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affiche Neruda

Neruda

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Un film de Pablo Larraín ,
Avec Luis Gnecco, Gael García Bernal, Mercedes Morán,

Genre : Historique
Durée : 1h48
Chili

En Bref

« Il meurt lentement — Celui qui ne change pas de cap — Lorsqu’il est malheureux — Au travail ou en amour, — Celui qui ne prend pas de risques — Pour réaliser ses rêves — Celui qui, pas une seule fois dans sa vie, — N’a fui les conseils sensés — Vis maintenant. — Risque-toi aujourd’hui » Pablo Neruda

A la fin des années quarante, la guerre froide gagne aussi le Chili. Le sénateur poète, Pablo Neruda, fervent partisan du communisme, dénonce dans un violent discours la politique du président Videla. Ce dernier réclame sa destitution et lance une vaste vague de répression sur tous les partisans communistes du pays. La police envahit les rues et conduit les sympathisants et partisans dans un camp au cœur du désert, dirigé par un certain Pinochet. Que doit faire Pablo Neruda, se laisser enfermer et composer dans l’ombre des geôles un poème à la liberté et la répression ? Le poète doit-il s’enfuir à l’étranger pour mener le combat ? Il choisit de prendre le maquis et de mener la vie dure au gouvernement en dispersant comme une tempête des mots ! Il passe des salons cossus de la bourgeoisie rouge se noyant dans les fêtes baroques et costumées à l’ombre des chambres perdues et des mansardes où l’invitent ses compagnons de misère. Il hante les bordels où Oscar Peluchonneau, fils d’une prostituée, le traque. Il s’offre l’ironie masquée d’un pas de danse avec son chasseur. Sa silhouette se retrouve sur les berges du port de Valparaiso, dans la neige de la sierra chilienne, au sommet des montagnes, dans le vent où la parole ricoche, toujours aussi vivace. Vidal lance un de ses meilleurs inspecteurs, un muet obsédé par la traque du grand homme. Il s’imagine fils du grand Peluchonneau, créateur de la police chilienne. Entre les deux hommes, un étrange lien se tisse. Neruda, lecteur passionné de polars, sème des romans policiers à l’intention de l’inspecteur. Il grave les traits mortels de la poésie en guise de dédicace comme des indices à sa longue errance.


« Parmi les étoiles admirées, mouillées — par des fleuves différents et par la rosée,  — j’ai seulement choisi l’étoile que j’aimais — et depuis ce temps-là je dors avec la nuit. » Pablo Neruda

Pablo Larraín  réussit la magie du verbe, de l’imaginaire et de la réalité déjà entraperçus sur ses œuvres précédentes. Il choisit la voie du fantasme, entre la réalité de l’histoire et la fiction où la poésie devient le centre du récit. Il imagine un flic réunissant toutes les figures de cette police qui traque le poète. Il montre un homme brillant, maniant la parole comme un glaive pour pourfendre la tyrannie. Les mots, comme un chœur antique, scandent l’espoir et le désespoir en une utopie du bonheur. L’espace devient celui des villes et des campagnes chiliennes, des salons bourgeois où se perd Neruda, partisan privilégié. C’est par exemple, cette magnifique scène où une femme du peuple qu’il chante lui fait remarquer qu’il ne risque pas la même condamnation. Il ne connaitra pas la folie de la répression et la chaleur étouffante des camps.

Dans ces camps, un certain Pinochet, ombre grandissante, se prépare pour le pire. La poésie et les pamphlets moqueurs se mélangent à la sexualité du poète, noyés dans les bordels du pays. Autre scène émouvante, un travesti raconte sa rencontre où le chant et la poésie entament une conversation que le policier ne comprendra jamais. L’image a la couleur chaude des maisons où se réfugie Neruda et celle des montagnes, ports ou villages où erre le poète en quête d’espérance. La traque n’est plus une fuite, mais un combat pour la liberté des peuples. Luis Gnecco compose un Neruda magnifique, à la fois statue déifiée, poète immense, comme Victor Hugo, au pied fragile. Face à lui, sa femme, jouée par Mercedes Morán, artiste peintre sacrifiée à la cause plus grande que l’amour. Dans la sa rencontre avec Oscar Peluchonneau, le réalisateur livre l’âme du récit. Gaël García Bernal offre une de ses plus belles prestations, narrateur et témoin, pathétique et chasseur carnassier prêt à fondre sur sa proie, jusqu’au-boutiste. Il ne faut pas oublier les lieux et paysages, comme un écho à l’âme d’un pays et aux mots du poète. Entre Jorge Luis Borges, prince de l’imaginaire, polar noir, et poésie, Pablo Larraín  compose une ode à Pablo Neruda. Il transforme le réel pour mieux le recomposer dans une fable humaniste comme il les aime.

« Idéalisme et réalisme, - je vous aime, comme l’eau et la pierre vous - êtes parties du monde, - lumière et racine de l’arbre de la vie. - Non, ne me fermez pas les yeux. - lorsque j’aurai cessé de vivre, » Pablo Neruda

Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
4
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35, Format DVD-9,
Langues Audio : Dolby Digital : Espagnol 2.0, 5.1, Français 5.1
Sous-titres : Français
Edition : Wild Side

Bonus:

Bonus : C’est l’occasion de découvrir un bel entretien avec Alain Sicard, spécialiste de l'oeuvre de Neruda (30'). Il nous permet de mieux comprendre l’impact de sa poésie et de ses textes sur le cœur du film. Plus classiques, les petites capsules de l'équipe du film (6') vous donneront une idée de la façon dont chacun s’est emparé de son personnage. Exclusivité Blu-Ray Making of 40 mn

Titre français : Neruda

    Réalisation : Pablo Larraín

    Scénario : Guillermo Calderón

    Musique : Federico Jusid

    Photographie : Sergio Armstrong

    Montage : Hervé Schneid

    Décors : Estefania Larraín

    Pays d'origine :  Chili /Argentine / France /  Espagne / États-Unis

    Langues originales : espagnol et français

    Genre : biographie

    Dates de sorties : 13 mai 2016 (Festival de Cannes), 4 janvier 2017

    Sortie Vidéo:      31 mai

Distribution

    Luis Gnecco (VF : Hervé Pierre) : Pablo Neruda

    Gael García Bernal (VF : Jean-Christophe Dollé) : Oscar Peluchonneau

    Alfredo Castro (VF : Alain Lenglet) : Gabriel González Videla

    Mercedes Morán (VF : Sylvia Bergé) : Delia del Carril

    Pablo Derqui (VF : Arnaud Bedouët) : Víctor Pey

    Marcelo Alonso : Pepe Rodríguez

    Alejandro Goic : Jorge Bellet

    Michael Silva (VF : Félix Lebert-Kysyl) : Alvaro Jara

    Jaime Vadell (VF : Georges Claisse) : Arturo Alessandri Palma

    Antonia Zegers