François vit heureux en couple avec Sophie. Ils viennent de passer un nouveau cap dans leur histoire avec bientôt un nouveau venu au sein du foyer. C’est l’heure de s’interroger sur les liens familiaux et plus particulièrement la paternité pour François. Français d’origine chinoise, il a coupé les ponts avec son père depuis dix ans. Il est peut-être temps de revenir aux sources dans le vieux quartier du Chinatown du treizième arrondissement de Paris. Il est poussé par son ami et complice Bruno. Ce dernier remarque la belle Lisa, la cousine de François. La famille l’accueille à bras ouverts comme s’il venait de quitter la pièce. Les retrouvailles sont chaleureuses et pleines de promesses sauf pour un individu, son père. Ce dernier l’ignore et garde le même mutisme qu’à son départ. La route semble longue pour regagner le cœur de son géniteur et pleine d’embuches. Il peut compter sur Sophie, Bruno et le reste de la famille. La grand-mère lui sera d’un grand secours contre cette tête de cochon, comme elle dit.
La première comédie presque cent pour cent asiatique donne la parole à de jeunes comédiens pleins de talent, issus de la communauté. Il serait enfin temps de sortir de l’air des béni-oui-oui. Made in china gagnerait à ne pas se préoccuper du 20 h 30 et du politiquement correct. En creusant son sillon et sa galerie de personnages dans une ambiance moins bon enfant, elle prendrait de la hauteur. Calibrée pour le prime time pour ne pas choquer la ménagère de plus de cinquante ans, elle reste consensuelle. Au pays de « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil », elle ne dépareille pas.
Dommage, les figures centrales de François, Sophie et du père méritaient un travail en profondeur dénonçant la discrimination et le poids de l’indifférence. C’est bien ensemble, en se comprenant, en partageant nos différences que nous avancerons vers un monde meilleur. Made In China dévoile, à travers ses poncifs, une communauté beaucoup plus riche que les images stéréotypées qu’on lui prête. En évitant la carte du politiquement correct, elle se plaçait sur le haut du panier. On attendait le pendant de Crazy Rich Asians version française. Nous espérions plus une critique dans l’esprit de 2017, du clip asiatique de France dénonçant les préjugés dont est victime cette communauté. Sophie, future mère, est un personnage sacrifié au couple mixte, prétexte pour renouer avec son passé.
François, notre guide, ne nous entraine pas dans un voyage en profondeur à la découverte d’une communauté plus riche. Made In China ressemble à une comédie en demi-tons, ni drame ni éclats de rire avec souvent des blagues éculées. Elle passe souvent à côté des pistes pour creuser son sillon comme François photographe ne prenant que des silhouettes de dos. Le rapport au père comme au reste de la famille manque de consistance. Il reste un film sympathique, calibré pour le prime time et les bénis oui oui de notre société. Il serait peut-être temps de revenir à un monde moins calibré et plus réaliste que cette utopie du « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil ».
Patrick Van Langhenhoven
Titre Made In China
Réalisation : Julien Abraham
Scénario et dialogues : Frédéric Chau, Kamel Guemra et Julien Abraham
Producteur délégué : Florent Genetet-Morel
Productrice déléguée : Sandra Karim
Directrice de la photographie : Julien Meurice
Montage : Scott Stevenson
Décors :
Costumes : Pauline Berland
Son :
Mixage : Lionel Guenoun
Musique : Quentin Sirjacq
Attaché de presse : Dominique Segall
Sociétés de production : Montauk Films, Riplay Films
Société de distribution : Mars Films
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : comédie
Durée : 1h28
Date de sortie : 26 juin 2019
Distribution
Frédéric Chau : François
Julie de Bona : Sophie
Medi Sadoun : Bruno
Steve Tran : Félix
Mylène Jampanoï : Lisa
Clémentine Célarié : Annie
Li Heling : Tante Fa
Bing Yin : Meng
Xing Xing Cheng : Grand Ma Bin
William Taing :