : Marius-François Gaillard

    Directeur de production : Jean Faurez

    Société de production : Pathé Consortium Cinéma

    Pays : France

    Format : Son mono - Noir et blanc - 35 mm - 1,37:1

    Année : 1941

    Genre : Comédie dramatique

    Durée : 95 minutes

    Date de sortie : 2 mars 1941

Distribution

     Louise Carletti : Mariette Roset

    Gilbert Gil : M. Morin, l'instituteur

    André Brunot : Le commissaire

    Marcel Pérès : Victor Lemoine, le père de Nicolas

    Louis Seigner : Le directeur de l'école

    Anthony Gildès : Le père Castor

    Léonce Corne : M. Briochet, l'ami de la famille

    Martial Rèbe : Le père de Fernand

    Madeleine Geoffroy : La mère de Fernand

    Jeanne Pérez : La mère de Jeannot

    Henry Darbray : Le client radin à la terrasse du café

    François Viguier : Le mendiant

    Émile Genevois : Gros Charles

    Lucien Coëdel : Le père de Jeannot

    Robert Arpin : Gégène, le neveu du père Finot

    Serge Bedez : Un gamin

    Jean Buquet : Tom Mix

    Jean-Marie Boyer : Lucien Collard

    Liliane Barnassin : Une gamine

    Bernard Daydé : Doudou

    Jean-Pierre Geoffroy : Pierrot Roset, le jeune frère de Mariette

    Henri Legoullon : Fernand

    André Lancel : Jeannot

    Jean Samson : Robert

    Raymond Bussières : Gaston

    Pierre Larquey : le père Finot

Acteurs non crédités

     Paul Frankeur : Le secrétaire du commissaire

    Jean Clarieux : Un agent

    Franck Maurice : Un agent

    Lucy Kieffer : Mme Lemoine, la mère de Nicolas

    Michel Dancourt : Nicolas Lemoine

    Marcelle Suire : Georgette, une gamine

    Liane Daydé : Une gamine

    Montgomery : Gilbert, un gamin

    Renée Thorel : La dame charitable

    André Zibral : Le professeur grincheux

    Geneviève Cadix : Mélie, une gamine

    Antonin Baryel : Le camelot bègue

    Jane Pierson