Maria by Callas

___

Un film de Tom Volf ,
Avec Maria Callas, Fanny Ardant ,

Genre : Biographique
Durée : 1h53
France

En Bref

La voix de la Callas se mélange à celle de Maria pour nous emporter sur les traces d’une petite fille de 13 ans que la musique entraine vers les sommets. Une vieille interview exhumée nous sert de fil rouge pour remonter le temps et porter le voyageur sur la route de la Diva. Tout commence par une demoiselle qui rêvait peut-être de ciel bleu et de princesses. Poussée par ses parents, elle se lance dans le chant. Elle sait que chaque soir se trouve, au cœur de la musique, le cœur des notes. Elle ignore encore que derrière le travail acharné, se cache la naissance, se cache une déesse. Elle grandit, oubliant le piano pour modeler sa voix, la façonner et la porter dans un Olympe encore jamais égalé. Elle possède une volonté profonde à pousser son art aux extrêmes. Elle travaille sa voix sans cesse, sans repos, écoutant même les autres chanteuses pour parfaire la note. Elle continuera à écouter les autres chanteuses lors de la création d’un opéra. C’est sans doute ainsi qu’elle devient celle qui emporte vers le haut, tout en se fondant dans la tonalité globale. La voix devient magique par la transformation du don par le travail jusqu’à sculpter une jeune chanteuse lyrique douée en bien plus qu’une Diva, une déesse. Elle atteint une harmonie que personne n’a encore réussi à trouver, la parole est claire et le chant vibrant sans être forcé. La diva peut affronter le monde qui l’encense, la porte en son cœur comme une prière. Elle devient déesse.

Pour rien au monde ses adorateurs ne manqueraient un de ses concerts. Ils font la queue des jours avant pour savourer ce moment unique et magique. C’est la Callas que dévoile Tom Volf à travers des extraits inédits qui viennent former plus qu’un documentaire, l’histoire d’une vie. En déroulant le fil d’Ariane, c’est une biographie composée de parcelles de vérité, extraits de concerts, rencontres, archives intimes qui nous éclairent la route. Maria by Callas se transforme en une sorte d’autobiographie d’un genre nouveau, ni fiction, ni documentaire, mais une glanée des nombreux documents que nous possédons d’elle. L’Italie ne lui pardonne pas l’annulation d’un concert, la voix fatiguée n’en pouvant plus de clamer son amour au public, la chanteuse terrifiée à l’idée de ne plus pouvoir donner le meilleur.

Des années plus tard, sur la fin, la France applaudira dans des circonstances semblables. L’incompréhension des uns, les journaux à scandale ne pardonneront pas cette faiblesse. La France comprend que derrière la Diva, la Callas, se cache une femme, Maria. Maria, l’autre voix qui se mêle à celle de La Callas, la femme et ses espérances, ses amours, ses choix. Nous pénétrons dans le secret de la diva à travers cette interview oubliée et des extraits plus intimes relevant d’un travail énorme. Le film nous dévoile une femme fragile, secrète, amoureuse jusqu’au bout. C’est une femme brisée par un premier mari avide, grisé par son succès. Elle est brisée une seconde fois par un homme qu’elle aime, Onassis. Il se marie (avec Jackie Kennedy) sans le lui dire. Elle apprendra par les journaux le mariage de celui pour qui elle aura sacrifié une part de La Callas. Pour mieux comprendre Maria et La Callas, c’est une troisième voix qui vient rejoindre le concert. Celle de Fanny Ardant, voix magique et particulière qui finit par devenir celle de Maria, La Callas. Elle lit les lettres de Maria avec tellement de conviction qu’elle finit par devenir la sienne.

Elle nous montre une fois de plus qu’elle aussi, dans un autre milieu, est une Diva pour parvenir à une telle harmonie. Les trois voix forment un tout qui devient une vie et nous aide à mieux comprendre la création et la douleur d’un être exceptionnel. Pour réussir ce tour de force, Tom Volf parcourt le monde et rencontre les derniers survivants pour recueillir la substantifique moelle et construire cette alchimie merveilleuse. Maria by Callas est un voyage qui peut se faire seul ou en famille, mais qui vous dévoilera l’âme de l’une des dernières Divas. Il n’est nul besoin d’aimer ou non le chant lyrique. C’est bien autre chose qui se dégage des airs que Tom Volf a eu l’intelligence de laisser s’égrener jusqu’au bout. Ils renforcent l’histoire et lui donnent du relief, nous permettant de mieux comprendre la magicienne devenue Diva.

Patrick Van Langhenhoven