Un beau jour, Chiara lassée de s’entendre dire : « joue plutôt façon Mastroianni que Deneuve », crie : « Marceeeello ! » comme dans La Dolce Vita dans la fontaine de Trevi. Bousculée dans sa propre vie, elle décide d’endosser le costume de son père, surprenant ses amis. Catherine, sa mère, voit dans cette métamorphose une lubie de gamine. Cela n’étonne pas son ex-mari, Benjamin Biolay mais ça inquiète son ami d’enfance, Melvil Poupaud. Fabrice Luchini en profite pour devenir son meilleur ami. Il a toujours rêvé de tourner avec Marcello Mastroianni. Chiara erre dans la ville et ailleurs, dans une balade en quête de souvenirs d’enfance, rejouant parfois quelques scènes de films mythiques de son père. C’est la longue errance, crise identitaire, quête d’un passé révolu, métamorphose où le féminin et le masculin se perdent dans une image sublimée. C’est à la fois tout cela et bien plus, qui conduit Chiara-Marcello sur les rives de la Méditerranée pour retrouver le chemin de Chiara.
Dans l’esprit de Jacques Demy, source d’inspiration pour Christophe Honoré, Marcello Mio déploie un voyage identitaire savoureux. Chiara Mastroianni se prête volontiers, avec tendresse, à ce jeu de mascarade, à ce changement de peau. Le film est une fiction s’amusant de cette confusion des genres et de la filiation où le « faux devient vrai et où le vrai porte-à- faux », selon le réalisateur. C’est un film universel car chacun s’est entendu dire, au cours de sa vie, tu ressembles à ton père, à ta mère. Chacun porte en soi la fragile lignée qui le construit chaque jour. C’est un sujet qui nous touche tous. Il se double avec Chiara de l’identité masculine et féminine.
C’est une façon pour Christophe Honoré d’explorer ce qui nous construit de jour en jour, jusqu’au dernier souffle. C’est une balade sur les pas d’un acteur mythique, entre souvenirs de tournage et échos plus personnels, mais toujours liés au vrai et faux. Chiara parcourt la route nous livrant des moments intimes, délicats, des petites perles d’un bonheur personnel partagé. C’est plus un bain de jouvence pour mieux renaitre qu’une imitation du père. Nous apprenons qu’elle écoutait les vocalises de La Callas qui habitait l’appartement du dessous. Le spectateur finit par confondre la réalité et la fiction. Marcello Mio prend parfois des airs de comédie italienne. Est-ce que le sujet du film ne serait pas comment transformer sa vie en comédie ?
L’onirisme et la fiction se confondent, la réalité finit par nous échapper. Les acteurs effectuent un tour de force en jouant leur propre rôle, sur la partition de Christophe Honoré. Seul Hugh Skinner, dans le rôle de Colin, est une version idéalisée de l’amour. Il est bien plus difficile à un comédien de jouer un personnage qui n’est autre que lui-même. C’est un hommage à la fois à Marcello et Chiara Mastroianni, à une famille à la carrière exceptionnelle. C’est un magnifique travail de composition d'actrice peu évident. C’est le cœur du métier de comédien que d’endosser des personnages, des vies qu’il faudra abandonner plus tard. Marcello Mio est un beau voyage, tendre, dévoilant et confirmant une comédienne de grand talent, Chiara Mastroianni.
Patrick Van Langhenhoven
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :
Titre : Marcello mio
Réalisation et scénario : Christophe Honoré
Photographie : Rémy Chevrin
Montage : Chantal Hymans
Son : Guillaume Le Braz
Costumes : Pascaline Chavanne
Décors : Jérémy Streliski
Chanson originale : Alex Beaupain
Production : Philippe Martin et David Thion
Sociétés de production : Les Films Pelléas ; France 2 Cinéma (coproduction française) ; Bibi Film et Lucky Red (coproductions italiennes)
Sociétés de distribution : Ad Vitam Distribution (France) et Lucky Red (Italie) ; A-Z Films (Québec)
Pays de production : France, Italie
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : comédie dramatique
Durée : 120 minute
Date de sortie : 21 mai 2024 (Festival de Cannes et sortie nationale)
Distribution Chiara Mastroianni : elle-même / Marcello Mastroianni
Catherine Deneuve : elle-même
Nicole Garcia : elle-même
Fabrice Luchini : lui-même
Benjamin Biolay : lui-même
Melvil Poupaud : lui-même
Hugh Skinner : Colin
Stefania Sandrelli : elle-même